TERRITOIRES OCCUPÉS - Powell critique la politique de Sharon Israël frappe près du QG de Arafat, les violences font 14 morts (PHOTO)

Douze Palestiniens et deux Israéliens ont été tués en Cisjordanie et dans la bande de Gaza hier, au cours d’une journée marquée par la poursuite des opérations militaires israéliennes contre les Palestiniens. Des hélicoptères israéliens ont tiré hier soir deux roquettes contre un bâtiment des services de renseignements palestiniens jouxtant l’immeuble des bureaux du président Yasser Arafat à Ramallah, selon des sources sécuritaires palestiniennes. C’est la première fois que des roquettes tombent aussi près des bureaux du président palestinien. L’attaque, qui n’a pas fait de victimes, s’est produite au moment où le président Arafat recevait l’émissaire européen au Proche-Orient Miguel Angel Moratinos. Plusieurs chars et bulldozers de l’armée israélienne entamaient également en soirée une incursion à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, a-t-on indiqué de sources sécuritaires palestiniennes. Ces unités ont avancé d’un kilomètre en territoire autonome palestinien en ouvrant le feu à la mitrailleuse lourde, a-t-on ajouté. Le Premier ministre israélien a affirmé que l’armée avait «reçu un programme d’action visant à porter atteinte aux organisations terroristes et aux structures de l’Autorité palestinienne qui leur viennent en aide». «Ces mesures sont nécessaires pour parvenir à une situation» qui permettra la mise en œuvre d’un processus politique en mesure de résoudre le conflit israélo-palestinien, a-t-il ajouté. Mais, à Washington, le secrétaire d’État américain Colin Powell a explicitement critiqué M. Sharon qu’il a enjoint à «regarder de près» si la politique de fermeté qu’il a adoptée à l’égard des Palestiniens était efficace. L’offensive israélienne avait débuté dans la nuit de mardi à mercredi dans la bande de Gaza. Offensive de large envergure au cours de laquelle sept Palestiniens, quatre membres de la «police maritime» et trois civils, et deux soldats israéliens ont été tués. Ces opérations ont été lancées en représailles au tir de deux roquettes artisanales Qassam II qui sont tombées mardi soir sur la localité israélienne de Sdérot (sud) en blessant un bébé de 18 mois. L’attaque avait été revendiquée par le mouvement radical islamiste palestinien Hamas. C’était la première fois que des roquettes Qassam atteignaient une localité israélienne et faisaient des blessés. Deux autres Palestiniens, porteurs d’explosifs, ont été tués dans la soirée dans le nord de la Cisjordanie. Un Palestinien portant une ceinture d’explosifs a été également tué près d’un barrage militaire dans le nord de la Cisjordanie. Selon des sources sécuritaires palestiniennes, la victime était un membre du Fateh. Le Palestinien, dans un premier temps, a jeté une bouteille incendiaire en direction des soldats postés au barrage et ces derniers l’ont alors pris en chasse, a déclaré le commandant de l’unité israélienne déployée dans le secteur. Deux Palestiniens ont par ailleurs été tués hier soir par des tirs israéliens contre une position de la sécurité palestinienne près de la colonie juive de Netzarim, dans le centre de la bande de Gaza, selon des sources sécuritaires palestinienne et militaires israéliennes. Selon l’armée israélienne, les deux Palestiniens ont été tués au moment où ils posaient une bombe sur la route principale menant à Netzarim. Des artificiers de l’armée s’employaient à neutraliser la bombe, selon la même source. De source palestinienne, on a indiqué que les deux hommes, dont les corps sont aux mains de l’armée israélienne, avaient été tués alors que des chars israéliens bombardaient une position de la sécurité palestinienne près de Netzarim. Ces morts portent à 1 383 le nombre de personnes tuées depuis le début de l’intifada, fin septembre 2000, dont 1 048 Palestiniens et 312 Israéliens. Une école de la ville égyptienne de Rafah, frontalière de la bande de gaza, a également été touchée hier par des projectiles lors d’échanges de tirs entre Israéliens et Palestiniens, a indiqué la police égyptienne sans faire état de victimes. Reflet du sentiment croissant d’insécurité en Israël, le nombre de permis de port d’armes a pratiquement doublé en 2001 après le déclenchement de l’intifada, selon des chiffres du ministère de l’Intérieur, alors que les autorités religieuses du pays ont appelé à une journée de jeûne et de prières pour le 13 mars pour le salut du pays. Peres prêt à des contacts secrets avec Ryad Sur le plan diplomatique, le ministre israélien des Affaires étrangères Shimon Peres a invité hier l’Arabie saoudite à présenter à Israël son offre de paix, lors de contacts «publics ou secrets». «Je me félicite de l’initiative saoudienne et nous sommes prêts à rencontrer des Saoudiens en secret, en public ou avoir des contacts indirects avec eux», a déclaré M. Peres à la tribune du Parlement. Shimon Peres a également affirmé n’avoir aucunement l’intention de quitter le gouvernement d’union nationale de M. Sharon en dépit de la ligne dure que ce dernier a adoptée envers les Palestiniens. M. Peres a néanmoins estimé que le gouvernement devait s’«efforcer de parvenir au plus tôt à un cessez-le-feu qui ouvrira le chemin menant à une solution politique». «Nous sommes dans une situation extrêmement grave, trop de sang a coulé, il y a eu trop de victimes, trop de désespoir», a dit M. Peres. Une délégation parlementaire européenne séjournera jusqu’au 10 mars au Proche-Orient pour des entretiens avec des députés de la Knesset et une rencontre avec Yasser Arafat.