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Actualités - ANALYSE

Conseil des ministres - Antoine Sleiman nommé mohafez de la Békaa Transparence dans les adjudications, exige Lahoud, et fin de la politique du « tiroir ouvert »

Plus d’accords de gré à gré, adjudications internationales, transparence totale, fin de la politique du «tiroir ouvert» dans les administrations, ce sont les grandes orientations qui se dégagent du Conseil des ministres qui s’est tenu hier sous la présidence du chef de l’État, le général Émile Lahoud. Ces principes ont été dégagés par le chef de l’État lors du débat sur la privatisation des silos à blé. M. Lahoud a déclaré à ce sujet que les silos sont un secteur bien moins important que certains autres qui seront proposés à la privatisation, mais il peut servir de modèle de la politique que l’État compte suivre dans ce domaine. Qu’il soit clair que les accords de gré à gré sont exclus et que seules les adjudications seront admises, et des adjudications ouvertes à tous. L’intérêt de l’État est le critère premier et dernier qui sera adopté en matière d’adjudications. «Pas d’accords de gré à gré passé ce jour, a déclaré le chef de l’État, mais des adjudications ouvertes en vue de parvenir à la meilleure offre, celle qui assure les plus fortes rentrées à l’État». À l’ouverture de la séance, le chef de l’État a adressé ses vœux aux communautés qui vivent, en ce moment, le temps de Pâques, tout en déplorant que le climat de la fête soit absent en raison de ce qui se passe en Terre sainte. Le président Lahoud a considéré que le fait de renoncer à enquêter sur les massacres israéliens à Jénine «est un grave précédent qui porte un coup à la crédibilité de l’Onu». «Les prises de position internationales, à ce sujet, n’étaient pas à la hauteur de ce qui s’est passé», a ajouté le chef de l’État. Le Premier ministre a, à son tour, présenté ses vœux aux communautés othodoxes, tout en déplorant que les derniers développements à l’Onu «privent les peuples de l’espoir d’obtenir justice» auprès des instances internationales, «qui ne sont pas en mesure de protéger leurs droits». Peu après, entrant dans le vif du sujet, le Conseil des ministres, tout entier, a condamné la décison du Conseil de sécurité de démanteler la commission d’enquête chargée de faire la vérité sur les massacres commis par l’armée israélienne, à Jénine. Par la suite, le Conseil des ministres a approuvé les décisions et projets suivants : – Un projet de loi privatisant les silos du port de Beyrouth. – Un projet de décret aménageant l’application des articles de la loi 364 relative à l’octroi d’indemnités et de traitements aux prisonniers et anciens détenus des prisons israéliennes. – Formation de deux commissions chargées, la première, de vérifier la conformité du conseil du Sud au statut des établissements publics, et la seconde, de poser les principes généraux adoptés pour la définition des salaires et indemnités dans les établissements publics et les sociétés mixtes. – Formation d’une commission chargée d’examiner les moyens de hâter le travail dans les juridications ordinaires et administratives. – Nomination du magistrat Antoine Sleiman comme mohafez de la Békaa. Climat de détente Selon le ministre de l’Information Ghazi Aridi, le Conseil des ministres, précédé d’une tête-à-tête de 25 minutes entre le chef de l’État et le Premier ministre, a été «calme» et marqué par des débats «objectifs et élargis», chaque ministre ayant pu exposer son point de vue. «Je pense que des réunions de ce genre devraient se traduire par une détente au niveau de l’opinion», a-t-il dit. Les ministres ont tous confirmé le climat de «calme» évoqué par M. Aridi. C’est au point que l’on n’a plus jugé utile de se réunir jeudi prochain, a déclaré le ministre d’État Pierre Hélou, sous forme de boutade. Effectivement, le Conseil des ministres ne se réunira pas, jeudi prochain, en raison de la présence du Premier ministre en Malaisie. Pour sa part, et à plusieurs reprises, le chef de l’État devait souligner que les divergences d’opinion n’ont pas à se répercuter sur les rapports personnels. «Les divergences qui se sont manifestées entre les responsables n’ont été ni ajournées ni évacuées», a ajouté M. Aridi, en réponse aux journalistes, «mais elles se sont exprimées dans le cadre du Conseil des ministres, et c’est sa fonction». «Toutefois, a-t-il enchaîné, le climat était bon, très bon et, grâce à Dieu, tout à fait différent de celui que certains appréhendaient, après ce qui s’est passé lors de la pécédente réunion». Au sujet des traitements des fonctionnaires du Conseil du Sud, dont le président de la Chambre demande le relèvement, M. Aridi a déclaré qu’il existait des divergences, mais il a demandé de n’exagérer «ni les accords ni les désaccords». Une commission a été formée pour examiner la conformité de ce Conseil, dont certains réclament l’abolition, au statut des établissements publics, a-t-il dit en substance. En somme, il ne s’agit pas de légiférer pour une exception, mais de définir une règle générale à suivre. S’agissant du prix de l’essence, toujours en hausse, le ministre de l’Information a répondu dans le vague. Le gouvernement, lui a-t-on rappelé, avait promis de ne plus relever ce prix, même dans le cas où les tarifs subiraient une hausse mondiale. M. Aridi a nié que le gouvernement ait fait cette promesse. Le gouvernement prélève 12 000 LL sur chaque bidon de 20 litres d’essence, lui a-t-on rappelé, et répercute sur les tarifs pratiqués toute nouvelle hausse mondiale des tarifs des carburants. M. Aridi a finalement admis que, «au départ, il existe un certain déséquilibre qui n’est pas juste». La vocation des silos Au sujet des silos à blé, M. Aridi a précisé en substance que même certains ministres ignoraient que ces silos relevaient, au départ, du secteur privé, et qu’ils n’ont commencé à être gérés par l’État qu’à l’expiration de la concession qui avait été accordée. Une décision de principe a été donc prise de les rendre à leur vocation première, qui tient compte de remarques légales et administratives faites par les ministres. L’organigramme de ces silos, le coût d’exploitation, autant de détails dont les ministres se sont enquis, avant de donner leur accord de principe (le ministre de l’Économie, apprend-on, a été chargé de remanier le projet de loi en fonction de ces demandes). De même, des exigences ont été émises au sujet des détails de l’adjudication qui doit avoir lieu, à savoir si la loi de comptabilité publique s’applique dans les opérations de privatisation. Le débat sur toutes ces questions a été long et exhaustif. L’opinion doit être pleinement éclairée sur ce qui se passe. À l’avenir, la transparence sera de rigueur chaque fois qu’il sera question de privatiser un secteur. La privatisation du téléphone portable, qui avait soulevé la semaine précédente tant de dissensions en Conseil des ministres, ne figurait pas à l’ordre du jour de la séance d’hier. Par ailleurs, le projet d’abolition du brevet, examen officiel qui marque la fin des études complémentaires, présenté par M. Abdel-Rahim Mrad (EN), a été vivement contesté par certains ministres et ajourné. Enfin, en réponse à des objections de M. Fouad es-Saad (Réforme adminsitrative) au sujet de la pertinence de certaines nominations administratives, le chef de l’État a demandé que les lacunes et erreurs soient corrigées et que les fonctionnaires qui n’ont pas fait leurs preuves soient écartés. «Nous voulons de hauts fonctionnaires non politisés, pour garder l’Administration à l’écart de la politique et du clientélisme. Il faut choisir les fonctionnaires les meilleurs et les plus compétents», a-t-il dit. Le président de la République a enchaîné, en affirmant qu’il serait souhaitable de revoir à la baisse certains très hauts salaires perçus dans l’Administration. En tant que hauts responsables, nous avions commencé à réduire nos traitements, pourquoi n’appliquons-nous pas ces critères dans les administrations et les sociétés mixtes qui appartiennent à l’État, malgré leur autonomie financière dont elles jouissent ? Indemnités et traitements aux ex-détenus En ce qui concerne les ex-détenus dans les prisons israéliennes, le Conseil des ministres a adopté le barême suivant : – Tout détenu ayant passé moins d’un an en prison bénéficie d’une indemnité de 2,5 millions de livres. – Entre un an et trois ans, l’indemnité sera de 5 millions de livres. – Les détenus ayant été emprisonnés plus de 3 ans ont le choix entre des indemnités s’élevant à 5 millions de livres pour toute année de prison ou une pension de retraite de 400 000 livres par mois, à laquelle s’ajoute pour chaque année s’ajoutant aux trois années de base, le montant de 11 000 livres par année, la fraction d’année étant calculée comme une année entière. Retards et prébendes... Les retards mis par les cadres supérieurs étrangers qui souhaitent participer à des adjudications ou travailler au Liban à obtenir des permis de séjour dans des délais raisonnables ont été soulevés hier, en Conseil des ministres. Les cas de paiement de prébendes ont été évoqués. Le président Lahoud a réagi à cette question en demandant que le délai pour obtenir les papiers nécessaires au séjour et au travail ne dépasse pas un mois. Passé ce délai, si la demande n’est pas refusée, elle doit être considérée comme acquise. Débordant ce cadre, le chef de l’État a fait état de toute sorte de voies tortueuses et de retards utilisés par certains fonctionnaires pour obtenir des prébendes et extorquer des fonds en contrepartie des formalités qu’ils exécutent, en dépit des efforts déployés par l’État pour mettre fin à ces pratiques. M. Lahoud a insisté sur la nécessité d’interdire «la politique des tiroirs ouverts» dans les services publics et a demandé que des délais soient fixés pour chaque formalité. Une commission a été désignée pour donner suite à cette demande.
Plus d’accords de gré à gré, adjudications internationales, transparence totale, fin de la politique du «tiroir ouvert» dans les administrations, ce sont les grandes orientations qui se dégagent du Conseil des ministres qui s’est tenu hier sous la présidence du chef de l’État, le général Émile Lahoud. Ces principes ont été dégagés par le chef de l’État lors du...