Actualités - CHRONOLOGIE
Madagascar Nouveaux morts dans la crise entre Ravalomanana et Ratsiraka
le 28 mars 2002 à 00h00
Le «président autoproclamé» de Madagascar, Marc Ravalomanana, tente d’étendre son pouvoir dans les provinces où il durcit nettement le ton, mais la mort de trois de ses partisans mardi à Fianarantsoa (centre) démontre que sa prise du pouvoir ne s’y annonce pas aussi pacifique qu’à Antananarivo. À Fianarantsoa, trois partisans de M. Ravalomanana ont été tués par balles lorsque les forces de l’ordre ont ouvert le feu sur des milliers de manifestants. La foule marchait en direction du palais du gouverneur, fidèle au président sortant Didier Ratsiraka, dans la troisième ville du pays, à 600 km au sud de la capitale. Vingt-neuf autres manifestants ont été blessés, dont sept grièvement, par balles ou éclats de grenades offensives, a indiqué le directeur de l’hôpital de Fianarantsoa, le Dr Léon Rakoto. Les partisans de M. Ravalomanana assurent qu’ils voulaient obtenir la libération de militants arrêtés le matin même. Mais, selon des témoins, dont les propos sont même confirmés par des proches de M. Ravalomanana, il s’agissait là d’une première tentative pour installer ses «Présidents de délégation spéciale» (PDS). Ces PDS sont chargés de remplacer, dans les six provinces malgaches, les gouverneurs nommés par M. Ratsiraka. Ce processus a fonctionné pour les ministres à Antananarivo, pacifiquement, parce que l’armée avait laissé faire. «En dehors d’Antananarivo, M. Ravalomanana a nommé dans les provinces des personnalités quelque peu belliqueuses, sans doute parce qu’il ne voit pas d’autre solution que la force» pour chasser les gouverneurs, analyse un observateur étranger proche du dossier. «Le drame de Fianarantsoa a été déclenché par les arrestations, mais maintenant, c’est vrai, nous sommes partis pour les forcer à la passation des pouvoirs», a concédé Moxe Ramandimbilahatra, directeur de cabinet du «ministre de l’Intérieur» de M. Ravalomanana. «Nous avons la volonté de rendre effectif le pouvoir de M. Ravalomanana partout, on ne va plus reculer», a-t-il ajouté. Mercredi soir, la situation demeurait tendue à Fianarantsoa, le «PDS» Pety Rakotoniaina, un «dur» du camp Ravalomanana, ayant sommé le gouverneur, sur une radio locale, de lui céder le pouvoir, faute de quoi ses partisans marcheraient une nouvelle fois sur son palais. Toamasina, ex-Tamatave, le grand port de la côte est, et surtout le barrage de Brickaville, pièce maîtresse du blocus de la capitale, sur la route d’Antananarivo, demeurent les principaux points de crispation de la «guerre des provinces». Le camp Ratsiraka organise le blocus d’Antananarivo par des barrages routiers en province, et la capitale souffre déjà d’une grave pénurie de carburant. «Pour Brickaville, nous voulons négocier jusqu’au bout mais, si nous ne parvenons pas à convaincre M. Ratsiraka, nous n’excluons pas une action militaire», a assuré l’ancien Premier ministre et conseiller de M. Ravalomanana, Norbert Ratsirahonana. Une partie importante de l’armée a rallié le camp du «président autoproclamé», mais des unités d’élite sont restées fidèles à M. Ratsiraka. «D’ici à quinze jours, si l’on n’est pas capables d’installer partout notre pouvoir, il va falloir forcer les choses», a commenté le «PDS» de Toamasina, Victor Sikonina. Il regrette le «manque de volonté politique et de décision militaire» dans le camp Ravalomanana, a-t-il ajouté. José Andrianoelison, conseiller de M. Ratsiraka, se dit «pessimiste. Dans les provinces, ce n’est pas comme à Antananarivo, les forces de l’ordre ne sont pas formées au maintien de l’ordre. Mais elles sont armées comme des soldats, et si elles utilisent des grenades offensives contre des manifestants plus énervés que dans la capitale, cela ne peut que dégénérer, dit-il. Il n’y a plus de négociations au plan national entre les deux camps», a regretté M. Andrianoelison. «Si Ravalomanana s’installe dans une logique de légalisation par les faits, ils se heurtera à la réaction des amis de M. Ratsiraka qui campent sur la légalité, et on s’installera dans une logique de longue guerre des nerfs», a-t-il conclu.
Le «président autoproclamé» de Madagascar, Marc Ravalomanana, tente d’étendre son pouvoir dans les provinces où il durcit nettement le ton, mais la mort de trois de ses partisans mardi à Fianarantsoa (centre) démontre que sa prise du pouvoir ne s’y annonce pas aussi pacifique qu’à Antananarivo. À Fianarantsoa, trois partisans de M. Ravalomanana ont été tués par balles lorsque...
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