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Actualités - OPINION

La Banque mondiale a eu la dent dure Place maintenant à la bataille des privatisations

Le président Rafic Hariri ne sait plus où donner de la tête, quelle brèche colmater, quel front ouvrir ou refermer. On lui reproche tout et rien, qu’il en soit responsable ou non. Et on le cible plus particulièrement sur son cheval de bataille, c’est le mot, le dossier économique. Ainsi il a essuyé aux States de sévères critiques de la Banque mondiale qui trouve que le Liban traîne un peu trop les pieds dans la mise en place de son programme de privatisations. Le président du Conseil va donc s’y atteler dès la semaine prochaine. Humblement, honnêtement, il a reconnu, à l’issue de son entrevue avec les cadres de la Banque mondiale qu’ils lui ont crûment déclaré : «Nous avons besoin de voir des actes plutôt que d’entendre des promesses». Cela parce qu’il venait de leur répéter l’excuse que les privatisations, encore à l’état de projet, sont envisagées dans le cadre d’un plan global dont d’autres éléments ont par contre été réalisés. Et il ajoute que ses interlocuteurs lui ont donné la désagréable impression de penser que le Liban était rien moins que sérieux au sujet des privatisations. Il lui a fallu avaler la pilule, pour amère qu’elle fût, car il est le mieux placé pour savoir qu’en effet, le Liban, le Liban officiel s’entend, est défaillant. Car, comme tant d’autres poires juteuses, les privatisations ont donné lieu à de vifs conflits d’intérêts ou d’influence entre dirigeants et autres pôles politiques concernés. Cette sempiternelle lutte de partage, de revente de la peau de l’ours avant de l’avoir tué, a produit comme toujours un sévère blocage. Mis à profit par les contempteurs de M. Hariri pour tenter de le déboulonner. Au titre que s’il reste paralysé dans le traitement de la crise économique, qui est la raison d’être même de son gouvernement, il n’a plus rien à faire au pouvoir. Dans la même logique, les haririens, dont les soupçons vont peut-être un peu trop loin, accusent certains de leurs adversaires d’œuvrer à la faillite du pays pour précipiter la chute du cabinet. Et d’ajouter que ces noirs desseins se trouvent illustrés par les entraves mises aux privatisations, cette bouée de sauvetage relatif destinée à alléger la dette publique pour réduire le déficit du budget. Car, outre l’apport consistant en liquidités que la cession de secteurs publics peut rapporter au Trésor, le déclenchement de l’opération permettrait d’obtenir des crédits, sous forme de prêts ou d’assistances variées, de la part de la Banque mondiale. Qui dépêche un émissaire spécial le mois prochain à Beyrouth, pour voir où en sont les choses. Dès son retour donc, M. Hariri va prendre langue avec M. Nabih Berry. Pour le prier d’accélérer le projet de loi relatif aux privatisations, dont l’examen s’éternise en commissions parlementaires. Sur le plan concret, le chef du gouvernement va donner lecture au Conseil des ministres, lors de sa prochaine séance, du rapport-inventaire de la société britannique KPMG. Cette institution spécialisée a été chargée d’évaluer les avoirs des deux compagnies de cellulaire, ainsi que le montant des indemnisations qui leur sont dues par suite de la rupture de leurs contrats. Cela en vue de passer à l’étape suivante, c’est-à-dire à la préparation d’une mise en adjudication internationale du secteur porteur du portable téléphonique. Les débats en Conseil des ministres devraient permettre de distinguer le bon grain de l’ivraie, selon les haririens. Qui expliquent qu’on verrait alors qui tente de presser le processus et qui s’efforce d’atermoyer pour gêner M. Hariri. Ces loyalistes proches de Koraytem rappellent qu’en principe le gouvernement doit aller vite en besogne. Non seulement à cause de la Banque mondiale, mais aussi parce que le délai accordé aux deux compagnies de cellulaire est venu à expiration. L’État doit trancher : ou une conciliation à l’amiable, en gommant l’arbitrage engagé ; ou la poursuite de cette procédure, si les indemnisations proposées sont jugées insuffisantes par les deux compagnies. Toujours est-il qu’en bout de course, le ministre des Télécoms, M. Jean-Louis Cardahi, affirme que la privatisation telle qu’il entend la mener ne prêtera le flanc à aucune critique, ne donnera lieu à aucun soupçon et ne fera pas l’objet de bazars politisés. Il promet d’agir en conscience, en toute transparence, en rejetant toute tentative de diktat et sans se laisser impressionner par les pressions. Il faut attendre dès lors un peu pour voir si le pouvoir va passer avec succès, c’est-à-dire avec cohésion, ce premier test des privatisations. Émile KHOURY
Le président Rafic Hariri ne sait plus où donner de la tête, quelle brèche colmater, quel front ouvrir ou refermer. On lui reproche tout et rien, qu’il en soit responsable ou non. Et on le cible plus particulièrement sur son cheval de bataille, c’est le mot, le dossier économique. Ainsi il a essuyé aux States de sévères critiques de la Banque mondiale qui trouve que le...