Actualités - CHRONOLOGIE
Jénine : Israël s’inquiète de possibles poursuites pénales
le 26 avril 2002 à 00h00
L’extrême attention portée par Israël au mandat de la mission de l’Onu sur les évènements du camp de Jénine illustre la crainte de l’État juif de voir un jour certains de ses dirigeants jugés par un tribunal international, appréhension née avec la plainte récemment présentée contre Ariel Sharon devant un tribunal belge. «Nous devons faire attention si on ne veut pas tomber dans un traquenard», estime Emmanuel Nahchon, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères. «Chat échaudé craint l’eau froide», poursuit-il, en référence à la plainte déposée en Belgique contre le Premier ministre israélien pour son rôle présumé dans les massacres des camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila, près de Beyrouth, en septembre 1982. Selon un rapport rendu public hier par le quotidien Haaretz et dont l’authenticité a été confirmé à l’AFP par un responsable israélien qui a requis l’anonymat, cet aspect juridique a fortement pesé dans la décision d’Israël de geler son accord à la venue d’une équipe de l’Onu chargée d’établir ce qui s’est passé dans le camp de Jénine. Dans ce mémorandum, Daniel Bethlehem, expert de droit international à l’université de Cambridge et conseiller juridique du gouvernement israélien à propos de cette mission, a averti qu’Israël prenait le risque, s’il acceptait la mission dans sa forme actuelle, de se voir exposer à une «enquête pour crime de guerre». Cela explique qu’une délégation israélienne soit partie mercredi soir pour New York afin d’éclaircir un certain nombre de points avec les Nations unies avant l’arrivée de cette mission, prévue pour la fin de la semaine. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Shimon Peres, a précisé qu’il était nécessaire que «les témoignages des Israéliens ne puissent pas être utilisés contre eux (...) et que la mission ne tire aucune conclusion» susceptible d’être utilisée contre Israël. Avant de partir pour New York, le conseiller juridique du ministère israélien des Affaires étrangères, Alan Baker, avait expliqué qu’il était essentiel que l’équipe se contente «de rassembler des faits sur le camp de Jénine et ne tire aucune conclusion ni recommandation». «S’il s’agit d’une mission d’établissement des faits, les résultats se trouveront placés sous le sceau de la confidentialité, empêchant qu’ils soient utilisés pour d’autres objectifs», a-t-il indiqué. «Nous ne voulons pas que cela devienne un piège», a-t-il commenté. Israël est particulièrement sensible à ces risques depuis le dépôt de la plainte contre M. Sharon devant la justice belge. Une loi belge de 1993 permet d’engager des poursuites pour crimes de guerre ou génocides même si les actes incriminés ont été commis hors du territoire belge. Il y a deux semaines, la justice belge a néanmoins réduit son champ d’application, affirmant que la loi dite de «compétence universelle» ne pouvait s’appliquer que si l’inculpé «est trouvé en Belgique». Les autorités israéliennes voient en ce précédent un signe de la «politisation du système juridique mondial», dont elles risquent d’être la victime. «Les Palestiniens ont trouvé un mode d’emploi qu’ils veulent utiliser encore une fois», accuse M. Nahchon. «Nous avons le sentiment qu’il y a une espèce d’alliance malsaine entre les Palestiniens, les ONG et les organisations internationales comme l’Onu» contre Israël, poursuit-il. À l’instar des États-Unis, Israël n’a d’ailleurs pas ratifié la création de la Cour pénale internationale, instance judiciaire internationale pouvant juger des individus pour crime de guerre, crime contre l’humanité ou génocide.
L’extrême attention portée par Israël au mandat de la mission de l’Onu sur les évènements du camp de Jénine illustre la crainte de l’État juif de voir un jour certains de ses dirigeants jugés par un tribunal international, appréhension née avec la plainte récemment présentée contre Ariel Sharon devant un tribunal belge. «Nous devons faire attention si on ne veut pas tomber...
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