Coopération - Le Premier ministre a rencontré Assad et Miro à Damas Hariri : Les Syriens nous aident à contrôler les Palestiniens

Le Premier ministre Rafic Hariri s’est entretenu hier à Damas avec le président Bachar el-Assad de la situation régionale, notamment dans les territoires palestiniens, et des questions bilatérales. M. Hariri a également eu une rencontre de travail avec son homologue syrien Mohammed Moustapha Miro, qui a porté sur les moyens de développer la coopération entre le Liban et la Syrie dans les domaines économique, commercial et culturel, a-t-on appris auprès du bureau du Premier ministre. Les deux hommes ont notamment examiné la possibilité d’une révision à la baisse du prix du gaz syrien livré au Liban ainsi que de l’élaboration d’un programme par étapes pour la réalisation d’un marché commun. Également à l’ordre du jour la complémentarité économique entre les deux pays, ainsi que des projets industriels, pétroliers et hydrauliques conjoints décidés lors du sommet libano-syrien qui s’était tenu le 3 mars à Beyrouth. MM. Hariri et Miro ont en outre évoqué «l’agression criminelle» menée par Israël contre le peuple palestinien et ont souligné «la nécessité d’appuyer par tous les moyens l’intifada (...) pour lui permettre de réaliser ses objectifs légitimes et obtenir le retrait d’Israël de tous les territoires arabes qu’il a occupés, jusqu’aux lignes du 4 juin 1967», a-t-on précisé. La veille samedi, le chef du gouvernement avait conféré avec le président de la République, le général Émile Lahoud, au sujet des projets de privatisation, et les deux responsables sont convenus d’en accélérer le processus. La menace palestinienne Par ailleurs, dans une interview accordée au Washington Post à la veille de sa visite aux États-Unis, le chef du gouvernement a indiqué que «les forces syriennes se sont retirées en grand nombre du Liban. Elles maintiennent encore une présence dans la Békaa et dans quelques autres régions alors qu’il y a cinq ans, elles étaient dans tout le pays», a-t-il ajouté. À la question de savoir si la Syrie dominait le Liban, M. Hariri a répondu : «Elle ne nous domine pas, elle nous aide. Vous oubliez en effet que nous avons 300 000 Palestiniens sur notre territoire et qu’il n’est pas facile dans ces conditions de maintenir la situation sous contrôle». Les Palestiniens au Liban constituent-ils donc un danger pour le gouvernement libanais ? M. Hariri répond à la journaliste du quotidien américain : «Leur présence menace la stabilité de la société libanaise». Évoquant par ailleurs la crise économique qui sévit dans le pays, le Premier ministre a déclaré, en réponse à une question : «La dette publique est effectivement élevée par rapport au PIB, mais l’économie en tant que telle va bien». A la journaliste qui objectait que 100 % des impôts prélevés par l’État allaient au remboursement de la dette, M. Hariri a répondu : «C’est parce que nos impôts sont trop bas». Le chef du gouvernement a reconnu qu’il était vital pour l’économie du Liban d’éviter à tout prix la guerre, déclarant à ce sujet : «La paix est effectivement importante, et le Liban veut vivre en paix avec Israël. C’est le message que nous voulons adresser au peuple américain car nous ne croyons pas à l’utilité de la violence». Que compte-t-il dire au président George Bush lorsqu’il s’entretiendra avec lui ? «Je lui dirai d’opter pour un règlement politique car la violence n’est pas une solution», a-t-il répondu. Tout en affirmant par ailleurs que le gouvernement libanais ne voulait pas d’une escalade à sa frontière avec Israël, M. Hariri a toutefois rappelé que «les fermes de Chebaa sont libanaises, et qu’il y a un litige là-dessus avec les Nations unies». «Depuis le retrait d’Israël, en 2000, il n’y a eu que quelques incidents limités et nous avons réussi à appréhender un certain nombre de Palestiniens qui tentaient de bombarder Israël à partir de la frontière». Le chef du gouvernement a enfin estimé que «le peuple israélien veut la paix avec les Arabes, mais qu’il ne sait pas comment s’y prendre».