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Actualités - ANALYSE

Murr appelle son rival au scrutin du Metn à « définir sa coloration politique » Ghassan Moukheiber : « Un duel entre deux opposants »

Près de vingt-quatre heures après la candidature de Ghassan Moukheiber au deuxième siège grec-orthodoxe du Metn, vacant après la disparition du député Albert Moukheiber, le ton commence déjà à monter entre M. Moukheiber et son rival, le PDG de la chaîne de télévision MTV, Gabriel Murr. Un débat a été engagé hier entre les deux candidats à coups de déclarations et de contre-déclarations sur la nature de la bataille électorale qui se profile au Metn : oppose-t-elle «deux candidats de l’opposition», comme le soutient Ghassan Moukheiber en affirmant être, au niveau politique et national, directement dans la lignée d’Albert Moukheiber, ou «entre l’opposition et le pouvoir», comme l’a déclaré hier Gabriel Murr, en stigmatisant les alliances électorales des Moukheiber avec le camp politique de l’ancien ministre de l’Intérieur Michel Murr et de son successeur à ce poste, son fils Élias Murr ? Lequel avait déclaré il y a quelques jours appuyer la candidature de n’importe lequel des membres de la famille Moukheiber. À l’issue d’un entretien avec le patriarche maronite, Nasrallah Sfeir, à Bkerké, M. Ghassan Moukheiber s’est déclaré désolé hier que «la bataille pour le siège d’Albert Moukheiber oppose aujourd’hui deux membres de l’opposition». M. Moukheiber a mis l’accent sur le fait que son combat, dont l’objectif est de «récupérer la souveraineté, l’indépendance et la libre décision du Liban et de promouvoir la démocratie et la réconciliation nationale globale», est le même que celui d’Albert Moukheiber. Interrogé sur sa position vis-à-vis de Michel Murr dans le cadre de la prochaine bataille électorale, il a rappelé que s’il y avait eu, en effet, une alliance électorale entre Albert Moukheiber et les Murr lors des dernières législatives, le vieux lion n’avait pas pour autant changé ses positions politiques et nationales, précisant qu’à la suite des élections, il avait réclamé le retrait des forces syriennes du Liban au Parlement. «Nous sommes fidèles aux principes d’Albert Moukheiber, et c’est la promesse que je fais à tous les Metniotes», a-t-il ajouté, critiquant la rapidité avec laquelle Gabriel Murr s’est porté candidat, quelques jours seulement après la disparition du député. «Il ne s’agit pas d’une question d’alliances. Deux piliers du groupe de Kornet Chehwane ont appuyé la candidature de M. Murr. M. Gebran Tuéni, membre du même groupe, a affirmé de son côté soutenir tout candidat de la famille Moukheiber», a-t-il précisé. Et de souligner : «Nous partons du principe de la fidélité aux positions d’Albert Moukheiber, qui sont représentatives, par excellence, de l’opposition. En face, certains veulent montrer que la confontation est entre l’opposition et le pouvoir. On utilise dans ce cadre certaines questions personnelles entre M. Gabriel Murr et son frère avec, pour objectif, de porter atteinte à la base populaire du Dr Moukheiber». Lequel «n’était pas n’importe quel opposant», selon lui. Déplorant la théorie selon laquelle il est le candidat loyaliste, M. Moukheiber a rappelé que les positions dont il se réclame constituent «le fer de lance de l’opposition». «Je ne suis pas le candidat du pouvoir», a-t-il enfin affirmé, ajoutant que si ce dernier désirait l’appuyer, cela n’aurait absolument pas de conséquence sur ses positions. M. Moukheiber a par ailleurs distribué un CV dans lequel on apprend qu’il est né le 8 décembre 1958, qu’il a fait ses études au Collège des Frères-Mont La Salle et au Lycée Français, qu’il est licencié en droit de l’Université Saint-Joseph et qu’il possède une maîtrise en droit de la faculté de droit de Harvard. Outre ses nombreuses activités au niveau de la défense des droits de l’homme – il est notamment président de l’association Adel (Association pour la défense des droits et des libertés) – il a été professeur à l’Usek, à l’AUB et enseigne actuellement le droit à l’USJ. Il est d’ailleurs avocat, spécialiste en droit commercial. Au plan politique, Ghassan Moukheiber a été conseiller politique d’Albert Moukheiber dès 1990. La réponse de Gabriel Murr De son côté, le PDG de la chaîne MTV, Gabriel Murr, a estimé que si M. Moukheiber et M. Élias Murr «sont choqués par l’annonce de ma candidature avant la fin de la période de deuil, c’est parce qu’ils sont embarrassés par l’appui que m’ont apporté certains pôles de l’opposition». Il a en outre condamné le fait que le ministre de l’Intérieur, «qui veille à la pseudo-transparence des élections, considère que l’un des deux sièges grecs-orthodoxes revient de droit à la famille Murr et que M. Moukheiber, qui affirme être le fer de lance de la démocratie, se plaigne du fait qu’il ait un concurrent, sous prétexte que le deuxième siège doit revenir de droit à la famille Moukheiber». Estimant qu’il s’agit là d’un «discours archaïque», il a ajouté : «Partant de ce principe, chaque famille devrait avoir son représentant au Parlement. Qu’on annule alors les élections !» Il a enfin appelé son adversaire à «définir sa coloration politique». «Les arguments de M. Moukheiber selon lesquels il est le fer de lance de l’opposition sont faibles, puisqu’il va arriver au Parlement avec les voix des loyalistes et l’appui entier du pouvoir. Cette équation dont il s’est fait le défenseur ne convainc plus ni les Metniotes ni les Libanais», a-t-il estimé. Une position partagée par l’ancien président de la République Amine Gemayel, qui a estimé à Bkerké «qu’on ne peut être membre de l’opposition tout en entretenant des contacts importants avec le pouvoir». Quant au PDG du quotidien an-Nahar, Gebran Tuéni, il a réitéré son soutien à M. Moukheiber, estimant qu’il fallait que quelqu’un «reprenne tout haut sous la coupole du Parlement les positions d’Albert Moukheiber». Concernant l’appui de Michel Murr à Ghassan Moukheiber, il a indiqué que l’essentiel était dans la pratique politique et non dans les alliances électorales. «Lorsque Albert Moukheiber a été élu, on l’a qualifié de traître. Lorsqu’il s’est exprimé au Parlement (pour le retrait syrien), bon nombre de députés, et notamment ceux de l’opposition, ne l’ont même pas applaudi. Aujourd’hui, quelqu’un a décidé d’adopter les idées d’Albert Moukheiber, et c’est pour cela que nous le soutenons», a-t-il conclu, rejetant les tentatives de salir la mémoire du député défunt.
Près de vingt-quatre heures après la candidature de Ghassan Moukheiber au deuxième siège grec-orthodoxe du Metn, vacant après la disparition du député Albert Moukheiber, le ton commence déjà à monter entre M. Moukheiber et son rival, le PDG de la chaîne de télévision MTV, Gabriel Murr. Un débat a été engagé hier entre les deux candidats à coups de déclarations et de...