Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Des inquiétudes occidentales plutôt que des pressions

Longtemps l’Europe, et à un moindre degré l’Onu, s’est montrée plus compréhensive à l’égard de la position libanaise concernant le Sud que les États-Unis. Longtemps, elle n’a consenti qu’à contrecœur à laisser Washington exercer des pressions sur Beyrouth via, notamment le FMI ou la Banque mondiale. De même, l’Europe n’a jamais voulu, que l’on classât le Hezbollah parmi les groupes terroristes. Mais, cette fois, le fer est trop chaud. Et l’Europe, tout comme l’Onu du reste, manifeste autant d’inquiétude que les Américains sur la poudrière sudiste. Américains compris, car l’heure n’est plus aux amuse-gueule, les Occidentaux font savoir au Liban que sans vouloir le bousculer, sans chercher à le séparer de la Syrie, donc sans aucune intention de pressions coercitives, ils ont peur. Peur pour lui, peur pour la Syrie, peur pour la région. Car un nouveau coup de boutoir du Hezbollah, ou l’irruption en lice des Palestiniens d’ici, rendraient la situation, et Israël, impossibles à contrôler. Et, alors, il ne servirait pas à grand-chose, l’État hébreu n’écoutant personne comme on le voit dans les Territoires, de faire intervenir le Conseil de sécurité. Le mal aura été fait, l’infrastructure du Liban aura été démolie, les positions syriennes auront été pilonnées, les camps palestiniens bombardés. Ou pire encore. Ces avertissements, qui naguère l’offusquaient, le Liban officiel les accueille maintenant dans un esprit d’ouverture, car il réalise la gravité extrême de l’heure. Ainsi, prenant les devants, Beyrouth a adressé aux Américains, par les canaux diplomatiques habituels, un compte rendu détaillé des retombées locales des événements en Palestine, principalement au Sud. Ce rapport signale les formes que prend la colère des camps palestiniens comme de la population libanaise. En précisant quelles dispositions ont été prises sur le terrain, principalement avec le concours de l’armée, pour canaliser les réactions et prévenir les débordements, surtout en direction de la frontière. Cet état des lieux spontanément offert par les autorités libanaises a été hautement apprécié par Washington, confirment des diplomates occidentaux. Qui précisent toutefois que les Américains, suivis cette fois par les Européens, insistent plus que jamais pour le déploiement de l’armée libanaise le long de la ligne bleue. Mais le Liban, dont le background est comme on sait syrien, continue à dire non à un tel déploiement. Au nom de l’union nationale qui, à son avis, serait rompue si le pouvoir devait se mesurer à la résistance en tentant de la neutraliser. Cependant, pour adoucir un peu la pilule, l’armée a capturé hier dans la Békaa-Ouest un groupe activiste palestinien soupçonné d’avoir tiré la veille des katiouchas sur la Galilée. Cette interception a été notifiée à l’Onu comme à l’Occident, le pouvoir répétant que ni lui ni le Hezbollah n’ont rien à voir avec la bavure commise. Et ajoutant que l’ordre politique a été donné à toutes les parties présentes sur le terrain de ne pas ouvrir le front du Sud. Mais, soulignent des loyalistes, cette disposition ne tient que pour le moment. Car la région doit rester utilisable comme levier pression, tant pour la récupération de Chebaa que pour celle du Golan. Sans compter, concluent-ils, que le déploiement de l’armée signifierait le bouclage définitif de la frontière et, partant, la consécration de l’implantation des réfugiés palestiniens. Philippe ABI-AKL
Longtemps l’Europe, et à un moindre degré l’Onu, s’est montrée plus compréhensive à l’égard de la position libanaise concernant le Sud que les États-Unis. Longtemps, elle n’a consenti qu’à contrecœur à laisser Washington exercer des pressions sur Beyrouth via, notamment le FMI ou la Banque mondiale. De même, l’Europe n’a jamais voulu, que l’on classât le...