Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Édition - « Raymond Eddé : la République-conscience », de Nicolas Nassif Le Amid, démocrate avec les autres, dictateur avec lui-même (photo)

Qu’aurait pensé, qu’aurait dit Raymond Eddé de la double célébration qui a eu lieu hier en son honneur ? Coïncidant avec la date de son anniversaire – «qui ne sera pas célébré à l’hôtel “Queen Elysabeth” cette année» –, la signature au Centre culturel d’Antélias de l’ouvrage que lui a consacré notre collègue d’an-Nahar, Nicolas Nassif, a été l’occasion pour les amis, les partisans et les admirateurs du grand disparu de lui rendre, en chœur, un hommage de plus. Intitulé Raymond Eddé : la République-conscience, l’ouvrage est une biograhie complète, la première, et une description fidèle de ce politicien exceptionnel disparu il y a 22 mois. On a beau connaître Raymond Eddé et se souvenir de ses qualités d’homme juste, intègre, patriote, fidèle à ses convictions jusqu’au bout, on sera toujours étonné d’en entendre à chaque fois un peu plus, toujours plus, jusqu’à l’épuisement du lexique qui qualifie les grands hommes d’État. En lisant cet ouvrage bien écrit, bien documenté, on reconnaît l’homme, le juriste et le politicien courageux qu’il fut. L’ouvrage nous permet par ailleurs de redécouvrir certains aspects de sa vie, quelques-unes de ses prises de position peu ou mal connues ainsi que le personnage sous des tonalités et des aspects nouveaux, comme l’ont précisé hier certains de ceux qui l’ont connu et qui ont voulu porter témoignage. Mais ce que l’on retient surtout à travers cette œuvre biographique, c’est que, toute sa vie durant, Raymond Eddé a incarné l’éthique même sans laquelle la politique perdrait son essence. Devant une salle archicomble, et en présence de plusieurs personnalités politiques, les intervenants au débat, animé par Jamil Gemayel, un membre du Centre culturel d’Antélias, ont évoqué avec une émotion contenue le Amid, rappelant certains de ses «mots», ses prises de position... M. Gemayel a présenté l’auteur de sa biographie, Nicolas Nassif, à Raymond Eddé : «Vous ne le connaissez pas, Amid. Il est journaliste au Nahar». «Ah, an-Nahar, c’est-à-dire Ghassan Tuéni. Cet homme a joué un grand rôle dans le vote de la 425», aurait pu répondre Raymond Eddé, poursuit Jamil Gemayel, en rappelant que 22 ans durant, le Amid a lutté en faveur de cette résolution-clé. «Ce n’était pas un théoricien politique ni un tribun. Raymond Eddé incarne des prises de position», a encore affirmé Jamil Gemayel. «Ce sont précisément ces prises de position que l’auteur a réussi à mettre en exergue dans son ouvrage, en retraçant la biographie politique du Amid avec rigueur et objectivité», a ajouté le conférencier. À son tour, Marwan Hamadé a remercié le journaliste pour son entreprise, et cette contribution à l’histoire du Liban politique des déplacés, une œuvre «qui m’a rapproché encore plus de Raymond Eddé et consolidé mon amitié pour Nicolas Nassif». Cet ouvrage fait revivre en chacun de nous des pages de l’histoire libanaise au fur et à mesure que s’égrènent les chapitres, a souligné le ministre des Déplacés sur un ton nostalgique. Il ressuscite certaines scènes des années 60, les débuts du Amid en tant que leader politique, rejetant le confessionnalisme et préférant la modération au fanatisme. «Je l’ai vu débattre avec ses collègues, contrôlant ses hommes, se confiant à ses amis, ne faisant preuve d’amabilité et de bienveillance qu’avec les dames, et les déshérités bien entendu». «Démocrate avec les autres, il était dictateur avec lui-même», a encore ajouté Marwan Hamadé. Ce sont les politiciens que l’ancien député de Beyrouth, Tammam Salam, félicitera en premier pour ce livre. Entendre : c’est par eux que l’ouvrage doit être lu en premier. Car il y a assurément des leçons à en tirer. Sur l’homme-conscience, l’homme de l’intégrité, mais aussi sur le sens de la persévérance dans la lutte, sur la liberté et la démocratie, «qui étaient sacrées chez lui», a dit M. Salam. «Si j’en venais à faire tes éloges en te comparant aux hommes politiques d’aujourd’hui, tu serais alors un bienheureux, voire même un saint», dira Albert Mansour en parlant du Amid. Cet ancien ministre, qui a longtemps côtoyé Raymond Eddé, évoque des flashs de la vie de ce «parlementaire démocrate», «ce nationaliste qui a sacralisé l’indépendance du Liban et sa souveraineté». Et le secrétaire général du Bloc national Antoine Klimos de s’adresser lui aussi au Amid, en affirmant que la pensée et la conscience sont désormais en voie d’extinction. «J’aurais voulu que tu sois en vie pour que tu voies ce qui se passe de nos jours et pour que tu exprimes ton avis, comme à ton habitude», a conclu Klimos. Jeanine JALKH
Qu’aurait pensé, qu’aurait dit Raymond Eddé de la double célébration qui a eu lieu hier en son honneur ? Coïncidant avec la date de son anniversaire – «qui ne sera pas célébré à l’hôtel “Queen Elysabeth” cette année» –, la signature au Centre culturel d’Antélias de l’ouvrage que lui a consacré notre collègue d’an-Nahar, Nicolas Nassif, a été...