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Actualités - REPORTAGE

CORRESPONDANCE - Donald Sassoon au musée Corcoran De la gauche européenne à la « Joconde » (PHOTO)

WASHINGTON-Irène MOSALLI La Joconde n’est pas un dossier classé. Son énigmatique sourire, un million de fois interprété, intrigue toujours. Pour preuve, la salle comble du musée Corcoran, à Washington, où un expert en la matière, Donald Sassoon, était venu la semaine dernière parler de la dame de De Vinci et de son statut qui reste «hautement culturel et préoccupant». Thème qu’il aborde dans un ouvrage qu’il a publié récemment sous le titre Devenir Monna Lisa : la fabrication d’une icône universelle. Né en Égypte, élevé en France et en Italie, ayant fait des études à la Pen State University et à l’Université de Londres, Donald Sassoon (55 ans) s’est fait d’abord connaître en tant que spécialiste de la gauche européenne, notamment avec son ouvrage Cent ans de socialisme. Il est aussi l’auteur des articles sur le marxisme et le léninisme contenus dans l’encyclopédie Encarta. De là, il prend un tout autre virage et se plonge dans les recherches sur ce qu’il appelle «Les Canons sociaux». À savoir, ce que dit le grand public sur ce qu’il connaît et sur ce qu’il aime, par opposition à ce que l’élite appelle «les grandes œuvres». De même qu’il analyse la manière dont les idées élitistes ont façonné et coloré les perceptions culturelles d’images de marque, telle que la Joconde. 500 ans en l’an 2003 D’autant, fait-il remarquer, que cette toile n’a jamais été conçue pour «jouer les sphinx». Rôle qu’elle a commencé à camper 300 ans après sa conception (1503). Comme on le sait, le portrait est celui de Lisa Gherardini, l’épouse d’un riche commerçant florentin, Francesco del Giocondo. Celui-ci avait demandé à Léonard De Vinci d’immortaliser sa moitié. Le sourire que le célèbre maître avait mis sur les lèvres de son modèle a fait date depuis. Puis, le conférencier a retracé le parcours du tableau. Avant de finir au musée du Louvre, il avait transité dans plusieurs palais français et aussi dans la chambre de Napoléon. Sans compter qu’il avait mis en émoi la prude Angleterre victorienne. Avec beaucoup de verve, Ronald Sassoon dévide ainsi son histoire : «… Et elle a fait boule de neige. C’était une peinture spéciale. Raphaël et bien d’autres l’ont copiée. Et elle était signée De Vinci. Et elle était à Paris. Et tous les intellectuels ont écrit à son sujet. Et elle a été volée. Et Duchamp s’est moqué d’elle en lui ajoutant des moustaches parce qu’il avait besoin de quelque chose connu de tous. Et elle a été aux États-Unis. Tout cela parce qu’elle était belle». Et la dame dans tout cela était restée impassible, alors que tout le monde l’affublait de clichés (mystère et sex-appeal) dont son auteur et ses contemporains n’étaient pas conscients. De plus, ajoute le conférencier quelque peu cynique, ce que le maître a réalisé n’est pas complètement visible de nos jours. Il se réfère au nettoyage qui a pu estomper quelque peu ses sourcils. Il y a aussi l’effet assombrissant du vernis que l’on n’ose pas toucher de peur de changer son expression. Il n’omet pas d’évoquer la déception de certains qui, vu pour la première fois, «peut ne pas laisser pantois, comme la vision du Taj Mahal ou du Grand Canyon». Aujourd’hui, Monna Lisa est mentionnée dans plus de 153 000 sites Internet. En l’an 2003, elle fêtera son 500e anniversaire et recevra en guise de cadeau une chambre à elle seule au musée du Louvre. Son aménagement : environ quatre millions de dollars donnés par la Japan’s Nippon Television.
WASHINGTON-Irène MOSALLI La Joconde n’est pas un dossier classé. Son énigmatique sourire, un million de fois interprété, intrigue toujours. Pour preuve, la salle comble du musée Corcoran, à Washington, où un expert en la matière, Donald Sassoon, était venu la semaine dernière parler de la dame de De Vinci et de son statut qui reste «hautement culturel et préoccupant»....