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Actualités - CHRONOLOGIE

Sécurité - Le FPLP-CG de Jibril nie toute implication et le Fateh reste discret Neuf Palestiniens arrêtés hier au Sud par l’armée libanaise

L’équation que l’on devinait s’est précisée hier : le Liban ne tolère aucune action contre Israël à partir de son territoire si elle intervient en dehors du secteur des fermes de Chebaa et si elle n’est pas le fait du Hezbollah. Et pour bien marquer cette nouvelle donne, le procureur général Adnane Addoum a annoncé hier l’arrestation de 9 Palestiniens en possession de missiles Grad et de roquettes Katioucha, alors qu’à Chebaa, de violents affrontements ont opposé les combattants du Hezbollah aux soldats israéliens. Israël acceptera-t-il les «règles» libanaises : une tension concentrée (et contrôlée) géographiquement et militairement ? La réponse à cette question ne devrait pas se faire attendre. Le ballet diplomatique sans précédent dont Beyrouth a été le théâtre jeudi a visiblement porté ses fruits. Moins de 24 heures après avoir annoncé la détermination du Liban à maintenir la résistance au Sud concentrée dans le secteur des fermes de Chebaa et limitée au seul Hezbollah, l’armée libanaise a arrêté hier neuf Palestiniens et saisi des batteries de missiles Grad et des roquettes Katioucha. Ces arrestations interviennent après une série d’incidents qui ont fait monter la tension dans la région : d’abord une Katioucha tirée mercredi à l’aube en direction de Kiriat Shmona et hier, une série de missiles Grad s’abattant sur le secteur du mont Hermon. Selon le procureur général Adnan Addoum, les autorités concernées ont agi rapidement et les arrestations seraient intervenues en deux temps. À Rachaya et à Tyr La première étape s’est déroulée à Hoche el-Konbaa, dans le secteur de Rachaya, où l’armée a intensifié sa présence depuis mercredi. Au hasard de ses patrouilles, la troupe a arrêté six Palestiniens : Issam Kaddoura, Mohammed Ibrahim, Mohammed Abdellatif, Khalil Mohammed, Walid Issa et Imad Majdi. Dissimulés dans les fourrés, les six hommes étaient en possession d’un lance-missiles de type Grad prêt à être actionné. Ils ont été arrêtés sur ordre du procureur et tous ont reconnu être membres du Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG), dirigé par Ahmed Jibril, lui-même installé à Damas depuis des années. Rappelons que le quotidien israélien Haaretz avait rapporté hier des accusations d’Ariel Sharon contre le même Ahmed Jibril et contre la Syrie, soupçonnés par lui de vouloir faire monter la tension au Liban-Sud et de mener des opérations contre Israël à partir de ce territoire. Toutefois, selon les premiers interrogatoires, les hommes arrêtés ont affirmé avoir agi de leur propre initiative, sans avoir reçu un ordre en ce sens de la part de leur commandement. Propos contestés par le porte-parole du mouvement de Jibril à Beyrouth, Abou Rouchdi, qui a démenti hier que ces personnes appartiennent au FPLP-CG. «Nous n’avons rien à voir avec cette histoire», a-t-il déclaré. En tout cas, les aveux des six Palestiniens – ou ce qui en a filtré – tombent plutôt bien pour que les menaces du Premier ministre israélien contre la Syrie, qu’il accuse d’être derrière les tentatives de déstabilisation au Sud, soient injustifiées. Les six hommes pourraient donc être derrière l’envoi de missiles Grad, jeudi dans le secteur du mont Hermon. La seconde étape des arrestations a eu lieu à Tyr, où l’armée a appréhendé trois autres Palestiniens, dont Mahmoud Alayane (officier du Fateh connu sous le nom d’Abou Mouhajir), en possession d’une rampe de Katioucha, elle aussi prête à être actionnée. Selon Addoum, Alayane aurait fait d’importants aveux, qui lui font assumer la plus grande part de responsabilité dans les derniers incidents dont le Liban-Sud a été le théâtre. Alayane aurait ainsi reconnu avoir lancé la roquette Katioucha à l’aube de mercredi en direction de Kiriat Shmona. Pas de polémique avec les autorités Alayane et ses compagnons se cachaient dans une grotte près de Tyr et s’appêtaient à lancer d’autres Katioucha lorsque les soldats libanais les ont repérés. Tous trois viennent du camp de Aïn el-Héloué. Mais si Mahmoud Alayane est membre du Fateh, les autorités n’ont pas précisé à quelle organisation palestinienne appartiennent ses deux compagnons. Sollicité par les journalistes, le représentant de Yasser Arafat au Liban, Sultan Aboul Aynayn, basé au camp de Rachidiyé (d’où il ne peut sortir puisqu’il est condamné à mort par contumace), s’est contenté de révéler que Mahmoud Alayane était attendu jeudi à Rachidiyé pour participer à une réunion du commandement, mais qu’il n’y est pas venu, sans fournir la moindre explication ni donner signe de vie. Sultan Aboul Aynayn, qui a refusé de commenter les derniers développements, a surtout voulu éviter toute polémique avec les autorités libanaises, rappelant que les Palestiniens n’ont nullement l’intention de provoquer des troubles au Liban ni d’utiliser le Sud pour aider leurs compatriotes dans les territoires occupés. De son côté, l’armée libanaise n’a publié aucun communiqué officiel. Les neuf Palestiniens sont actuellement entre les mains des SR. Lorsque l’enquête préliminaire sera achevée, ils seront déférés devant le parquet militaire. Mais hier soir, il n’a pas été possible de savoir si les trois hommes de Aïn el-Héloué ont agi de leur propre chef, par réaction à ce qui se passe dans les territoires occupés, ou suivant un plan établi par leurs chefs pour ouvrir un nouveau front avec Israël. Ces arrestations ont en tout cas permis aux autorités libanaises de montrer leur détermination à maintenir le calme le long de la ligne bleue (exception faite du secteur de Chebaa) et à empêcher les éléments incontrôlés ou, comme on dit désormais, indisciplinés de semer le trouble. Cette détermination et surtout ses résultats concrets ont suscité l’admiration des diplomates occidentaux, selon notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane. Le Liban tient en tout cas à préciser que les arrestations ne signifient en aucun cas un relâchement dans son appui à la cause palestinienne. Au contraire, tout le Liban est solidaire des Palestiniens agressés dans les territoires occupés, mais il juge qu’un embrasement au Sud ne servirait pas leur cause. Les Palestiniens luttent sur leur sol et les Libanais sur le leur. C’est sans doute pour bien mettre les choses au point que le Hezbollah a lancé hier soir des attaques dans le secteur de Chebaa. Reste à attendre la réaction d’Israël. Scarlett HADDAD
L’équation que l’on devinait s’est précisée hier : le Liban ne tolère aucune action contre Israël à partir de son territoire si elle intervient en dehors du secteur des fermes de Chebaa et si elle n’est pas le fait du Hezbollah. Et pour bien marquer cette nouvelle donne, le procureur général Adnane Addoum a annoncé hier l’arrestation de 9 Palestiniens en possession...