Liban-Palestiniens - Kaddoumi reçu par Lahoud, Hariri et Berry L’OLP et le Fateh opposés aux tirs sur le nord d’Israël à partir du Sud

Des responsables palestiniens ont clairement fait savoir hier qu’ils s’opposaient aux tirs en direction du nord d’Israël à partir du Liban-Sud, soulignant que ces attaques n’étaient pas de nature à aider l’intifada dans les territoires palestiniens. Arrivé hier à Beyrouth, le chef du département politique de l’OLP, Farouk Kaddoumi, qui fait figure de ministre palestinien des Affaires étrangères, a été reçu à Baabda par le président de la République, Émile Lahoud. Cette rencontre scelle le réchauffement intervenu entre les deux parties à la suite de l’incident de la première journée du sommet arabe de Beyrouth, lorsque la délégation palestinienne, conduite par M. Kaddoumi, a failli plier bagages pour protester contre la non-diffusion du discours que devait diffuser par voie satellitaire le président palestinien Yasser Arafat. À sa sortie du palais de Baabda, M. Kaddoumi a indiqué, dans une déclaration à la presse, avoir transmis à M. Lahoud les salutations du peuple palestinien et celles de M. Arafat. Il a ajouté que le président Lahoud l’a notifié de son intention de poursuivre, en tant que président du sommet arabe, ses démarches en vue d’amener la communauté internationale à faire pression sur Israël pour qu’il mette un terme à son offensive en Palestine. M. Lahoud «m’a dit qu’il allait effectuer des contacts avec les membres du Conseil de sécurité, le secrétaire général des Nations unies, les pays européens et aussi les instances chrétiennes internationales, en particulier le Vatican, afin de leur transmettre notre point de vue et les prier d’exercer des pressions sur Israël et les États-Unis», a déclaré M. Kaddoumi. «Le président m’a affirmé qu’il n’épargnera aucun moyen pour soutenir, auprès des instances internationales, le peuple palestinien dans sa lutte pour recouvrer ses droits», a-t-il dit, précisant que M. Lahoud a assuré qu’il comptait agir «le plus rapidement possible, au nom du Liban et du sommet arabe». Le responsable palestinien a été d’autre part reçu par le président de la Chambre Nabih Berry, ainsi que par le chef du gouvernement Rafic Hariri. Interrogé par les journalistes au sujet de la tournée du secrétaire d’État américain Colin Powell, M. Kaddoumi s’est montré sceptique quant à la capacité de cette initiative de «déboucher sur un miracle», en critiquant sévèrement «l’alignement» de Washington sur Israël. Il a estimé que «la position européenne est de loin meilleure que celle des États-Unis» et que l’Europe a fini par mettre Washington «dans l’embarras». C’est ce qui, selon lui, a conduit le président George W. Bush à demander au Premier ministre israélien Ariel Sharon de «stopper immédiatement» son offensive et à dépêcher le secrétaire d’État dans la région. Enfin, au sujet des tirs de roquettes sur le nord d’Israël à partir du Liban-Sud, attribués à des combattants palestiniens, M. Kaddoumi a d’abord indiqué ne pas être en possession «d’informations précises». Toutefois, a-t-il ajouté, «le Palestinien qui combat, c’est celui qui se trouve à l’intérieur, dans les territoires palestiniens». «Notre objectif est toujours de lutter dans le ventre d’Israël, car c’est le moyen de le gêner, et non pas à partir de la frontière. Voilà pourquoi la résistance palestinienne n’a pas besoin des roquettes tirées de l’extérieur», a-t-il dit. Par ailleurs, Sultan Aboul Aynaïn, responsable du Fateh au Liban, le mouvement de Yasser Arafat, s’est, lui aussi, déclaré hier opposé à ces tirs. «Le Fateh est opposé aux tirs de Katioucha sur le nord d’Israël depuis le Liban car il s’agit d’un vulgaire acte de propagande qui porte atteinte au Liban et à la Palestine», a déclaré à l’AFP M. Aboul Aynaïn depuis le camp de réfugiés de Rachidiyé, au Liban-Sud, où il est retranché. «Contrairement à la résistance qui se poursuit dans les fermes de Chebaa, de tels actes n’obtiennent pas de consensus», a-t-il estimé. Sultan Aboul Aynaïn a, par ailleurs, estimé que M. Arafat était désormais «le symbole incontestable du peuple palestinien» et que sa disparition de la scène aurait pour résultat d’inciter les Palestiniens à des actes de violence désespérés.