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Actualités - OPINION

Législative - Un scrutin-test pour l’opposition et le pouvoir La partielle du Metn suivie avec curiosité par les chancelleries

Ce n’est pas un quelconque Narcisse local qui s’en vante, mais bien un diplomate occidental qui le reconnaît : la partielle du Metn intéresse beaucoup les chancelleries. Parce qu’elle constitue un raccourci facile à suivre et à décrypter. Un échantillon révélateur des rapports de force entre l’opposition et le pouvoir. Ou, si l’on préfère, entre le camp souverainiste et les loyalistes prosyriens. Par extrapolation, c’est donc un peu la balance régionale qui retient partiellement, c’est le mot, l’attention analytique des ambassadeurs ou de leurs conseillers. Dont le métier, c’est, après tout, de faire des rapports circonstanciés à leurs gouvernements. Et ensuite advienne, ou non, que pourra. L’intérêt des étrangers n’est pas étranger au fait que le Metn est le berceau du chef de l’État et de son gendre, le ministre de l’Intérieur. Dont le père, qui en fut le prédécesseur, est connu comme un grand faiseur d’élections. Le Metn est donc la terre natale de trois pôles majeurs du pouvoir, comme de cette figure marquante de la contestation que fut le Dr Albert Moukheiber auquel il faut aujourd’hui trouver un successeur. On rappellera, pour compléter le tableau généalogique, que le beau-frère du ministre de l’Intérieur, le fils du président de la République, est également député de la région. D’ailleurs, M. Michel Murr ne craint pas de déclarer qu’il s’agit bien d’une affaire de famille. À cette nuance près qu’il entend par là la famille Moukheiber, à laquelle il pense qu’il faut accorder un droit de préemption pour le choix du successeur du docteur disparu. Mais en face, il y a des pôles puissants sur le terrain, comme le président Amine Gemayel et M. Nassib Lahoud, ainsi que des formations influentes comme le Bloc national, les Fl ou le courant aouniste. Le bras de fer va être passionnant à suivre. C’est du moins ce que l’ambassadeur des États-Unis, M. Vincent Battle, a cru pouvoir révéler lors d’un dîner auquel le Dr Michel Abi Abdallah avait également convié les pôles de Kornet Chehwane. Le diplomate a posé de multiples questions, en consentant à indiquer que la bataille électorale, qui se déroule au centre, au cœur du Liban, doit permettre de dégager plusieurs conclusions importantes. Notamment sur le modus operandi des autorités, sur leur gestion des mécanismes d’une démocratie bien comprise. Un test capital de loyauté républicaine pour les loyalistes. Dans la mesure même où les deux groupes en présence semblent résolus à se battre jusqu’au bout, à jeter toutes leurs forces dans l’arène électorale. On sait en effet que pour rester dans l’élément familial, MM. Amine Gemayel et Nassib Lahoud ont décidé de soutenir à fond la candidature de M. Gabriel Murr, frère de M. Michel Murr mais qui se situe dans le camp de l’opposition. M. Michel Murr a bien entendu estimé et déclaré que cette candidature et cet appui sont dirigés contre lui plutôt que contre les Moukheiber ou leur délégué. Les proches de MM. Amine Gemayel et Nassib Lahoud (avec cette affaire de parentèle, on est forcé de toujours citer les prénoms !) pensent qu’ils ont bien fait de prendre l’initiative. M. Michel Murr, qui pour sa part avait indiqué ne pas vouloir prendre position avant le quarantième du regretté docteur Moukheiber, a dû réagir. Il souhaitait, selon des sources informées, une compétition calme, de préférence même un accord consensuel sur un candidat désigné par les Moukheiber. Mais la relance de ses adversaires l’oblige à y renoncer. Il lui faut aller au feu. C’est donc une empoignade pouvoir-opposition qui se prépare. Et ce facteur aurait été encore plus marqué si le ministre de l’Intérieur, M. Élias Murr, s’était porté candidat. Il n’en a rien fait, ce qui, tactiquement, se justifie bien. Car sa présence en lice aurait certainement cimenté plus fortement l’opposition. Qui fait entendre, il faut bien le reconnaître, quelques couacs, notamment au sein de Kornet Chehwane. En effet, plusieurs membres de cette Rencontre affirment que MM. Amine Gemayel et Nassib Lahoud n’ont pas tout à fait raison de soutenir que la bataille ne revêt qu’une dimension purement metniote. Selon leurs contempteurs, il est évident que l’épreuve met en jeu des positions d’ordre nettement national. Ces dissonances ont amené la Rencontre à charger son hôte, Mgr Youssef Béchara, lui-même évêque du Metn, à établir des contacts pour rapprocher les points de vue. Et pour positionner le groupe de concert par rapport à l’élection. Le prélat déclare en substance et en privé : «Ne me demandez pas de soutenir tel ou tel candidat. Je suis en charge de ce diocèse même». Sous-entendu, tous ses fils sont les miens, même s’ils ne sont pas maronites. Quoi qu’il en soit, lors de la dernière réunion, un pôle de la Rencontre a tenté de lui faire dire que la bataille était uniquement metniote et que le groupe n’aurait donc pas de candidat. Mais plusieurs autres pôles sont des alliés historiques du Dr Moukheiber, comme le Bloc national, M. Gébrane Tuéni ou le PNL. Dont le président , M. Dory Chamoun, affirme qu’il faut soutenir un candidat qui soit nettement d’opposition, c’est-à-dire opposé à M. Michel Murr et opposant au pouvoir. Du côté des loyalistes, on attend avec respect la décision de la famille Moukheiber. Qui serait prise à la fin de la semaine en cours. Deux prénoms sont cités, Sami et Ghassan, Moukheiber bien entendu. Les sources loyalistes croient pouvoir indiquer que si la famille ne se met pas d’accord sur l’un des deux, elle pourrait se regrouper pour soutenir M. Gébrane Tuéni, et M. Michel Murr ferait alors de même. Pour l’heure, les tractations (et les spéculations) battent leur plein. Philippe ABI-AKL
Ce n’est pas un quelconque Narcisse local qui s’en vante, mais bien un diplomate occidental qui le reconnaît : la partielle du Metn intéresse beaucoup les chancelleries. Parce qu’elle constitue un raccourci facile à suivre et à décrypter. Un échantillon révélateur des rapports de force entre l’opposition et le pouvoir. Ou, si l’on préfère, entre le camp...