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Actualités - OPINION

Effet pervers latéral des querelles présidentielles

Un ancien ministre des Affaires étrangères s’étonne qu’à cause de leur fâcheuse tendance à se quereller sur tout et sur rien, les dirigeants laissent l’État aller à vau-l’eau. Il relève ainsi que le mouvement diplomatique cyclique, qui doit intervenir légalement début mai, se trouve encore en panne. Ce qui entraîne forcément une paralysie partielle de ce secteur, dont l’activité est naturellement essentielle pour la défense des intérêts nationaux. Et qui constituait jadis une rare réussite de prestige, assurant au pays de larges avantages extérieurs. Grâce à la compétence de ministres, de secrétaires généraux et d’ambassadeurs de haute qualité. Un patrimoine auquel les officiels du moment ne semblent pas, volontairement ou non, attacher beaucoup d’importance. Pas plus qu’ils ne se soucient du niveau des cadres, qui n’a cessé de régresser au fil des années. Ce qui a progressivement gommé l’influence que ce petit pays pouvait avoir dans les instances internationales ou régionales. Le vide actuel, un diplomate occidental en poste à Beyrouth le déplore fortement. En indiquant qu’il n’a trouvé, à ce sujet, aucune bonne raison à fournir à son gouvernement pour défendre le pouvoir libanais. Beaucoup de nos chancelleries à l’étranger sont dirigées par des chargés d’affaires. Beaucoup d’autres vont être bientôt dégarnies par des mises à la retraite ou par le retour d’ambassadeurs qui ont passé leur tour de rotation. Inversement, nombre de leurs collègues se trouvent à l’Administration centrale depuis plus longtemps que le règlement ne l’autorise, c’est-à-dire depuis plus de deux ans. Rappelons qu’au terme de la réorganisation du statut diplomatique, effectuée en 1983, les permutations doivent être promulguées en mai et exécutées de juin à juillet. Cela pour la bonne marche du travail, comme pour la situation familiale des diplomates, qui doivent savoir où inscrire leurs enfants dans les écoles, ici ou ailleurs. En pleine guerre, alors qu’il y avait rupture entre le président Amine Gemayel et les présidents Rachid Karamé ou Sélim Hoss, le secrétaire général de l’époque, M. Fouad Turk, parvenait à obtenir que le mouvement diplomatique se fît régulièrement. Des dizaines d’ambassadeurs, de conseillers, d’attachés ou de consuls se trouvaient permutés dans les cinq continents sans à-coups et en respectant de plus les dosages confessionnels ou politiques traditionnels. Ces équilibres de parité ne sont plus observés de nos jours : contre 35 ambassadeurs musulmans, on ne trouve plus que 28 ambassadeurs chrétiens. La répartition géographique est également en défaut : dans les pays arabes, il n’y a qu’un ambassadeur chrétien, nommé en Tunisie, alors qu’il en faudrait six ordinairement. Pour le moment, c’est donc le blocage. Pourquoi ? L’une des raisons est le cas de M. Farid Abboud, ambassadeur aux States, que certains dirigeants voudraient voir remplacé alors que d’autres s’y refusent. En conclusion, l’ancien ministre des AE cité se demande si l’on ne cherche pas à faire en sorte de priver pour de bon le Liban de son instrument diplomatique, au nom sans doute de la non-indépendance. Émile KHOURY
Un ancien ministre des Affaires étrangères s’étonne qu’à cause de leur fâcheuse tendance à se quereller sur tout et sur rien, les dirigeants laissent l’État aller à vau-l’eau. Il relève ainsi que le mouvement diplomatique cyclique, qui doit intervenir légalement début mai, se trouve encore en panne. Ce qui entraîne forcément une paralysie partielle de ce secteur,...