Berry « boycotte » la visite de la délégation américaine

Le président de la Chambre, Nabih Berry, a fait savoir hier qu’il avait décidé de boycotter la visite-éclair au Liban du secrétaire d’État américain, Colin Powell, en signe de protestation contre «l’alignement de la position des États-Unis» sur Israël. Effectivement, M. Berry n’a pas rencontré M. Powell, contrairement au chef de l’État Émile Lahoud, au Premier ministre Rafic Hariri, et au ministre des Affaires étrangères Mahmoud Hammoud. Mais on diverge, selon les sources, sur les raisons de ce boycottage. Dans les milieux proches du président du Parlement, on affirme qu’il était initialement prévu que les trois présidents rencontrent M. Powell au palais de Baabda, et que M. Berry avait l’intention de ne pas s’y rendre en raison de sa position de principe au sujet de l’attitude des États-Unis. Toutefois, des sources proches de la présidence du Conseil affirment pour leur part qu’une réunion regroupant les trois présidents à Baabda n’a nullement été envisagée, la présidence de la République ayant dès l’annonce de la visite de M. Powell fait savoir que le chef de l’État ne recevrait M. Powell qu’en présence du ministre des Affaires étrangères. Ces sources ajoutent que le principe de la rencontre entre M. Hariri et M. Powell, qui devait suivre celle de Baabda, n’a été décidée que dimanche, tard dans la soirée. En tout état de cause, les observateurs notent que les explications fournies par M. Berry ne sont pas très flatteuses à l’égard de ses deux partenaires au pouvoir, qui passeraient ainsi pour être capables de transiger là où, lui, resterait ferme sur les principes. Toujours est-il qu’après le départ du secrétaire d’État pour Damas, M. Berry a reçu place de l’Étoile M. Hariri, qui l’a informé de la teneur de ses entretiens avec M. Powell. Sur un autre plan, interrogé par la presse sur ce qu’il pensait de la conférence internationale proposée par le Premier ministre israélien Ariel Sharon, le président de la Chambre a estimé que «le moins que l’on puisse dire là-dessus, c’est qu’il s’agit d’une tentative de court-circuitage du processus de Madrid et d’une exploitation sournoise de l’initiative arabo-saoudienne».