Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Une cohabitation de plus en plus difficile

Un pôle parlementaire influent relève que les rapports entre les présidents Émile Lahoud et Rafic Hariri, déjà conflictuels au départ, se compliquent au fil des jours. Et qu’il devient lassant de taper à la porte des Syriens pour qu’ils recollent les morceaux. Cette personnalité, qui a pu rencontrer les deux présidents ces derniers jours, affirme qu’il n’y a pas la moindre possibilité de les voir s’entendre. Non seulement parce qu’ils sont par trop dissemblables dans leur démarche idéologique respective, mais aussi parce qu’ils poursuivent en réalité des objectifs tout à fait distincts. Et cela bien qu’ils soutiennent d’une même voix que leur unique souci reste de préserver les intérêts du pays comme de l’État, notamment dans le domaine financier. Ce témoin privilégié rappelle que les replâtrages effectués en catastrophe par les décideurs ne durent le plus souvent que quelques jours. C’est ainsi qu’à peine réconciliés à l’issue du sommet arabe par le président Bachar el-Assad, les dirigeants locaux se sont derechef disputés. Sur le redressement économique d’abord, Baabda se plaignant de l’inexistence d’un plan de longue durée. Sur le cellulaire ensuite. Mais où le bât blesse-t-il donc ? La personnalité citée répond en invoquant le système institutionnel. Le chef de l’État est ainsi en place jusqu’en l’an 2004. Le président du Conseil dispose pour sa part d’un CDI, entendre d’un contrat à durée indéterminée. Mais apparemment il reste inamovible, jusqu’à nouvel ordre, au plein sens du terme. Selon la même source, il est même plus facile à l’heure actuelle de changer ou de modifier le cabinet que d’égratigner son chef. Or ce n’est pas le gouvernement, mais les relations du Sérail avec Baabda qui posent problème. Et une crise ministérielle ne résoudrait rien. Au contraire, elle exposerait le pays à subir la secousse d’une grave crise de pouvoir. Sur laquelle se grefferaient automatiquement de vieilles querelles confessionnelles ou politiciennes diversifiées. Ce qui revient à dire que le conflit et la bataille, pour l’heure limités aux deux présidences, se généraliseraient. En effet, les appétences sont tellement multiples qu’il n’est pas facile, comme c’était le cas jadis, de mettre au point une nouvelle formule de gouvernement. Sans compter, bien évidemment, qu’une crise ministérielle porterait un coup sévère à une population déjà bien éprouvée sur le plan socio-économique. En ébranlant le peu de confiance que les Libanais réservent encore au système taëfiste. Dans le même ordre d’idées, on verrait sans doute la Banque centrale se départir d’une bonne partie de ses réserves en devises pour protéger la livre, en cas de crise ministérielle prolongée. Toujours selon la même personnalité, un changement de gouvernement serait d’autant moins justifiable que, finalement, on devrait se retrouver avec le même dosage de répartition des portefeuilles entre présidents, pôles et partis. On substituerait simplement quelques noms à d’autres. Mais pour l’essentiel, ce serait la même chose. Surtout que, répète ce parlementaire, il est hors de question pour le moment de mettre M. Hariri sur la touche. Non pas uniquement à cause de sa position politique sur la scène locale, mais parce que le pays a besoin de son entregent dans les difficiles circonstances régionales et économiques qu’il traverse. Actuellement, nul autre que lui ne peut tenter d’imposer des mesures impopulaires en vue du sauvetage économique. Pour le remplacer avec quelques chances d’efficacité, il faudrait un cabinet de géants, aux assises solides tant du côté chrétien que du côté mahométan. Ce qui est présentement impossible, sinon interdit, observe la même source. Qui se demande, après tant d’autres, s’il n’est pas temps de réexaminer Taëf, afin d’assurer une meilleure cohésion du pouvoir et des institutions. D’autant que même en France, l’on est arrivé à la conclusion que la cohabitation n’est pas en soi une bonne chose. Et d’indiquer que le président Bachar el-Assad, interrogé sur le point de savoir comment mettre un terme aux querelles entre dirigeants libanais, lui aurait répondu en substance, il y a à peu près un an : le Liban a besoin d’un système semblable au régime syrien, pour assurer la stabilité générale et couper court aux tiraillements. Un conseil qui prouve que Taëf, fabriqué pour en finir avec le bras de fer interne, n’a pas atteint son but. Et l’a même rendu infiniment plus lointain. Émile KHOURY
Un pôle parlementaire influent relève que les rapports entre les présidents Émile Lahoud et Rafic Hariri, déjà conflictuels au départ, se compliquent au fil des jours. Et qu’il devient lassant de taper à la porte des Syriens pour qu’ils recollent les morceaux. Cette personnalité, qui a pu rencontrer les deux présidents ces derniers jours, affirme qu’il n’y a pas la...