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Actualités - OPINION

L’implantation, un danger toujours pesant

Le credo libanais unanime du rejet de l’implantation, inscrit dans la Constitution même du pays, n’est à tout prendre qu’un vœu pieux. C’est ce que relève un ancien responsable. Pour qui une évidence s’impose : on ne peut prévenir le fait accompli que par un plan d’action détaillé, multiforme. Une nécessité d’autant plus impérative qu’un éventuel règlement de paix régional risque de consacrer ce que certains appellent le droit de non-retour. Soit en laissant traîner les choses indéfiniment, sans solution. Soit en indemnisant le pays-hôte, pour qu’il puisse réduire l’endettement qui l’asphyxie. Sans compter le risque de voir des Palestiniens qui refusent la paix avec Israël organiser des opérations à partir du territoire libanais. Avec le concours éventuel de forces locales qui rejettent également Madrid, comme le Hezbollah. Ce qui referait du Liban en général, et du Sud en particulier, une cible pour des agressions israéliennes et un détonateur régional. Ce péril amène le chef de l’État, M. Émile Lahoud, à répéter avec insistance que la présence des réfugiés palestiniens reste une bombe à retardement tant que le droit au retour n’est pas consacré. L’ancien responsable se demande justement à ce propos si les Libanais vont plus loin que la position de principe en ce qui concerne le rejet de l’implantation. C’est-à-dire s’ils sont d’accord entre eux sur les moyens à mettre en œuvre effectivement pour que les Palestiniens puissent regagner leurs terres. En tenant compte évidemment du fait que ce problème concerne l’ensemble des Arabes, l’Autorité palestinienne en tête. Sur le plan intérieur, il est intéressant de relever que l’implantation se trouve englobée par la Constitution dans le même rejet que la partition. Le texte ne mentionne pas le droit de retour en tant que tel, car il relève au premier chef de la responsabilité de l’Autorité palestinienne et des pays arabes. Le Liban tient naturellement pour sa part à ce que la solution ne se fasse pas à ses propres dépens. Des appréhensions que justifient largement les propositions envisagées jusque-là et qui se résument comme suit : – L’État palestinien une fois créé pourrait accueillir la diaspora. À condition que les intéressés renoncent à leur droit de s’installer dans les zones frontalières dites de la ligne verte. Et qu’ils puissent bénéficier d’indemnités ainsi que des prestations d’une nouvelle agence qui se substituerait à l’Unrwa. Israël affirme pour sa part que tout comme lui-même a implanté des israélites mais aussi des Arabes, en leur donnant la nationalité, les pays d’accueil arabes devraient naturaliser en bloc leurs réfugiés palestiniens et les intégrer à leurs structures socio-économiques, à l’exemple de la Jordanie. – Le fractionnement du dossier et l’établissement d’un barème des indemnisations. Les réfugiés seraient répartis entre Israël, l’Autorité palestinienne, la Jordanie, la Syrie, le Liban et d’autres pays arabes ou occidentaux. Ils auraient droit à la double nationalité palestinienne et du pays d’accueil. Le Liban garderait entre 75 000 et 100 000 de ses hôtes, notamment ceux qui vivent hors des camps. Ou qui sont déjà naturalisés. Le reste serait réparti entre l’Irak, la Libye, le Canada et l’Australie. En tout cas, l’implantation n’est pas combattue par la résolution 194 comme on pourrait le croire. En effet, ce texte dit dans son article 11 : «Il faut permettre le retour, dans les meilleurs délais, des réfugiés qui souhaitent regagner leurs foyers pour vivre en paix avec leurs voisins. Il faut verser des indemnités pour les biens perdus à ceux qui décident de ne pas retourner». Émile KHOURY
Le credo libanais unanime du rejet de l’implantation, inscrit dans la Constitution même du pays, n’est à tout prendre qu’un vœu pieux. C’est ce que relève un ancien responsable. Pour qui une évidence s’impose : on ne peut prévenir le fait accompli que par un plan d’action détaillé, multiforme. Une nécessité d’autant plus impérative qu’un éventuel règlement...