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Actualités - OPINION

Redurcissement larvé, après Charm el-Cheikh

En arc de cercle, un pas en avant, deux en arrière ou de côté. L’art diplomatique bien maîtrisé permet d’évoluer gracieusement sur scène (régionale), en oscillant entre le tango et la valse-hésitation. On apprend ainsi, avec un peu de surprise quand même, que, tout compte fait, la proclamation tripartite de Charm el-Cheikh est à prendre avec des réserves. En effet, selon des sources fiables, il n’y a pas eu de véritable accord entre le président Moubarak d’Égypte, le prince Abdallah d’Arabie saoudite et le président Assad de Syrie sur le thème de la violence. Le rejet commun de toute forme de violence reste donc d’ordre général. Vague par définition, ou par manque de définition, cette réprobation nécessite une interprétation de sens. Ce qui veut dire que chacun des trois participants aborde la question sous un angle distinct, pour ne pas dire opposé. Il s’agit en effet de savoir si la récusation déclarée équivaut à une condamnation des attentats-suicide, jusque-là glorifiés par certains comme étant des opérations de martyrs. Ou encore si elle signifie que l’intifada doit sinon cesser, du moins se limiter aux territoires palestiniens occupés. Cela dans l’esprit initié sur un autre front par les arrangements d’avril 1996 qui cadraient le conflit à l’intérieur du Liban-Sud. En interdisant les actions contre les civils. La Syrie quant à elle a fait savoir, pour lever toute équivoque, qu’elle continue à soutenir à fond la résistance palestinienne, quoi qu’il puisse lui en coûter. Précision fournie après le sommet par le président Assad. Qui a ajouté que son pays ne s’incline pas devant la répartition des rôles régionaux que d’autres veulent lui dicter. Dans le même sens, le ministre syrien des Affaires étrangères, M. Farouk el-Chareh, a répété lors de sa récente visite à Beyrouth que la résistance doit se poursuivre tant que l’occupation israélienne perdure. Il a à la fois soutenu que l’initiative (de main tendue) arabe adoptée au sommet de Beyrouth reste l’unique référence et qu’il n’existe pas de climat de paix dans la région. Les Arabes divergent en réalité sur le point de savoir si les opérations-suicide à l’intérieur d’Israël même sont de bonne guerre ou non. Les Palestiniens eux-mêmes sont divisés à ce propos. Le président Arafat a maintes fois appelé à l’arrêt de toute action visant les civils israéliens ou palestiniens. Il a demandé que cessent les attaques à l’intérieur d’Israël, en exigeant évidemment le retrait de l’armée israélienne des agglomérations palestiniennes et la fin de ses agressions. Mais ces prises de position du chef de l’Autorité palestinienne ont toujours été condamnées par les organisations radicales comme le Hamas, le Jihad islamique ou le FPLP. Voire même par l’aile dure du Fateh. Seuls les États-Unis peuvent dégager la tourbière par un effort soutenu. Sans quoi le processus prendrait encore des dizaines d’années. C’est ce dont le président Assad, disent les sources citées, reste convaincu. Tout en estimant que la proposition américaine d’une conférence internationale est une fausse bonne idée. Car les principes de base ayant déjà été jetés à Madrid, une telle réunion ne constituerait qu’une perte de temps. Pour sa part, l’ancien président américain Carter, qui vient de beaucoup faire parler de lui à travers sa visite à Cuba, écrit dans un article sur le Moyen-Orient que les USA doivent utiliser deux instruments pour imposer leur médiation. Le premier serait d’interdire à Israël d’utiliser des armes américaines autrement que pour se défendre, comme l’avait fait le président Nixon en 73 pour empêcher Sharon (toujours lui) de percer en direction de l’Égypte. Le deuxième moyen, selon M. Carter, serait de menacer Israël de lui couper des lignes de crédit de dix milliards de dollars, comme Bush le père l’avait fait avec Shamir pour l’obliger à participer à Madrid. Émile KHOURY
En arc de cercle, un pas en avant, deux en arrière ou de côté. L’art diplomatique bien maîtrisé permet d’évoluer gracieusement sur scène (régionale), en oscillant entre le tango et la valse-hésitation. On apprend ainsi, avec un peu de surprise quand même, que, tout compte fait, la proclamation tripartite de Charm el-Cheikh est à prendre avec des réserves. En effet,...