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Actualités - CHRONOLOGIE

L’armée israélienne ne veut pas que les habitants du camp s’approchent des journalistes À Jénine, derrière les chemins balisés par l’armée, la mort et la haine

Une vieille femme palestinienne surgit en pleurant des ruines, rompant le silence insupportable du camp de réfugiés qui semble avoir été ravagé par un tremblement de terre. Le soldat israélien qui accompagne le groupe de journalistes dirige son arme vers la femme éplorée qui s’interrompt soudain, fait demi-tour et disparaît dans les montagnes de décombres. L’armée ne veut pas que les habitants du camp s’approchent des journalistes, très encadrés lors de cette visite sur ce qui était, il y a une semaine encore, l’un des champs de bataille les plus difficiles pour l’armée de l’État hébreu. Les soldats veulent prouver qu’il n’y a pas eu de massacres, comme l’affirment les Palestiniens, mais un combat difficile et mené sans abus. Il s’agit d’une visite sur mesure dans les ruelles désertes du camp, parmi d’immenses montages de débris – vestiges des maisons détruites à l’aide de missiles – et les va-et-vient de chars israéliens. Dans les rues du camp, on ne voit pas de cadavres. Il n’y a plus de combat. Sur le sol, les Israéliens ont étalé les restes d’une bombe artisanale, utilisée selon eux par les Palestiniens. Les soldats répètent, une fois encore, que Jénine était la base arrière de 50 % des kamikazes qui ont commis des attentats-suicide en Israël, que des centaines de combattants se sont battus contre l’armée, et que parmi les morts, au total «environ cinquante», il y a très peu de civils. Le parcours de la visite est précisément balisé. Des câbles blancs marquent la séparation entre les passages autorisés et les rues interdites. Les soldats avertissent qu’il reste de nombreuses mines et engins explosifs enterrés de l’autre côté des fils blancs. « Filmez nos morts » Au fond, on aperçoit des silhouettes. Quelques pas en direction d’elles, et un soldat demande poliment de faire demi-tour. La visite tourne alors à l’imprévu quand un groupe de six militaires passent, à 200 mètres de là, en transportant un corps, emballé dans un grand sac blanc. Les militaires, qui encadrent les journalistes, font mine de ne rien avoir vu et la visite se poursuit. Cette fois, le groupe s’arrête devant l’endroit où ont été tués 13 des 26 soldats israéliens tués lors des combats. Soudain, un groupe de femmes en pleurs surgit. Elles hurlent en arabe. «Ne nous filmez pas nous, venez filmer nos morts», crient-elles à l’adresse des journalistes. Les soldats pointent leurs mitraillettes en direction du groupe de femmes. Ils ne veulent pas que les habitants s’adressent au groupe de journalistes. Une des Palestiniennes, réalisant que les journalistes présents ne parlent pas l’arabe, commence à faire de grands gestes. Cinq doigts pour indiquer que cinq membres de sa famille sont morts. Elle couvre son nez avec son vêtement, prend un air dégoûté, pour faire comprendre que l’odeur des cadavres en décomposition est insupportable. «Personne ne nous accorde d’importance. Les pères cherchent leurs fils, les frères cherchent leurs frères, personne ne sait où se trouve sa famille. Où sont les pays arabes ? Où sont ceux qui peuvent nous aider ?», hurle-t-elle aux journalistes. Les soldats perdent peu à peu leur patience devant la tournure d’une visite qui n’a pas permis de lever le voile sur ce qui s’est réellement passé dans ce camp durant près d’une semaine.
Une vieille femme palestinienne surgit en pleurant des ruines, rompant le silence insupportable du camp de réfugiés qui semble avoir été ravagé par un tremblement de terre. Le soldat israélien qui accompagne le groupe de journalistes dirige son arme vers la femme éplorée qui s’interrompt soudain, fait demi-tour et disparaît dans les montagnes de décombres. L’armée ne...