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Actualités - CHRONOLOGIE

JUSTICE - Le procureur près la Cour de cassation dresse le bilan des activités de la police judiciaire Addoum déplore l’absence de coordination entre les services de sécurité

Le procureur général près la Cour de cassation, Adnane Addoum, a déploré l’absence de coordination entre les services de sécurité. Le magistrat, qui a tenu hier une conférence de presse pour exposer le bilan des activités de la police judiciaire, a exprimé son ras-le-bol devant la multiplication des services qui enquêtent sur un même dossier, reprochant à ces organismes de prendre l’initiative de se lancer dans des investigations sans en référer au parquet. Dans son bureau au palais de justice, M. Addoum a présidé dans la matinée une réunion des chefs des différentes divisions de la police judiciaire. Le principal objectif de la réunion, a-t-il précisé plus tard à la presse, était de discuter de l’enchevêtrement des prérogatives mais l’assemblée a été mise à profit pour évaluer l’action des unités de la PJ au niveau de la lutte contre la criminalité. « La multiplication des services qui enquêtent sur un même dossier est en train de créer une concurrence entre les services de sécurité qui finissent par se neutraliser. Lorsqu’un département mène une enquête et qu’un autre intervient pour entendre un témoin ou un suspect dans la même affaire, il entrave et paralyse l’action menée par le premier. Il rend aussi difficile la poursuite des investigations en entraînant, par exemple, la perte de preuves ou d’indices précis. Notre souhait est que personne n’ouvre une enquête sur un crime déterminé, s’il n’y a pas de flagrant délit, sans en référer au parquet », a déclaré M. Addoum. Il a insisté sur le fait que c’est le procureur général qui ordonne ou autorise l’ouverture d’une enquête et que le parquet doit être régulièrement notifié de toutes les étapes des investigations, une fois le feu vert à une enquête donné. « Aucun autre service ne peut intervenir dans une affaire déterminée, même si la loi l’y autorise d’un point de vue théorique, sauf si le parquet le lui demande. Ceci est fondamental pour élucider les circonstances d’un crime », a-t-il fait valoir. Le procureur général s’est attardé sur un autre point : les abus au niveau des prérogatives. « Nous constatons que les unités de la police judiciaire entreprennent parfois des actions qui dépassent le cadre de leurs prérogatives et de leur domaine, ce qui est aussi à l’origine de nombreux quiproquos », a-t-il déclaré soulignant la nécessité d’une coordination et reprochant aux parquets des régions de contribuer à cette anarchie en chargeant les services inappropriés de tâches déterminées. « Dernièrement, les parquets ont, à plusieurs reprises, confié des enquêtes à la division de l’investigation, relevant des FSI, ce qui est illégal. C’est que la loi ne permet pas à ce service qui rassemble seulement des éléments d’informations dans le domaine administratif (infractions et autres) et non pas judiciaire (crimes et délits) de mener des enquêtes. Nous demandons à ces parquets de renoncer à ce procédé, sinon nous serons contraints de réagir autrement ». D’innombrables cas d’enchevêtrement Prié de citer un cas qui puisse mettre en relief un enchevêtrement au niveau de l’action des services de sécurité, il a répondu : « Ils sont innombrables, en expliquant que le service de sécurité de l’État et les FSI peuvent se saisir d’une même affaire et que l’armée peut aussi se considérer compétente et prendre l’initiative d’enquêter ». Pour ce qui est des activités de la police judiciaire, M. Addoum a souligné la détermination de l’État à lutter contre la culture du pavot et du haschich, affirmant que la troisième phase de la destruction des plants de haschich ne doit pas tarder. « Nous attendons, a-t-il dit, que les plants poussent ». « Ce genre de culture est bel et bien interdit au Liban et si un problème social se pose en raison de la destruction de ces plantations, c’est au pouvoir politique de le régler », a-t-il encore dit. Le magistrat a aussi mis l’accent sur le progrès enregistré au niveau de la lutte contre le vol des voitures. Il a assuré que les agents du Bureau de lutte contre les vols internationaux (branche d’Interpol) ont réussi à pénétrer et à effectuer des perquisitions dans des centres d’entreprosage de voitures volées, dont le village de Brital, dans la Békaa. M. Addoum a affirmé que cette campagne se poursuivra jusqu’à en finir avec le vol des voitures. « Les FSI, a-t-il expliqué, ont pu récupérer 54 véhicules qui avaient disparu l’année dernière et le nombre de voitures volées a sensiblement diminué en 2001 ». Et d’ajouter : « Nous souhaitons qu’il y ait un plus grand contrôle des secteurs où les voleurs sévissent et une surveillance plus sérieuse des axes routiers afin d’empêcher les voitures volées d’arriver à la Békaa où l’on prend contact avec le propriétaire du véhicule pour qu’il le récupère. La voiture volée peut aussi être démontée en pièces détachées ». Fausse monnaie : « Des régions échappent au contrôle de l’État » Selon M. Addoum, le même progrès a été enregistré au niveau de la lutte contre les faux-monnayeurs « grâce au contrôle qui est exercé et au fait que les noms de la majorité des personnes impliquées dans le trafic de faux billets sont connus des FSI ». « Ce trafic est devenu difficile, sauf dans quelques régions qui échappent au contrôle de l’État à cause de circonstances déterminées », a-t-il déclaré sans davantage d’explications, mais en expliquant que « la mise en circulation de fausse monnaie a diminué pour des raisons liées à la liquidité du marché ». Interrogé par la presse au sujet des conditions de détention du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, il a répondu en soulignant qu’il ne s’oppose pas à leur amélioration. M. « Geagea bénéficie de tous les droits qui lui permettent de profiter de plusieurs éléments à condition de ne pas enfreindre les lois. Ses avocats le savent d’ailleurs », a-t-il précisé.
Le procureur général près la Cour de cassation, Adnane Addoum, a déploré l’absence de coordination entre les services de sécurité. Le magistrat, qui a tenu hier une conférence de presse pour exposer le bilan des activités de la police judiciaire, a exprimé son ras-le-bol devant la multiplication des services qui enquêtent sur un même dossier, reprochant à ces organismes...