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Actualités - OPINION

Espérance exigeante et engagement effectif

Par Antoine Messarra (*) Où en sommes-nous, cinq ans après, de l’Exhortation apostolique, proclamée le 10 mai 1997 et qui a mobilisé tant d’énergie et de ressources humaines et matérielles ? Un passage de l’Exhortation nous aidera à répondre à cette question. «Il faudra que soit poursuivi et sans cesse affermi l’élan suscité par la préparation et par la tenue de cette Assemblée spéciale. Le synode a inauguré une méthode de travail fondée sur l’écoute attentive de toutes les composantes de la population libanaise en général et des diverses catégories et institutions catholiques en particulier. Poursuivez ce travail et ne considérez surtout pas que le synode est clos avec la publication de cette Exhortation apostolique. Je vous recommande vivement de chercher par tous les moyens à rendre fraternelle et effective la réception de ce document et à mettre en application ce que je vous propose ici, dans un souci constant de l’unité entre les catholiques et du bien de tout le peuple ». Avec toutes les bonnes volontés au Liban et au sein des instances hiérarchiques de l’Église, nous pouvons dire aujourd’hui que cette démarche laborieuse de suivi et d’application est loin d’être au niveau des efforts laborieux, qui ont abouti à l’Exhortation. Une réflexion opérationnelle et pragmatique sur les contenus et processus exécutifs des propositions de l’Exhortation n’a pas été engagée. À coup sûr, une concertation, par les mêmes méthodes que pour l’élaboration de l’Exhortation, est loin d’avoir été menée. Il y a eu une large explication et diffusion sans trop s’introduire dans la programmation exécutive, ses problèmes, ses obstacles, ses procédures et ses difficultés. L’Espérance évangélique est constamment menacée au Liban par tout un résidu valoriel d’assistanat et de culture fataliste et peu citoyenne. Résidu fort compréhensible dans un contexte régional si contraignant, mais la situation des Apôtres après la mort de Jésus n’était pas moins « désespérante ». Certes une telle approche frôle la sainteté ou l’héroïsme ou, du moins, exige un haut niveau de courage et de citoyenneté active. « Espérer, c’est s’engager », dans l’Exhortation, n’a pas une autre signification. Suivi et application exigent une part importante de volontariat, mais une part plus grande de professionnalisation de tout travail dont le succès et l’impact dépendent de la continuité. Qu’on se réfère à la réflexion de Bergson : « Il faut agir en homme de pensée et penser en homme d’action ». Toute autre cogitation est de la démangeaison intellectuelle. Six grands problèmes soulevés dans l’Exhortation exigent une réflexion exécutive, une action continue et de terrain : le sens du Liban, le renouveau spirituel et valoriel, le développement socio-économique, la participation des laïcs, les rapports entre les Églises et le droit à une éducation de qualité pour tous. Nous avons établi un tableau des propositions de l’Exhortation et des programmations qu’elles impliquent. Il en ressort certes que l’Église au Liban est vivante et que les actions entreprises depuis 1995 dans la perspective du synode sont nombreuses. Mais la lacune au niveau de la « méthode de travail » inaugurée par le synode est flagrante. Il nous faudra un observatoire de l’Exhortation apostolique qui effectue un inventaire annuel de ce qui se fait, en évalue l’impact, et sert de référence pour tous les acteurs sociaux. (*) Antoine Messarra est professeur à l’Université libanaise. Il a participé à la préparation et aux travaux du synode sur le Liban.
Par Antoine Messarra (*) Où en sommes-nous, cinq ans après, de l’Exhortation apostolique, proclamée le 10 mai 1997 et qui a mobilisé tant d’énergie et de ressources humaines et matérielles ? Un passage de l’Exhortation nous aidera à répondre à cette question. «Il faudra que soit poursuivi et sans cesse affermi l’élan suscité par la préparation et par la tenue de...