Coopération - Les ambassadeurs de cinq pays européens reçus par Murr L’UE prête à aider le Liban dans la lutte contre l’émigration clandestine

Le problème de l’émigration clandestine kurde en direction de l’Europe occidentale a été au centre d’une réunion que les ambassadeurs de cinq pays membres de l’Union européenne ont tenue hier avec le ministre de l’Intérieur, Élias Murr. La délégation européenne comprenait les ambassadeurs de France Philippe Lecourtier, d’Italie Guiseppe Cassini, de Grèce Georges Gabrielides, d’Allemagne Mme Gisela Kaempffe-Sikora et de Hollande Jan Piet Kleiweg de Zwaan. Ces pays sont, au sein de l’UE, les plus concernés par le phénomène d’émigration clandestine. Il y a près de deux semaines, le bateau Monica, avec 900 Kurdes à bord qui s’étaient embarqués sur les côtes de la Méditerranée orientale, avait échoué sur le littoral de Sicile. L’armateur libanais du bateau a été arrêté à Beyrouth tandis que 17 marins et passeurs de diverses nationalités ont été appréhendés en Sicile. À l’issue de la réunion avec le ministre de l’Intérieur, l’ambassadeur d’Italie a indiqué que l’émigration clandestine kurde vise principalement la Grèce, l’Italie et la France, et d’une manière indirecte l’Allemagne. «Nous avons remercié le ministre de l’Intérieur pour l’opération réussie qu’il a menée il y a quelques jours sur les côtes de Beyrouth et de Tripoli où non moins de 800 Kurdes ont été arrêtés et expulsés vers l’Irak et la Syrie, a notamment déclaré M. Cassini. Cette opération reflète la coopération étroite (avec le Liban). Nous souhaitons poursuivre cette coopération par le biais d’une aide technique. Tel est d’ailleurs l’objectif de notre visite qui a pour but de déterminer de quelle manière il est possible d’aider le Liban à empêcher l’émigration clandestine». M. Cassini a précisé sur ce plan que ce problème revêt un aspect humanitaire du fait que, dans certains cas, des émigrés clandestins se noient au large des côtes européennes. «Près de 65 émigrés clandestins se sont noyés entre la Tunisie et la Sicile», a notamment souligné à ce propos l’ambassadeur d’Italie. Ce dernier point a également été soulevé par l’ambassadeur de France qui s’est élevé contre le fait que l’émigration clandestine fasse l’objet d’un «commerce particulièrement lucratif». «Notre visite (au ministre de l’Intérieur) a pour objectif de préserver les intérêts de ces personnes (les émigrés clandestins) ainsi que nos intérêts à nous. Le ministre Murr a fait montre de compréhension à l’égard de nos préoccupations. Il s’est montré déterminé à former une équipe de travail permanente pour mettre en application les mesures qui s’imposent, dont notamment un échange d’informations». De son côté, l’ambassadeur de Grèce a remercié M. Murr pour sa compréhension, soulignant que cette réunion avait permis de jeter les bases d’une nouvelle coopération dans le domaine de la lutte contre l’émigration clandestine. Notons sur ce plan que, dans un communiqué de presse, l’ambassade d’Italie a indiqué hier que les parquets libanais et italien échangent des informations concernant ce dossier dans le cadre d’une coopération bilatérale dans le domaine judiciaire. «L’ambassade d’Italie, poursuit le communiqué, appelle le Liban à faire preuve de détermination dans la lutte contre le fléau de l’émigration clandestine vers l’Europe à partir du Liban. Ce phénomène risque de s’accroître dans le futur». Le communqué de l’ambassade souligne en outre que «l’Italie est prête à étendre toute forme utile de coopération pour assister le Liban dans la lutte contre ce phénomène et, le cas échéant, examiner toute demande de la part du Liban afin de l’aider par des moyens techniques, maritimes et terrestres».