Le prince Abdallah s’adresse au « peuple d’Israël » : Les relations normales passent par une paix véritable(PHOTO)

Principal vedette du sommet de Beyrouth, le prince héritier Abdallah d’Arabie saoudite a prononcé son discours tant attendu dans lequel il a rendu publiques officiellement les grandes lignes de son initiative de paix qu’il avait déjà dévoilée récemment au New York Times. S’adressant directement, pour la première fois, au «peuple d’Israël», le prince Abdallah a proposé «des relations normales avec Israël et la sécurité pour ce dernier, en contrepartie du retrait de tous les territoires arabes occupés, de la reconnaissance d’un État palestinien indépendant, avec Jérusalem-Est pour capitale, et le retour des réfugiés». Le prince Abdallah a notamment souligné que «si le gouvernement israélien abandonne le recours à la force et à la répression, nous n’hésiterons pas à accepter le droit des Israéliens à vivre en sécurité avec les peuples de la région». Nous reproduisons ci-dessous de très larges extraits du discours du prince héritier d’Arabie saoudite : «(...) Je voudrais remercier le Liban, le Liban de la dignité et de l’unité nationale, le Liban de l’arabité avec toutes ses religions et ses fractions, pour avoir accueilli notre sommet en cette période trouble. Malgré les événements passés et ce qui nous attend encore, la question la plus chère au cœur et à l’esprit de chaque membre de notre nation arabe et islamique est la restitution de leurs droits légitimes à la Palestine, à la Syrie et au Liban (...)». «Ceux qui soutiennent l’intifada menée par nos frères en Palestine, qui jouit du soutien de tous les Arabes et de tous les musulmans, savent que la détermination ne faiblira pas, que le courage ne manquera pas et que la justice prévaudra. Chacun en Palestine – qu’il soit jeune ou vieux – sait que la voie de la libération de ses territoires et de sa patrie passe soit par la lutte et la détermination, soit par une paix juste et globale. Il revient donc au gouvernement israélien d’en prendre acte, de le comprendre et de s’engager sur une nouvelle voie, celle de la paix». «En optant pour la paix en tant que choix stratégique, les Arabes n’ont pas agi par impuissance, par désespoir ou par faiblesse. Israël s’induit en erreur s’il s’imagine qu’il est capable d’imposer une paix injuste aux Arabes par la force des armes. Nous nous sommes engagés dans le processus de paix en pleine conscience, les yeux ouverts, et nous n’avons pas accepté et nous n’accepterons pas maintenant que ce processus se transforme en un engagement inconditionnel imposé par une partie à l’autre». «La paix est un accord libre entre deux parties égales. Une paix basée sur l’oppression et la répression n’est pas viable. Le processus de paix a été engagé sur une base tout à fait claire, la terre contre la paix, et c’est ce principe qui a été accepté par l’ensemble de la communauté internationale, qui est concrétisé par les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité, qui a été adopté par la Conférence de Madrid en 1991 et confirmé par les résolutions de l’Union européenne et d’autres organisations régionales, et qui a de nouveau été confirmé, ce mois, par la résolution 1397 du Conseil de sécurité». «Il est clair dans nos esprits, et dans les esprits de nos frères en Palestine, en Syrie et au Liban, que le seul objectif acceptable du processus de paix est le retrait total d’Israël de tous les territoires arabes occupés, l’établissement d’un État indépendant palestinien avec Al-Qods al-Charif (Jérusalem-Est) pour capitale, et le retour des réfugiés. S’il ne s’achemine pas vers cet objectif, le processus de paix devient un exercice futile de jeux de mots, une perte de temps et une simple manœuvre qui perpétue le cycle de la violence. Le retour à la table des négociations devient inutile si ces négociations font du surplace, sans résultat palpable, comme c’est le cas depuis dix ans». Avoir foi en la paix Et le prince Abdallah de poursuivre : «Permettez-moi à ce stade de m’adresser directement au peuple israélien, afin de lui dire que le recours à la violence, depuis plus de 50 ans, n’a résulté qu’en davantage de violence et de destructions, et que le peuple israélien est plus loin que jamais de la paix et de la sécurité, nonobstant sa supériorité militaire et malgré les efforts de domination et de répression mis en œuvre». «La paix naît des cœurs et des esprits, non pas de la bouche des canons et des tirs de missiles. Le temps est venu pour Israël de parier sur la paix après avoir parié, en vain, sur la guerre pendant des décennies. Mais il faut qu’Israël et le monde entier comprennent que la paix et la conservation des territoires arabes occupés sont antinomiques et ne peuvent s’accorder». «Je voudrais également dire au peuple israélien que, si son gouvernement abandonne le recours à la force et à la répression, et recherche véritablement la paix, nous n’hésiterons pas à accepter le droit du peuple israélien à vivre en sécurité avec les peuples de la région». «Nous croyons à la lutte armée pour l’autodéfense et pour repousser l’agression, mais nous ne croyons à la paix que si elle est basée sur la justice et l’équité qui mettent fin à l’agression, et c’est seulement à l’ombre d’une paix véritable que des relations normales peuvent s’établir entre les peuples de la région, pour que les guerres et les destructions cèdent la place au développement». Et le prince Abdallah de conclure : «À la lumière de ce qui précède, et me trouvant ici avec vous et parmi vous, avec votre soutien et celui du Tout-Puissant, je propose que le sommet arabe annonce une initiative claire et unanime adressée au Conseil de sécurité des Nations unies, basée sur deux questions centrales : l’établissement de relations normales avec Israël et la sécurité de ce dernier contre un retrait total de tous les territoires arabes occupés, la reconnaissance d’un État indépendant palestinien avec Al-Qods al-Charif (Jérusalem-Est) pour capitale et le retour des réfugiés». «En même temps, j’appelle tous les pays amis à travers le monde à soutenir cette proposition humaine et noble qui vise à éradiquer le danger que représentent les guerres destructrices et à assurer la paix à tous les habitants de la région, sans exception».