Manifestations - L’Ordre des avocats dénonce violemment les agressions israéliennes Le mouvement de solidarité avec les Palestiniens gagne en ampleur (photo)

Les manifestations de protestation contre les opérations menées par l’armée israélienne dans les territoires autonomes se sont poursuivies hier à Beyrouth et dans d’autres régions libanaises. L’Ordre des avocats a effectué un sit-in dans la salle de conférences de l’Ordre, à l’initiative du bâtonnier Raymond Chédid, pour condamner le massacre du peuple palestinien commis par les Israéliens. En présence de certains députés qui appartiennent à l’Ordre et d’anciens bâtonniers, les avocats, dont certains avaient revêtu des keffiehs, ont observé une minute de silence pour les victimes dans les territoires occupés. M. Chédid a ensuite pris la parole dans le cadre d’une conférence de presse, appelant les autorités libanaises à «assumer leurs responsabilités en maîtrisant la situation au Liban-Sud pour qu’Israël n’ait pas de prétextes pour agresser à nouveau le Liban et s’en prendre à sa paix et sa stabilité, en violation de l’armistice de 1949». Le bâtonnier a par ailleurs mis l’accent sur le droit du Liban à «recouvrer les hameaux de Chebaa par tous les moyens». Il a en outre évoqué «les violations israéliennes continues de la Charte de l’Onu, de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) et du droit international humanitaire tel qu’énoncé dans les accords de Genève – 1949». M. Chédid a ensuite évoqué le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à l’édification d’un État palestinien souverain et indépendant, en vertu de la DUDH et de la Charte de l’Onu, mettant en exergue la destruction systématique par les Israéliens des maisons et de l’infrastructure palestiniennes, l’émigration forcée du peuple palestinien et les attaques contre les représentants de l’Autorité palestinienne et les institutions. Il a également souligné le droit du peuple palestinien à «résister à l’oppression israélienne par tous les moyens», indiquant qu’Israël «viole tous les jours le droit international» et que la résolution 242 n’a toujours pas été appliquée. Il a enfin évoqué le droit des civils palestiniens à la protection internationale en vertu de la Convention de Genève et du droit humanitaire international, condamnant les attaques israéliennes contre des secouristes de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge palestiniens, des médecins et des hôpitaux, pour les empêcher de faire leur travail. Il a également condamné les agressions contre les lieux de culte, notamment l’église de la Nativité à Bethléem, et contre les journalistes, les photographes, les dignitaires religieux et les militants pour la paix, réclamant une protection spéciale pour les enfants dans les territoires occupés. M. Chédid a par ailleurs rappelé que «les exactions israéliennes répercutées par les médias internationaux, notamment les massacres et les opérations d’épuration ethnique et de meurtres prémédités constituent des crimes de guerres», appelant à la formation d’un tribunal pénal pour le jugement des responsables de ces crimes perpétrés à l’encontre du peuple palestinien, à l’instar de celui qui a été créé pour la Yougoslavie. Il a enfin condamné la politique des deux poids deux mesures des États-Unis, les appelant à exiger immédiatement le retrait israélien des territoires palestiniens, conformément aux résolutions 181, 194, 242, 338, 1397, 1402, 1403 du Conseil de sécurité et estimant que cette politique menace l’ensemble de la stabilité au Proche-Orient. «Il est nécessaire d’assurer la protection du peuple palestinien en envoyant des observateurs internationaux et des commissions d’enquête sur les violations des droits de l’homme immédiatement jusqu’à ce que le retrait total intervienne», a-t-il conclu, appelant l’Europe à suspendre son partenariat avec Israël et indiquant que l’Ordre des avocats saisira le Tribunal pénal international et d’autres instances internationales pour assurer un suivi pratique à la situation dans les territoires palestiniens. À Beyrouth et Saïda Plus de 20 000 personnes ont par ailleurs manifesté dans différentes régions pour protester contre l’offensive israélienne, brûlant des drapeaux israéliens et américains et collectant des fonds en faveur des Palestiniens. Un millier d’étudiants ont organisé un sit-in sur le campus de l’Université américaine de Beyrouth (AUB) et entamé une collecte de fonds en faveur des victimes palestiniennes de la vaste offensive militaire déclenchée par Israël le 29 mars dernier. Par ailleurs, quelque 10 000 manifestants ont défilé à Nabatiyeh, brandissant des drapeaux palestiniens et libanais. Des manifestations se sont déroulées devant le siège de la Ligue arabe, place du Musée, à l’initiative du syndicat des experts-comptables. Des collectes ont également été organisées à la faculté de génie et à la faculté de droit et de sciences politiques de l’Université libanaise (UL, publique) à Beyrouth, à l’Université arabe de Beyrouth, ainsi que dans les écoles publiques et privées de Saïda. Saïda, où plus de 5 000 Libanais et Palestiniens ont manifesté pour protester contre le silence arabe face à l’offensive israélienne. Les manifestants ont également salué la décision irakienne de suspendre ses exportations de pétrole en signe de protestation contre Israël. Les protestataires, qui étaient conduits par des dignitaires religieux chrétiens et musulmans, portaient des portraits des présidents palestinien Yasser Arafat et irakien Saddam Hussein et brandissaient des drapeaux libanais et palestiniens. Ils ont brûlé des drapeaux israéliens, américains et britanniques ainsi qu’une effigie du Premier ministre israélien Ariel Sharon portant dans ses bras une poupée représentant le président américain George W. Bush. À Halba, au Liban-Nord, plus de 15 000 Libanais et Palestiniens ont parcouru les rues dans une marche de solidarité avec le peuple palestinien et un groupe de jeunes gens a brûlé des drapeaux israéliens et américains. Des manifestations similaires ont enfin eu lieu à Tyr et à Baalbeck.