Actualités - CHRONOLOGIE
Les pauvres ont repris le pouvoir aux putschistes du patronat
le 15 avril 2002 à 00h00
Les pauvres, et eux seuls, ont repris le pouvoir aux putschistes du patronat au Venezuela dans une vague déferlante sur la présidence, pour la restituer au président de gauche Hugo Chavez. Le peuple a envahi le palais présidentiel à Caracas sans redouter les balles, qui ont tué trois civils et blessé 18 autres, et facilité ainsi le retour à l’ordre démocratique déjà réclamé notamment par 19 pays d’Amérique latine et la France, avant l’Organisation des États américains (OEA) comme coup de grâce. Dans ce pays de 24 millions d’habitants, près de 80 % d’entre eux vivent dans la pauvreté, dont 40,7 % sous un seuil critique. En face, notamment dans les quartiers huppés de l’est de Caracas, la richesse des nantis leur permet de sortir du pays 21 milliards de dollars chaque année. Ces chiffres astronomiques, soit 5 % du produit intérieur brut, publiés par le FMI et la Banque mondiale, font du Venezuela un pays devant faire face à de constantes fuites de capitaux. Seul président de gauche avec Fidel Castro dans le sous-continent américain gangrené par la misère et la corruption, Hugo Chavez avait perdu une première manche vendredi face au putsch, menée par une partie de l’armée, avec les riches dans l’ombre pour hériter du pouvoir. Dans une première de l’histoire, le patron des patrons d’un pays, en l’occurrence Pedro Carmona, 60 ans, un chef d’entreprise formé à l’Université libre de Bruxelles, s’est alors emparé de la magistrature suprême alors qu’en l’absence du chef de l’État, le fauteuil, selon la Constitution, devait être occupé par son vice-président, soit Diosdado Cabello, un fidèle de M. Chavez. Acteur principal de la récente grève générale contre le président élu en 1998 et réélu en 2000 pour six ans, Pedro Carmona a abattu ses cartes dès sa prestation de serment vendredi. «La majorité des invités» à sa prise de fonction autoproclamée «appartenait au patronat, des éleveurs aux industriels», reconnaissait samedi le principal quotidien de Caracas, El Universal. D’un coup de crayon, Pedro Carmona a dissous l’Assemblée nationale, le Tribunal suprême de justice et démis tous les présidents des pouvoirs constitués. Symbole de cette véritable lutte de classes, les 49 décrets-lois prévoyant notamment une réforme agraire, ont été abrogés sous les vivats des présents. Au Venezuela, les latifundistes font la loi, à l’image des pays voisins. 60 % des terres, souvent abandonnées, sont détenues par 20 % des propriétaires. Une délégation de huit personnes de la société civile, à la mystérieuse légitimité, a alors donné l’aval de sa signature au «gouvernement de transition et d’union nationale», avec à leur tête Mgr Ignacio Cardenal, l’archevêque de Caracas, pour apporter sa bénédiction. D’autoproclamation en autosatisfaction, le rêve de l’oligarchie a débouché samedi sur un cauchemar. Malgré la chasse aux sorcières contre les chavistes, avec une vague d’arrestations arbitraires dénoncées par la suite par l’armée, les fidèles du président élu sont descendus en masse dans les rues. Coup sur coup, dans un crescendo dramatique, la foule venue des «rancheros», ces bidonvilles accrochés aux collines de Caracas, a d’abord investi les abords du palais présidentiel. Pedro Carmona s’en est échappé, puis il a démissionné et a été arrêté avec ses «ministres» ainsi que l’état-major. Diosdado Caballo a alors assumé la présidence, dans l’attente du retour au pouvoir du chef de l’État renversé la veille et détenu dans l’île d’Orchila dans les Caraïbes. Avant d’être arrêté vendredi, le président en titre avait dit au revoir à ses ministres après avoir refusé de démissionner, contrairement aux affirmations ultérieures des putschistes. «Nous avons tous pleuré et chanté l’hymne national», a raconté Rafael Vargas, ministre du secrétariat à la présidence. «Hugo Chavez n’a pas dit “je reviendrai”, mais il sait qu’il est un leader du tiers-monde», a-t-il conclu.
Les pauvres, et eux seuls, ont repris le pouvoir aux putschistes du patronat au Venezuela dans une vague déferlante sur la présidence, pour la restituer au président de gauche Hugo Chavez. Le peuple a envahi le palais présidentiel à Caracas sans redouter les balles, qui ont tué trois civils et blessé 18 autres, et facilité ainsi le retour à l’ordre démocratique déjà réclamé...
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