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Actualités - CHRONOLOGIE

Dossier régional - Le secrétaire d’État américain a mis en garde contre un élargissement du conflit Powell demande au Liban de faire cesser les opérations militaires à la frontière avec Israël (photo)

Le secrétaire d’État américain, Colin Powell, a demandé aux dirigeants libanais de faire cesser les opérations militaires du Hezbollah à la frontière sud, en insistant sur le «danger réel» d’un second front avec Israël, mais sans obtenir pour autant un engagement sur une trêve à la frontière. Beyrouth a, au contraire, réaffirmé la légitimité des opérations de résistance pour récupérer les hameaux de Chebaa au moment où le chef de la diplomatie américaine assurait les responsables libanais que son pays est déterminé à débloquer les deux volets libanais et syrien des négociations avec Israël, dès qu’il aura rétabli le calme sur le front israélo-palestinien. Au cours de son escale beyrouthine de trois heures, ponctuée de deux entretiens avec les chefs de l’État, le général Émile Lahoud, et du gouvernement, Rafic Hariri, M. Powell a annoncé aux dirigeants libanais que Washington envisage sérieusement de relancer les pourparlers de paix libanais et syriens avec Israël et leur a fait savoir qu’il est impératif, en attendant, de prévenir toute escalade à la frontière pour éviter des représailles dures de l’État hébreu et un élargissement du conflit israélo-palestinien, a-t-on appris de sources politiques officielles. Ce à quoi le Liban a répondu en soulignant la légitimité des opérations de résistance pour récupérer les hameaux de Chebaa et la nécessité d’un règlement du dossier des réfugiés palestiniens. C’est ce que le président Lahoud a fait savoir à son hôte, au cours de son entrevue avec lui à Baabda, selon des sources politiques officielles. L’entretien s’est déroulé en présence du chargé d’affaires de l’ambassade des États-Unis, Carol Kalin, du secrétaire d’État adjoint, William Burns, du porte-parole et du secrétaire exécutif du département d’État, Richard Boucher et Craig Kelly, du conseiller pour les affaires de sécurité, l’amiral Walter Doran, et de Mme Ann Bodine, de l’ambassade américaine. Les résultats des délibérations ont été rapportés par le chef de la diplomatie, Mahmoud Hammoud, qui a pris part à la réunion et qui a tenu plus tard une conférence de presse conjointe avec M. Powell. Les entretiens du général Lahoud avec son hôte américain ont été qualifiés de «constructifs» et d’«exhaustifs» par le chef de la diplomatie. Selon M. Hammoud, le général Lahoud a affirmé en substance devant son hôte qu’il est tout à fait normal que les développements dans la région aient des répercussions sur la scène locale et qu’il faut donc considérer le problème qui se pose comme un tout et non pas sous le seul angle du conflit israélo-palestinien. Il a réaffirmé, dans ce cadre, la nécessité d’une paix juste et globale «susceptible de garantir les droits de toutes les parties au conflit». Toujours cité par le chef de la diplomatie, le président a fait assumer à «Israël l’entière responsabilité de la détérioration de la situation» dans la mesure où «il a bloqué toutes les voies conduisant à une solution pacifique et il a refusé d’appliquer les résolutions internationales, qui lui demandent de se retirer de tous les territoires occupés». Le général Lahoud a dressé un parallèle entre l’intifada palestinienne et la lutte pour la récupération des fermes de Chebaa. «C’est parce que Israël n’a pas voulu respecter les résolutions internationales qu’il y a eu l’intifada et la résistance. Il fallait obliger (Israël) à les appliquer, comme ce fut le cas avec la Résistance libanaise qui a contraint Israël à appliquer, après 22 ans, la majeure partie de la résolution 425», a déclaré le chef de la diplomatie, citant toujours le président qui a indirectement reproché à Washington son parti pris en faveur d’Israël. Le chef de l’État a exhorté les États-Unis à «analyser la situation dans la région avec objectivité et réalisme, sans se laisser influencer par des pressions et des positions israéliennes présentant les attaques libanaises (contre l’État hébreu) comme étant des actes de terrorisme». Il les a appelés, a dit M. Hammoud, à «œuvrer pour relancer le processus de paix sur base des résolutions internationales qui permettront d’obtenir un retrait israélien des territoires arabes occupés et le retour des réfugiés palestiniens chez eux, parce que la politique de la force appliquée par Israël ne donnera aucun résultat». Le général Lahoud a insisté particulièrement sur l’opposition des pays arabes à l’implantation des réfugiés dans les pays d’accueil, notamment au Liban, en rappelant la résolution adoptée en ce sens lors du sommet arabe de Beyrouth. Il a aussi fait remarquer à son hôte que les résolutions du sommet arabe «représentent une occasion que les États-Unis et les pays favorables à la paix doivent saisir (pour réaliser cette paix) tout en empêchant Israël de poursuivre son plan visant à porter un coup à l’initiative arabe de paix». Powell : « Mettre fin à la violence et au terrorisme » Prenant à son tour la parole, M. Powell, dont les propos étaient traduits vers l’arabe par une fonctionnaire de l’ambassade américaine, a commencé par rappeler l’initiative arabe de paix avant de souligner la nécessité de «mettre fin à la violence et au terrorisme». «L’Autorité palestinienne, a-t-il fait valoir, ne doit épargner aucun effort pour faire cesser les attentats-suicide et les actes de terrorisme. Dans le même temps, nous devons nous efforcer de lancer un processus politique à même de concrétiser» l’initiative arabe de paix. M. Powell a rappelé que le sommet de Beyrouth, qui s’était tenu en mars dernier sous la présidence du général Lahoud, avait «à l’unanimité» adopté «la vision de paix» du prince héritier saoudien, Abdallah ben Abdel Aziz. «Il s’agit, a-t-il rappelé, d’une vision de deux peuples vivant côte à côte et en paix, partagée par le président Bush, une vision de paix globale dans la région incluant la Syrie et le Liban et basée sur les résolutions 242, 338 et d’autres résolutions pertinentes» des Nations unies. Et d’enchaîner tout de suite après : «Les États-Unis sont préoccupés par la violence qui se poursuit au niveau de la “ligne bleue”. Il existe un danger très réel de voir cette situation à la frontière élargir le conflit dans la région. Il est essentiel que tous ceux qui sont attachés à la paix agissent immédiatement pour mettre un terme aux opérations militaires à la frontière libano-israélienne. C’est le message que j’ai transmis et que je continuerai à faire passer à tous les gouvernements de la région. C’est la raison aussi de ma visite à Beyrouth et à Damas». Après avoir dressé l’objectif et le bilan de ses entretiens avec les responsables israéliens et palestiniens il a dénoncé, en réponse à une question de la presse, «toutes les opérations qui débouchent sur la mort d’innocents». «Ce qui m’importe à l’heure actuelle, c’est de mettre fin à la violence afin que nous puissions avancer le plus rapidement possible et que nous puissions trouver une solution politique à tous les problèmes de la région». Avec Hariri Accompagné de M. Hammoud qui l’avait accueilli à sa descente d’avion, le secrétaire d’État américain s’est ensuite rendu au Sérail où il a conféré avec le chef du gouvernement, en présence du chef de la diplomatie, des ministres Marwan Hamadé, Fouad Siniora, Khalil Hraoui, Élias Murr et Ghassan Salamé et de la délégation américaine qui l’accompagne. Au terme de l’entretien qui a duré 45 minutes, M. Hariri a indiqué à la presse qu’il a plaidé devant son hôte en faveur d’un «règlement pacifique politique général dans la région» avant de saluer les efforts déployés par les États-Unis pour instaurer la paix dans la région. «Mais je voudrais dire publiquement, a-t-il poursuivi, que les événements de ces dernières semaines en Cisjordanie ont engendré un certain sentiment (...) dans le monde arabe et parmi ses dirigeants, d’où la nécessité de vigoureux efforts de la part des États-Unis et d’un engagement ferme du président américain et de son secrétaire d’État» pour effacer ce sentiment. «La sécurité est importante, a-t-il encore dit, mais elle ne suffit pas. Nous parlons en connaissance de cause car au Liban nous avons eu (durant la guerre) 1 200 cessez-le-feu qui n’ont pas tenu, jusqu’à l’accord politique de Taëf lorsque nous étions parvenus à un accord politique». M. Powell a approuvé les propos du chef du gouvernement sur l’insuffisance et l’inutilité des cessez-le-feu, soulignant de nouveau l’engagement de son pays à une solution pacifique au conflit au Moyen-Orient. M. Powell devait quitter Beyrouth tout de suite après, pour se rendre à Damas.
Le secrétaire d’État américain, Colin Powell, a demandé aux dirigeants libanais de faire cesser les opérations militaires du Hezbollah à la frontière sud, en insistant sur le «danger réel» d’un second front avec Israël, mais sans obtenir pour autant un engagement sur une trêve à la frontière. Beyrouth a, au contraire, réaffirmé la légitimité des opérations de...