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Vie politique - Selon Karamé, le désaccord persiste entre Baabda et Koraytem L’argumentation du Premier ministre sur ses prérogatives est contestée

Deux députés et un ancien ministre trouvent que le chef du gouvernement, Rafic Hariri, a tort lorsqu’il dit que, d’un point de vue constitutionnel, il n’est pas tenu de se référer au chef de l’État pour fixer ses contacts et que seul le Parlement peut lui demander des comptes. MM. Omar Karamé, Mikhaël Daher, députés du Liban-Nord, et Albert Mansour, ancien député et ministre, ont tous les trois développé presque la même argumentation. M. Karamé a en outre affirmé que le désaccord entre le chef de l’État, le général Émile Lahoud, et M. Hariri persiste, pour des raisons qu’il s’est abstenu de préciser. Après avoir rappelé que l’accord de Taëf a concentré les pouvoirs exécutifs au sein du Conseil des ministres, M. Mikhaël Daher, président de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice, a déclaré au terme d’un entretien avec le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir : «Il est vrai que le président du Conseil s’exprime au nom du gouvernement mais il ne prend pas de décisions en son nom. C’est le Conseil des ministres, dans son ensemble, qui détient donc le pouvoir de décision. Il (M. Hariri) dit qu’il n’a de comptes à rendre à personne (sauf au Parlement), alors qu’il a des comptes à rendre au Conseil des ministres, lequel représente l’autorité supérieure qui prend des décisions au nom du Liban». Concernant les prérogatives du chef de l’État à ce même niveau, il a rappelé que le président veille au respect de la Constitution et se doit donc d’attirer l’attention sur toute démarche qui serait anticonstitutionnelle. «Aussi, si un ministre entreprend un voyage (officiel) sans être chargé par le Conseil des ministres de soulever un sujet déterminé à l’étranger, il serait en train d’agir contrairement aux dispositions de la Constitution. Cela s’applique également au chef du gouvernement», a-t-il déclaré, estimant que lorsque le président du Conseil se rend à l’étranger pour débattre de questions liées aux affaires publiques, «il faut qu’il soit mandaté par le Conseil des ministres (…). C’est à ce niveau-là que le président de la République attire l’attention sur les entorses» à la loi fondamentale. « Un coup d’épée dans l’eau » M. Karamé, qui répondait également aux questions de la presse après un entretien avec le mufti de la République, cheikh Mohammed Rachid Kabbani, a, lui aussi, souligné que le chef du gouvernement se doit d’informer le Conseil des ministres de ses déplacements avant de prendre l’avion et des résultats de ses entretiens à l’étranger. L’ancien président du Conseil a affirmé «contester plusieurs points» développés par M. Hariri au cours de son interview, dimanche, à la Voix du Liban, mais sans dire lesquels. Il a cependant estimé qu’un chef de l’État ne doit pas demander des comptes au président du Conseil, «puisque les deux sont, en définitive, partenaires au sein du pouvoir». Selon lui, le désaccord entre Baabda et Koraytem «se poursuit pour diverses raisons» qu’il s’est abstenu de préciser. «Je ne veux pas aborder des questions personnelles. C’est une question de “charisme” (en français dans le texte) et de courant qui ne passe pas» entre les deux pôles du pouvoir, a-t-il dit, en soulignant la nécessité d’une coopération entre ceux-ci. Et la réconciliation de lundi ? À cette question, M. Karamé a répondu : «Elle n’a aucune valeur. C’est comme un coup d’épée dans l’eau». M. Albert Mansour a, pour sa part, considéré en substance que le Premier ministre répond de ses actes devant le Conseil des ministres et le président de la République. Son argumentation est la suivante : «En vertu de l’accord de Taëf, le chef du gouvernement est soumis à l’autorité du Conseil des ministres, à l’instar de tout ministre. Le pouvoir de décisions est détenu par ce Conseil. Si le chef du gouvernement veut traiter d’une question concernant l’État libanais, il doit obtenir son autorisation . Toutes les décisions du Conseil des ministres peuvent être acceptées ou rejetées dans un délai de 15 jours par le président de la République. Par conséquent, le chef du gouvernement est responsable devant le Conseil des ministres, ce qui fait qu’il l’est aussi devant le président de la République». Il a aussi rappelé que les prérogatives du chef du gouvernement sont définies par la Constitution, «qui ne l’autorise pas à engager des pourparlers ou à conclure des accords à l’étranger sur base de décisions qu’il prend unilatéralement».
Deux députés et un ancien ministre trouvent que le chef du gouvernement, Rafic Hariri, a tort lorsqu’il dit que, d’un point de vue constitutionnel, il n’est pas tenu de se référer au chef de l’État pour fixer ses contacts et que seul le Parlement peut lui demander des comptes. MM. Omar Karamé, Mikhaël Daher, députés du Liban-Nord, et Albert Mansour, ancien député et...