Dossier régional - Moratinos à Beyrouth : « Un incident majeur a été évité à Ramallah » Solana : L’UE et les États-Unis souhaitent qu’Arafat assiste au sommet de Beyrouth

L’Union européenne et les États-Unis souhaitent que le président palestinien Yasser Arafat puisse se rendre fin mars à Beyrouth pour assister au sommet de la Ligue arabe, a affirmé hier le haut représentant européen pour les relations extérieures Javier Solana. «Si nous voulons avoir un sommet qui soit positif, qui aide à une solution du conflit, Arafat doit être là», a déclaré à la presse M. Solana, en précisant que les Américains étaient «d’accord avec ça». M. Arafat est confiné depuis décembre dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie, encerclée par les chars israéliens. «Nous pensons que l’initiative du prince Abdallah pour le sommet de la Ligue arabe est un moment important et nous aimerions beaucoup que le président Arafat soit là», a dit M. Solana, en ajoutant : «Nous allons tout faire pour qu’il ait la possibilité» de se rendre à Beyrouth. Le ministre palestinien de la Coopération internationale Nabil Chaath a indiqué jeudi à Doha qu’il écartait à ce stade la présence du président Arafat au sommet de Beyrouth. «Les démarches entreprises par plusieurs capitales arabes auprès de Washington pour obtenir des garanties sur la sortie et le retour d’Abou Ammar dans les territoires palestiniens n’ont abouti à aucun résultat», a-t-il dit. Le prince héritier saoudien devrait présenter à ce sommet, prévu les 27 et 28 mars, une proposition de paix prévoyant notamment une normalisation des relations de tous les pays arabes avec Israël en échange d’un retrait de tous les territoires occupés, y compris Jérusalem-Est. M. Solana a estimé «possible» qu’il se rende à nouveau prochainement dans la région, des «consultations» étant actuellement en cours à ce sujet. Selon lui, l’escalade actuelle de la violence doit être arrêtée avant le sommet de Beyrouth. «Si la situation continue comme ça et s’il n’y a pas d’efforts pour réduire la violence, la réunion du Liban peut être plus difficile. Il faut tout faire pour diminuer la tension et créer les conditions pour une perspective politique avant le sommet», a-t-il dit. «Le délai est très court, tous les efforts doivent commencer maintenant», selon lui. Il a rappelé la position européenne selon laquelle «il faut travailler dans la double perspective» d’une approche sécuritaire et politique. Moratinos à Beyrouth Par ailleurs, l’émissaire de l’Union européenne pour le Proche-Orient Miguel Angel Moratinos est arrivé hier soir à Beytrouth, pour des entretiens axés sur le processus de paix. Au salon d’honneur de l’AIB, répondant aux questions des journalistes, M. Moratinos a décrit l’émotion et l’expérience qui ont été les siennes, la veille, quand des hélicoptères israéliens ont tiré des roquettes contre un bâtiment des services de renseignements de Ramallah adjacent aux bureaux du président Arafat , qui le recevait. «J’ai vécu la chute des deux missiles avec une grande surprise. Nous étions tous là, choqués par les événements. C’était un moment de confusion. Parmi les questions que nous avions évoquées durant l’audience figurait celle de la présence du président Arafat au sommet de Beyrouth. Mais l’important, ce n’est pas mon intégrité personnelle, l’important, ce sont les souffrances des Palestiniens et des Israéliens. Je crois que l’incident d’hier révèle encore plus l’urgence d’un arrêt de la violence. J’ai eu une rencontre, ce matin (hier) avec le ministre Shimon Peres, après avoir fait mes adieux au président Arafat, et l’on espère pouvoir sortir de ce cercle infernal». «M. Peres a été très chaleureux avec moi, a enchaîné M. Moratinos. Je crois que la situation est tellement dangereuse qu’il faut éviter une escalade. Les obus sont tombés à 25 mètres de l’endroit où nous nous trouvions. Je ne m’en suis pas rendu compte, hier soir, parce que l’électricité s’est coupée après le second missile, et que nous étions dans le noir. Le présidsent Arafat a voulu me faire évacuer tout de suite et m’a obligé à quitter Ramallah. On a frôlé un incident majeur, mais l’important c’est de regarder vers le lendemain». M. Moratinos sera reçu ce matin par le Premier ministre, puis par le chef de l’État, le général Émile Lahoud, et enfin par le ministre de la Culture. Hammoud aujourd’hui au Caire Le raid israélien dont l’émissaire de l’Union européenne a failli être la victime «porte atteinte à tout projet de paix», a estimé hier le chef de la diplomatie libanaise Mahmoud Hammoud. Ces tirs «constituent une attaque à tout projet de solution (...) et prouvent une fois de plus qu’Israël ne veut pas une paix fondée sur la conférence de Madrid (1991)», a affirmé M. Hammoud à la presse. «Ils représentent une attaque contre tout projet de paix ou initiative de paix», a-t-il souligné. Notons par ailleurs que le ministre des Affaires étrangères se rend aujourd’hui au Caire, où il participera, à partir de demain, à la session ordinaire de la Ligue arabe, qui s’achève dimanche soir. M. Hammoud a annoncé hier qu’il proposera à l’approbation de la ligue un document de travail libanais intitulé «Solidarité arabe avec la République libanaise», qui énumère ce que le Liban considère comme des «constantes nationales» de sa politique étrangère, insiste sur les principes de Madrid (1991) «la paix en échange de la terre», rappelle que le Liban ne considère pas que la résolution 425 est entièrement appliquée et qu’il réclame des détenus libanais dans les prisons israéliennes. M. Hammoud va également soulever la question de la caisse arabe d’appui au Liban, qui sera également posée au cours de la réunion des ministres arabes de l’Économie, qui se tiendra à Beyrouth le 23 mars. Assises arabes : les préparatifs s’accélèrent Dans le cadre des préparatifs à la tenue du sommet arabe les 27 et 28 mars 2002, les ministres des Travaux publics Négib Mikati et de la Culture Ghassan Salamé ont poursuivi hier leur tournée d’inspection des travaux de réfection du réseau routier de la capitale. Les deux ministres se sont également rendus à l’Aéroport international de Beyrouth où ils ont inspecté le déroulement des travaux de rénovation, surtout au niveau du salon d’honneur principal qui sera inauguré à l’occasion de la réception des chefs d’État et des délégations arabes. Ils ont aussi vérifié la progression des travaux en cours d’exécution à la hauteur du pont Cocodi-Khaldé.