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Actualités - OPINION

L’analyse d’un diplomate européen Washington hésite à couper le cordon ombilical avec Sharon

Une situation hautement explosive en Cisjordanie et dans la bande de Gaza où déferle l’occupant. Pourtant, le président américain, M. George Bush, affirme comprendre la nécessité pour Israël «de se défendre». Pourquoi une position aussi partiale ? Un diplomate européen en poste à Beyrouth répond en développant l’analyse suivante : Lors de son arrivée au pouvoir, Sharon a obtenu le feu vert de Washington pour écraser l’intifada. Sous prétexte qu’on ne pouvait reprendre les négociations sous la pression de la violence. Car le processus serait inévitablement torpillé par les opérations des radicaux palestiniens. Le délai de cent jours qui lui avait été accordé s’est trouvé automatiquement prorogé après les attentats du 11 septembre, qui ont provoqué une colère américaine extrême. Mais au bout d’un an, force a été de constater que l’intifada ne faisait que se renforcer. Et que les kamikazes portaient désormais leurs coups au cœur même de l’État hébreu. Provoquant une forte psychose au sein de la population israélienne, qui a connu un mouvement d’exode. Les opérations-suicide se sont multipliées et durcies, même après la proposition arabe de paix émanant du sommet de Beyrouth. Aussi, après l’attentat de Netanya qui a fait une vingtaine de tués israéliens, Sharon a pris contact avec le chef de la Maison-Blanche. Pour lui signifier que son gouvernement ne pouvait accepter aucune offre de paix tant que des Israéliens continuaient à être fauchés dans les rues, dans les magasins, dans les restaurants. Il a ajouté que rien ne garantissait l’arrêt de la vague d’attentats, même en cas d’acceptation du plan arabe. Car les organisations extrémistes palestiniennes, qu’il qualifie de terroristes, restent hostiles à tout règlement. Et ne rêvent que de détruire l’État hébreu. Sharon n’a pas hésité à dire à son interlocuteur que son pays se trouvait confronté à un terrorisme encore plus dévastateur que l’épreuve subie par les USA. Ou que les menaces qui pèsent sur cette puissance. Il a ajouté que la priorité des priorités était de liquider l’infrastructure des terroristes, à n’importe quel prix et pour autant de temps qu’il faudrait. Et qu’ensuite seulement il serait disposé à traiter pour mettre un terme au conflit israélo-arabe sur tous les fronts. En répétant que le terrorisme comme il l’appelle menace non seulement Israël mais aussi les régimes arabes modérés ou même le futur État palestinien. Quant aux Arabes, ils ont répliqué à cette prise de position en rappelant à Washington que c’est la politique suivie par Sharon qui suscite la levée en masse de jeunes Palestiniens prêts à sacrifier leur vie pour mettre fin à l’oppression. La ligne obtuse adoptée par Sharon, basée sur la force militaire, engendre ipso facto un équilibre de la terreur. Et torpille la paix. Sans solution de rechange car, soulignent les Arabes, il est chimérique de penser que les Israéliens peuvent pousser les Palestiniens à l’exode comme en 1948 pour s’approprier leurs biens. En effet, les choses ont changé et la violence ne fait qu’ancrer plus les Palestiniens dans leurs terres. Tandis qu’au contraire, ce sont les Israéliens qui entament un mouvement d’émigration notable. Les Arabes ont ajouté, à l’adresse des Américains, que l’intifada prendrait fin le jour où la proposition du sommet de Beyrouth serait acceptée par Israël et produirait une paix réelle. Si des opérations devaient se poursuivre, les gouvernements arabes se chargeraient eux-mêmes d’y mettre fin par tous les moyens. Étant donné qu’à ce moment nul ne pourrait contester que ces actions seraient de nature terroriste. Toujours est-il que Washington ne semble écouter le son de cloche arabe que d’une oreille distraite. Et ne se résout visiblement pas à désavouer Sharon. Mais le diplomate européen cité n’en espère pas moins que la voix de la raison finisse par se faire entendre. Avant que Sharon ne plonge la région tout entière dans une anarchie totale. Avec un risque non seulement de rupture des relations qui lient certains pays à Israël mais même d’une large confrontation militaire. Dont l’issue, en aucun cas de figure, ne saurait assurer la sécurité de l’État hébreu. Émile KHOURY
Une situation hautement explosive en Cisjordanie et dans la bande de Gaza où déferle l’occupant. Pourtant, le président américain, M. George Bush, affirme comprendre la nécessité pour Israël «de se défendre». Pourquoi une position aussi partiale ? Un diplomate européen en poste à Beyrouth répond en développant l’analyse suivante : Lors de son arrivée au pouvoir,...