Les meurtriers de Zeevi seront gardés par des Américains ou des Britanniques dans les territoires autonomes Israël accepte de libérer Arafat, mais repousse la mission de l’Onu sur Jénine(photo)

Une proposition américaine acceptée hier par Israël et les Palestiniens a ouvert la voie à la levée du siège du président palestinien Yasser Arafat, mais l’État juif a encore repoussé la venue d’une mission de l’Onu sur le camp de réfugiés de Jénine. La Maison-Blanche a annoncé que le gouvernement israélien avait accepté, à la demande du président américain George W. Bush, de rendre sa liberté de mouvement à M. Arafat, assiégé depuis le 29 mars dans son quartier général de Ramallah en Cisjordanie, et de retirer ses forces de la ville autonome. «Le président se félicite de la décision constructive et utile prise par le gouvernement israélien de permettre au président Arafat de voyager librement», a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche Ari Fleischer. Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a accepté la proposition après un entretien téléphonique avec le président Bush pendant un Conseil des ministres houleux, au cours duquel 17 ministres ont voté pour et 9 contre. La proposition prévoit de faire garder par des Américains ou des Britanniques dans les territoires autonomes palestiniens cinq membres du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, gauche radicale) impliqués dans l’assassinat d’un ministre israélien ainsi qu’un proche de M. Arafat, accusé de trafic d’armes pour le compte de l’Autorité palestinienne. Jusqu’à présent, Israël exigeait que lui soient livrés les six hommes, qui se trouvent dans le quartier général de M. Arafat, où un tribunal militaire palestinien a condamné jeudi dernier quatre d’entre eux, membres de la branche armée du FPLP, à des peines de prison. Le gouvernement israélien a néanmoins souligné qu’il n’appliquerait cette décision que lorsque les suspects seraient derrière les barreaux et gardés par des Américains et des Britanniques. Le président palestinien a donné son accord à une délégation américano-britannique, mais insisté sur un retrait israélien de toutes les zones autonomes, en particulier la levée du siège de la basilique de la Nativité à Bethléem, où sont retranchés 200 Palestiniens, dont une trentaine recherchés par Israël. M. Arafat a «accepté une proposition américano-britannique qui comporte une solution au siège de la basilique de la Nativité et un retrait de Ramallah et d’autres questions», a affirmé un conseiller de M. Arafat, Nabil Abou Roudeina. «C’est une proposition d’accord global» qui «devrait être mise en application dans les 24 heures», a ajouté M. Abou Roudeina. Des négociations prévues dans la soirée entre l’armée israélienne et une délégation palestinienne à Bethléem ont été annulées. La direction palestinienne a annoncé que des spécialistes américains et britanniques de sécurité devaient arriver dès aujourd’hui lundi pour mettre au point les modalités d’emprisonnement des six hommes. M. Sharon a par ailleurs accepté une invitation à la Maison-Blanche. Selon la télévision, il devrait se rendre la semaine prochaine aux États-Unis pour des «discussions stratégiques». Le ministre israélien de la Défense Binyamin Ben Eliezer a soutenu l’acceptation de la proposition américaine. «Israël ne peut se permettre de se mettre à dos les États-Unis alors qu’il a besoin d’eux dans l’affaire de Jénine», a-t-il déclaré en Conseil des ministres, selon la télévision. Le gouvernement israélien a pour la troisième fois imposé un report de la visite de la mission d’établissement des faits de l’Onu à Jénine, exigeant des clarifications avant de coopérer avec elle. Selon des sources officielles israéliennes, la principale réticence porte sur la possibilité pour la mission d’interroger qui elle veut parmi les militaires sur les combats à Jénine.