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Actualités - OPINION

Le Liban réfractaire à l’idée d’une conférence régionale

Quand Sharon le propose, Washington applaudit des deux mains. Mais faisait grise mine naguère lorsque c’était l’Europe qui avançait l’idée d’une nouvelle conférence de paix régionale… Ces réactions épidermiques sont classiques. Ce qui est bien plus surprenant, c’est que les Israéliens veuillent discuter du Proche-Orient avec le Maroc et pas avec les Palestiniens et encore moins avec les Syriens ou les Libanais ! Et ce qui est encore plus étonnant c’est que Colin Powell ne trouve presque rien à y redire. En tout cas, à Beyrouth on ne lui a pas caché que le projet, même élargi aux parties directement concernées, ne semble pas viable. D’abord parce que, sur le fond, il n’y a d’autre solution que dans les résolutions de l’Onu et les principes de Madrid. Ensuite que pour la forme, importante en ce qu’elle reflète d’indispensables équilibres mondiaux, on ne peut admettre la mise à l’écart de la Russie, coparrain officiel du processus de paix, ni de l’Union européenne. Dont la présence morale contrebalance en partie l’influence partiale des États-Unis, de plus en plus engagés aux côtés d’Israël. À l’instar du camp arabe dans son ensemble, le Liban se prononce donc contre la formule envisagée, qui n’est à tout prendre qu’une échappatoire d’atermoiement pour Sharon comme pour Washington. Une source locale rappelle en outre à M. Powell lui-même qu’au cours de la réunion qu’il a diligentée récemment à Madrid, en présence de ses homologues russe et espagnol comme du secrétaire général de l’Onu et du délégué aux AE européen, il a été décidé de se raccrocher au processus défini dans la même capitale en 91 et de le réactiver. Sans chercher à sortir de ce cadre fondateur. La même personnalité libanaise ajoute, toujours à l’adresse de M. Powell, qu’il semble avoir un peu oublié sa mission même, à savoir obtenir le retrait israélien dans les Territoires et un cessez-le-feu, pour se centrer sur la proposition Sharon. Et donner ainsi à ce dernier l’occasion de gagner du temps, pour poursuivre ses tueries. Avec un délai d’autant plus large que, manifestement, le projet bancal de conférence nécessite plusieurs semaines pour être mis au point d’abord, finalisé ensuite, réalisé enfin. Tandis que la résolution numéro 1402 de l’Onu enjoignant à Israël de cesser sa guerre d’extermination des Palestiniens resterait lettre morte. Et que la profanation de l’église de la Nativité par la soldatesque israélienne qui l’assiège, au mépris des protestations du Vatican, risque de se terminer par la destruction de ce haut lieu religieux dont l’édification en l’état remonte à 15 siècles. Quoi qu’il en soit, c’est à titre informel, sans trop insister, que M. Powell, qui se confirme comme un diplomate souple, a soumis l’idée d’une conférence régionale aux autorités libanaises, lundi dernier. Tout aussi poliment, pour ne pas empoisonner le climat relationnel avec les USA à la veille de la visite qu’il y effectue, M. Rafic Hariri lui a répondu qu’on ne peut gaspiller du temps à préparer un tel casse-tête diplomatique au moment où les victimes tombent par dizaines chaque jour dans les Territoires. L’essentiel, a ajouté M. Hariri, est d’arrêter l’agression israélienne. Et de s’en tenir pour le fond aux principes de Madrid comme aux résolutions de l’Onu, renforcés par la proposition de paix arabe faite lors du sommet de Beyrouth. Le Premier ministre a conclu en contre-proposant donc la reprise des pourparlers. Il devrait en principe en discuter derechef avec M. Powell et retarder à cette fin son retour de Washington. Philippe ABI-AKL
Quand Sharon le propose, Washington applaudit des deux mains. Mais faisait grise mine naguère lorsque c’était l’Europe qui avançait l’idée d’une nouvelle conférence de paix régionale… Ces réactions épidermiques sont classiques. Ce qui est bien plus surprenant, c’est que les Israéliens veuillent discuter du Proche-Orient avec le Maroc et pas avec les Palestiniens et...