Chirac et Jospin du duel au duo, Hue à toute allure, Madelin sur scène

Jacques Chirac et Lionel Jospin sont passés samedi à Barcelone du duel au duo, pour leur dernier acte européen de cohabitation, tandis que Robert Hue poursuivait son marathon de l’Alsace aux Alpes et qu’Alain Madelin tenait le premier rôle dans un théâtre parisien. Les deux têtes de l’Exécutif ont rivalisé de courtoisie lors de la conférence de presse clôturant le sommet catalan de l’Union européenne où ils ont parlé d’une seule voix au nom de la France. Un assaut de politesse qui contrastait avec la froideur empesée ayant prévalu la veille entre les deux adversaires de l’élection présidentielle. Souriant, se donnant ostensiblement du «Monsieur le Premier ministre», ou «Monsieur le président», MM. Chirac et Jospin n’ont marqué aucune différence de vue sur les sujets à l’ordre du jour et qui sont aussi, à des degrés divers, des enjeux électoraux : l’énergie, les retraites, les services publics... Ils ont même, au détour d’une question, effleuré le sujet qui fâche : «l’âge du capitaine». Le président-candidat a jugé «dans la nature des choses» le relèvement «petit à petit» de «l’âge de la cessation d’activité». Le Premier ministre-candidat a posé le problème du «départ trop rapide des travailleurs expérimentés de plus de 50 ans». Trêve. Pendant cette trêve, le champion des communistes Robert Hue a poursuivi son tour de France électoral, passant en un éclair de Strasbourg à Chambéry puis Grenoble. Il a encore une fois dénoncé une campagne focalisée sur les deux «grands». «Inacceptable et dangereux», a-t-il lancé en visitant le quartier «sensible» du Neuhof. Pointant deux des participants du sommet de Barcelone, il a lancé : «Nous ne voulons ni d’une dérive à la Blair ni d’une dérive à la Berlusconi». Le libéral Alain Madelin avait réuni plus de 500 de ses jeunes partisans, français mais aussi d’Europe de l’Est (Biélorusses, Polonais, Albanais...) dans un théâtre parisien, Comédia. Il leur a parlé «réunification française». Le nouveau «mur de Berlin» qu’il veut abattre sépare, à ses yeux, quartiers cossus et cités difficiles. Le doutes sur l’opportunité de la candidature Taubira ont rebondi au PRG. Une voix qui compte au sein de ce parti, celle de Bernard Charles, président du groupe RCV, a proclamé sa préférence pour un soutien de premier tour à Lionel Jospin. L’idée d’investir la députée de Guyane Christiane Taubira «était bonne», assure M. Charles, «mais elle n’a pas produit son alchimie». Enfin, Jacques Chirac a reçu deux soutiens samedi : celui, franc et massif, du petit CNI, et celui, plus circonspect, de Jean Tiberi, qui fut son successeur à la mairie de Paris. Le maire du Ve, paru récemment aux côtés de Charles Pasqua, a «longuement hésité». Puis il a «choisi l’intérêt général, en laissant de côté» ses «intérêts particuliers». Mais avertit-il dans une interview au Monde, «je n’oublie rien de tout ce qui s’est passé». Pour être encore plus explicite, il ajoute : «Je ne pose aucune condition à mon soutien. Mais si on vient m’attaquer, je sais me battre».