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Actualités - OPINION

Les médiateurs s’efforcent de dédramatiser la situation

L’un des messieurs-bons-offices du cru, le ministre de la Défense, M. Khalil Hraoui, s’efforce tant bien que mal de dédramatiser un peu la situation, afin de la traiter plus commodément. À son avis, le différend entre les présidents Lahoud et Hariri, présenté comme d’ordre politique, se trouve gonflé au point de bloquer toute solution des dossiers en suspens, cellulaire compris. Il affirme qu’il faut relativiser les choses. Ajoutant que le tableau brossé à l’usage de l’opinion est tronqué, truffé de faux détails, l’ensemble donnant une impression apocalyptique erronée. Pour M. Hraoui, le pays ne court pas à l’abîme. Et les responsables le sont vraiment, au sens moral du terme. C’est-à-dire qu’ils se préoccupent du devenir comme des problèmes des Libanais. Le ministre affirme dès lors qu’il n’y a pas conflit mais simple divergence de vues entre les dirigeants. Qui, selon lui, se sont fort bien entendus sur nombre d’affaires. Et n’ont pas été d’accord sur d’autres, sans pour autant en faire des tragédies. Le débat se trouvait alors limité à l’intérieur du Conseil des ministres, sans déborder au niveau des médias ou de la rue. Le gouvernement, confirment d’autres ministres, a traversé nombre de phases délicates, notamment par rapport au Sud. Malgré la diversité des opinions, il ne s’est pas divisé et a su prendre d’importantes décisions. Sans que ses membres se répandent en invectives réciproques sur les ondes ou dans les colonnes des journaux, comme c’est le cas aujourd’hui. Ces ministres ajoutent que le différend sur le cellulaire n’est pas le premier. Ils s’étonnent toutefois qu’on en soit arrivé là, alors qu’il y avait accord au départ sur les principes. C’est-à-dire que les deux camps estimaient la privatisation tout comme la reprise de la double concession nécessaires. L’on aurait buté ensuite sur les détails de concrétisation de cette orientation. Pour ces personnalités, dont certaines participent aux efforts de replâtrage en cours, il faut commencer par dépolitiser tout sujet de controverse à caractère technique comme le cellulaire. Et surtout se rappeler qu’il est inadmissible d’exploiter des dossiers comme carte de pression politique alors que leur impact négatif sur le plan socio-économique est aussi fort qu’évident. Un membre du cabinet souligne que l’instance suprême du pouvoir exécutif, le Conseil des ministres, a fait le choix de la privatisation depuis plus d’un an. Conformément aux promesses de la déclaration ministérielle des Trente, un haut comité de la privatisation a été formé. Le Conseil a également, et bien entendu, opté officiellement et définitivement pour la cession au secteur privé du réseau de téléphonie mobile. Dans le but d’assurer des sous au Trésor, qui, comme on sait, porte bien mal son nom. Sur le plan pratique, ce ministre propose les mesures suivantes : – ratification de la rupture du contrat avec les deux opérateurs. Car tant qu’ils sont en activité, la cession n’est pas faisable ; – les deux sociétés doivent livrer les installations et l’équipement à la compagnie qui décrocherait l’adjudication définitive. Il est en effet évident que l’État ne peut pas revendre quelque chose d’immatériel. En attendant, une société neutre assurerait la transition technique. (À noter que, selon les sources des Télécoms, les deux opérateurs refusent d’informer ce département sur leurs avoirs.) Il reste que le conflit présente de nombreux embranchements. Ainsi, la controverse bat son plein sur le point de savoir si LibanCell et Cellis ont ou non le droit de participer à l’adjudication, étant donné qu’elles sont en procès avec l’État. De même, il y a polémique au sujet du montant des indemnisations que le Trésor doit débourser à cause de la rupture du contrat avec les deux sociétés. Enfin et peut-être surtout, malgré les décisions antérieures du Conseil des ministres, le recours à la privatisation du cellulaire n’est pas chose acquise. Car, comme nul ne l’ignore, il se trouve un camp pour défendre l’idée que l’État devrait garder pour lui cette poule aux œufs d’or. Philippe ABI-AKL
L’un des messieurs-bons-offices du cru, le ministre de la Défense, M. Khalil Hraoui, s’efforce tant bien que mal de dédramatiser un peu la situation, afin de la traiter plus commodément. À son avis, le différend entre les présidents Lahoud et Hariri, présenté comme d’ordre politique, se trouve gonflé au point de bloquer toute solution des dossiers en suspens, cellulaire...