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Actualités - INTERVIEWS

Interview - « Je ne vois plus aucune raison au maintien des forces syriennes au Liban », affirme le candidat à la partielle du Metn Ghassan Moukheiber : « L’avenir clarifiera ma position »(photo)

Ghassan Moukheiber croit fermement en une éthique politique, en les valeurs démocratiques, ceux de la liberté, de la souveraineté, de l’indépendance, des droits de l’homme et de la participation politique. Le candidat au siège grec-orthodoxe du Metn est catégorique : ces valeurs morales et politiques, il les tient de son oncle, Albert Moukheiber, pour qui il voue un respect et une admiration sans bornes. Ghassan Moukheiber l’affirme haut et fort, sans détours ni circonvolutions : sa légitimité provient en partie du combat qu’a mené Albert Moukheiber toute sa vie au plan national pour la souveraineté et l’indépendance, au nom de valeurs politiques claires. Conseiller politique du député défunt depuis 1990, Ghassan Moukheiber affirme que ce temps passé auprès de son oncle a constitué pour lui une véritable « école politique ». Et c’est pour reprendre le flambeau de la ligne politique moukheiberiste qu’il a décidé de se porter candidat à la partielle du 2 juin. « Ma candidature dépasse largement le cadre familial. Il y a des bases moukheiberistes au Metn qui reposent sur des valeurs, et il faut qu’elles soient représentées », affirme-t-il, en précisant que ces bases pourraient être institutionnalisées dans le Rassemblement pour la République, structure formée par Albert Moukheiber. À partir de là, Ghassan Moukheiber s’étonne lorsqu’on lui demande s’il va rester fidèle à la ligne de son oncle. « Ma position est dans la droite ligne de celle d’Albert Moukheiber. Je me suis engagé à rester fidèle à ces principes », répond-il. En demandant qu’on lui laisse quand même le temps de faire ses preuves sur le terrain. À ceux qui prétendent que « le ton qu’il emploie n’est pas le même que celui d’Albert Moukheiber, plus agressif et plus direct », il réplique illico: « C’est uniquement une question de style. Le fond du discours est le même. Je ne dévierai jamais du parcours tracé par Albert Moukheiber. D’ailleurs, j’ai moi-même mené un combat pour la démocratie, les droits de l’homme et les libertés dans le cadre du barreau de Beyrouth et de plusieurs ONG locales. J’ai déjà fait mes preuves auprès des gens qui me connaissent. La différence, c’est que je suis vraiment dans la ligne de mire depuis une dizaine de jours seulement. Mais l’avenir me permettra de clarifier ma position ». Ce que Ghassan Moukheiber veut dire lorsqu’il affirme qu’il « ne déviera pas de la ligne d’Albert », c’est qu’il s’opposera à la présence syrienne dans les mêmes termes que son oncle, sans mettre de l’eau dans son vin. « Prétendre le contraire, c’est ne pas connaître mon parcours », affirme-t-il, précisant « qu’il n’est pas né de la dernière pluie, que ses prises de position ne datent pas d’hier, et que son action dans les milieux des droits de l’homme et de la société civile, contre le pouvoir, le prouve ». Une autre raison qui l’incite à se porter candidat : « Dynamiser une vie politique qui est quasiment moribonde, qui sombre dans les méandres des alliances et des mésalliances ». Mais on reproche pourtant à Albert Moukheiber « d’avoir pactisé, lors des législatives de l’an 2000, avec le clan Michel Murr », accusation qui est maintenant dirigée contre lui, Ghassan Moukheiber. « Ce sont des calomnies. Albert Moukheiber avait sa propre liste que les uns et les autres ont tout fait pour dynamiter. Il a fait une alliance électorale, et pas politique, qui, sans affecter ses positions politiques, lui a permis de se frayer un chemin vers le Parlement pour y tenir son discours sur la souveraineté et l’indépendance du Liban. Il a dû faire un choix difficile, puisqu’il affrontait à la fois les gens qui étaient dans le camp du pouvoir et ceux qui prétendaient être de l’opposition. Sans ce pacte électoral, sa voix n’aurait pas pu retentir au Parlement ». Mais dans l’ultra-opposition, on considère comme une « hérésie » le fait de passer des pactes avec le pouvoir, présenté comme la source de tous les maux actuels du Liban. Qu’en pense-t-il ? « Plusieurs, dans l’opposition, ont fait des pactes avec le pouvoir». La « désinformation » de Gabriel Murr Si Ghassan Moukheiber défend le choix d’Albert Moukheiber lors des élections de 2000, il affirme ne pas suivre la même voie pour la partielle du Metn, contrairement à ce que soutiennent ses détracteurs : « Les supporters de Gabriel Murr se sont empressés de dire que je suis soutenu par le pouvoir, alors que tous les journaux et tous les médias indiquent clairement qu’il y aura un tiers candidat du pouvoir. Si le pouvoir lui-même ne me considère pas comme l’un de ses représentants, je ne comprends pas l’acharnement de M. Gabriel Murr et de ses alliés à me coller une étiquette qui ne me correspond pas ». Ce que Ghassan Moukheiber préconise, en d’autres termes, c’est la création d’une « troisième voie au-delà des clivages en place au Metn ». Et ces accusations que votre rival vous porte, selon lesquelles vous avez fait des tractations avec le clan Murr ? « C’est de la désinformation que je trouve contraire aux valeurs politiques que je prône. Il y a toujours, dans toute élection – et cela vaut pour M. Gabriel Murr et ses alliés aussi – des gens qui font la navette entre les deux bords, mais cela n’altère en rien nos positions et ne nous engage en rien ». Mais on vous reproche de ne pas prendre position vis-à-vis du pouvoir de manière claire et tranchante comme le faisait Albert Moukheiber... « Pourtant, je n’ai jamais ménagé personne, ni dans le pouvoir, ni dans l’opposition. Je stigmatise l’attitude de quiconque s’écarte du respect de la démocratie, des libertés et des droits de l’homme. Je rappelle d’ailleurs à M. Gabriel Murr que j’ai toujours été aux premières lignes de défense des droits et des libertés au Liban. J’étais au Congrès sur les libertés à l’hôtel Carlton comme lui, j’ai visité les détenus de l’opposition en août, au moment où il a invité des hommes politiques à passer à l’antenne. Je ne comprends pas pourquoi il fonde sa campagne sur de la désinformation. Même le camp loyaliste dit qu’il ne se retrouve ni dans les positions d’Albert ni dans ceux de Ghassan Moukheiber. Nous tenons un langage différent. Il n’y a que Gabriel Murr qui tente d’identifier ma position à celle des Murr, dans un but électoral évident». « C’est mesquin. Il faut sortir de ce discours. Les gens savent que je suis un opposant. Gabriel Murr et certains de ses alliés sont, eux, de nouveaux-venus dans l’opposition et ils ne peuvent pas, du jour au lendemain, commencer à nous donner des leçons », poursuit-il. Allusion au fait que son rival d’aujourd’hui avait « organisé la campagne législative de son frère Michel Murr lors des législatives de 1992, alors que le camp Moukheiber boycottait, puis à nouveau en 1996 ». Ghassan Moukheiber déplore aussi que Gabriel Murr utilise la MTV de cette manière. « Ce n’est pas la chaîne de télévision qui est candidate. Mais son propriétaire », relève-t-il. Au cœur de l’opposition Sur la place qu’il occupe au sein de l’opposition, Ghassan Moukheiber précise qu’il est « proche de tout le monde ». « Tous les cercles de l’opposition me connaissent, à travers mon action dans l’Association libanaise pour la démocratie des élections. J’ai fait un combat pour la liberté d’association qui a engagé toute l’opposition au Liban. J’ai participé aux premières assises de Kornet Chehwane sur la loi électorale de l’an 2000 : je suis au cœur de l’opposition ». « M. Gabriel Murr, lui, s’autodistribue des certificats de soutien, estimant qu’il est appuyé par les aounistes, les FL ou le PNL. Il s’agit d’une fanfaronnade électorale. Qu’il attende au moins l’avis des parties concernées ! », dit-il. Sur l’attitude du groupe de Kornet Chehwane vis-à-vis de sa candidature, Ghassan Moukheiber affirme que la formation politique « n’a pas soutenu Gabriel Murr malgré l’insistance de certains de ses membres dans ce sens », en l’occurrence MM. Nassib Lahoud et Amine Gemayel. « Nassib Lahoud a même décidé de soutenir M. Murr sans demander l’avis de son parti », estime-t-il. Albert Moukheiber n’avait pas participé aux assises de Kornet Chehwane... « Exact. Albert Moukheiber considérait que ses positions politiques allaient au-delà de ceux du groupe ». Partage-t-il la même opinion qu’Albert Moukheiber au sujet de Taëf ? « L’accord n’a plus qu’une valeur historique. Certains de ses éléments n’ont même pas été appliqués comme la décentralisation administrative élargie et le retrait syrien. Nous sommes sortis du contexte de Taëf ». Et de souligner que « le retrait syrien est la seule condition capable de remettre sur pied de bonnes relations syro-libanaises sur base de la souveraineté et de l’indépendance des deux pays ». « Je ne vois plus de raison pour le maintien des forces syriennes au Liban », assure-t-il, plaidant également en faveur de « la fin des ingérences syriennes dans la vie politique libanaise ». Quant à la résolution 520, en laquelle Albert Moukheiber croyait fermement, Ghassan Moukheiber y souscrit lui aussi, en ce qui concerne le retrait de toutes les forces étrangères du Liban. Sauf qu’il y voit seulement une « valeur symbolique puisque, jusqu’à présent, cette résolution n’est pas contraignante ». S’il estime que les conditions ne sont pas réalisées pour la réconciliation nationale dans le pays, il refuse pourtant de baisser les bras : « Je veux être ce médiateur entre ceux qui sont exclus actuellement de l’État et ceux qui sont dans l’État, et c’est l’une des raisons pour lesquelles Albert Moukheiber voulait être au Parlement, pour être cette voix pure et dure de la réconciliation nationale. Il est temps de donner substance au discours politique que l’on tient dans l’opposition. Ce sont mes convictions, elles sont dans l’intérêt du Liban et je ne les abandonnerai pas ». Il va même plus loin. « Je n’aime pas le mot pouvoir. Je n’aime pas le terme État dans son acception qui exclut la société civile. L’État inclut les citoyens ». Autre souci fondamental de Ghassan Moukheiber : « Ramener les jeunes à l’action politique, dans des comités régionaux, où chacun aurait un rôle, mais aussi dans des comités thématiques. Le RPR pourrait être cette plate-forme ». « Je veux structurer l’action de la vie citoyenne pour intégrer les citoyens à l’État », souligne-t-il. Le candidat Moukheiber met enfin l’accent sur le fait qu’il « ne se retirera pas, parce qu’il représente une large tranche des Metniotes ». « Je suis la continuation de la voie moukheiberiste. Il s’agit d’une dette de reconnaissance envers Albert Moukheiber et ceux qui ont voulu qu’il réintègre le Parlement. Au contraire de Gabriel Murr, j’ai ma base électorale propre. Si un retrait doit se faire, il doit donc provenir d’ailleurs ». Souverainiste, donc. Et jusqu’au-boutiste. Dans la tradition pure et dure d’Albert Moukheiber. Michel HAJJI GEORGIOU
Ghassan Moukheiber croit fermement en une éthique politique, en les valeurs démocratiques, ceux de la liberté, de la souveraineté, de l’indépendance, des droits de l’homme et de la participation politique. Le candidat au siège grec-orthodoxe du Metn est catégorique : ces valeurs morales et politiques, il les tient de son oncle, Albert Moukheiber, pour qui il voue un respect...