Actualités - ANALYSE
Un tabou est brisé, mais on reste en deçà d’une vraie normalisation
le 04 mars 2002 à 00h00
Si elle a brisé un tabou, du fait même qu’elle a eu lieu, la visite du président syrien Bachar el-Assad continue de revêtir une certaine ambiguïté, en raison de la forme qu’elle a prise. Certes, le communiqué officiel est clair. Pour sa première visite au Liban depuis qu’il a succédé à son père, en juillet 2000, le président syrien a répondu à «une invitation officielle» de son homologue libanais. Mais le fait que cette visite a été entourée du secret le plus total et qu’elle n’a été annoncée que samedi soir prouve que l’on est loin d’une «normalisation» entre les deux pays. L’importance des mesures de sécurité prises pour assurer la protection du chef de l’État syrien est également une preuve que le climat de soupçon qui entoure, aux yeux de certains, les rapports entre le Liban et la Syrie, n’est pas dissipé. Par ailleurs, même si certains ont voulu y lire une «reconnaissance de souveraineté», il reste qu’en l’absence de relations diplomatiques entre les deux pays, cette reconnaissance continue d’être implicite. Dans les milieux officiels, on a souligné hier que la visite du président Assad répond à un des vœux les plus chers du président Émile Lahoud. À cet égard, le fait que Bachar el-Assad soit arrivé par l’aéroport a donné au Liban l’occasion de déployer tout le protocole réservé aux visites d’État, a-t-on ajouté de même source. La rencontre entre les deux chefs d’État a revêtu un prestige qu’il n’aurait jamais eu si M. Bachar el-Assad était arrivé pour le sommet seulement, assure-t-on de même source, et l’on ajoute que «la volonté de faire parvenir à l’opinion l’image de rapports officiels entre deux États indépendants en a été renforcée». Sur le fond , les relations bilatérales entre le Liban et la Syrie resteront marquées, selon les milieux de la présidence de la République, par ce sommet qui reflète une volonté commune de donner une nouvelle impulsion aux travaux et à la fonction du Conseil supérieur libano-syrien, dont c’était la première réunion au Liban. Le Conseil supérieur libano-syrien se réunit en principe deux fois par an. L’importance de l’événement se reflète aussi, selon les milieux cités, par sa dimension économique, en particulier la décision de faire grâce au Liban, de la moitié de la dette qu’il doit à la Syrie, sous forme d’achat de courant électrique, et le rééchelonnement des sommes dues à partir de l’année prochaine. Selon les milieux concernés, dans l’état actuel des choses, le Liban doit à la Syrie quelque 130 millions de dollars. La Syrie aura remis au Liban une dette s’élevant à 65 millions de dollars. Certaines autres décisions prises par le Conseil supérieur libano-syrien revêtent également un caractère d’aide immédiate, notamment la révision à la baisse du tarif du gaz liquide acheté à la Syrie. Ces mesures ne manqueront pas d’avoir d’heureuses répercussions économiques sur le Liban et la vie quotidienne des Libanais, assurait-on hier soir dans les cercles proches du Premier ministre, où l’on insistait sur la remarquable compréhension des demandes libanaises dont a fait preuve le chef de l’État syrien, en particulier sur la question des échanges commerciaux et de l’écoulement de certains produits libanais sur le marché syrien. À cet égard, la volonté de créer entre le Liban et la Syrie un véritable «marché commun» était évidente.
Si elle a brisé un tabou, du fait même qu’elle a eu lieu, la visite du président syrien Bachar el-Assad continue de revêtir une certaine ambiguïté, en raison de la forme qu’elle a prise. Certes, le communiqué officiel est clair. Pour sa première visite au Liban depuis qu’il a succédé à son père, en juillet 2000, le président syrien a répondu à «une invitation officielle»...
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