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Actualités - CHRONOLOGIE

justice - Le juge d’instruction militaire a lancé 5 mandats d’arrêt Le réseau israélien compte un ancien responsable d’Amal et une femme, en plus des trois membres connus

La plus grosse prise des services de renseignements libanais depuis des années est en fait un réseau formé de 5 personnes, dont un ancien responsable du mouvement Amal entré dans la dissidence et une femme qui est à l’origine du coup de filet. Les 5 personnes ont été entendues hier par le premier juge d’instruction militaire Riad Talih qui a émis 5 mandats d’arrêt contre elles et s’attèle déjà à la rédaction de son acte d’accusation. Une histoire d’un roman d’espionnage et un procès qui s’annonce plein de révélations fracassantes. Au départ, il y avait une jeune femme, Hanadi Ramadan. Originaire de Blat, dans le caza de Marjeyoun, Hanadi se rendait fréquemment dans la zone alors occupée par Israël, pour visiter son village. C’est ainsi qu’elle a pu rencontrer Radouane el-Hajj, qui possède une épicerie à l’entrée du village de Debbine, dans le même caza. En plus de sa boutique et de son sens du commerce, Radouane el-Hajj a hérité de son père Khalil, de solides relations avec les Israéliens, notamment avec Uri Lubrani, ancien coordinateur des activités israéliennes au Liban-Sud. Les grands officiers israéliens en poste au Liban-Sud avaient ainsi pris l’habitude de se rendre fréquemment à son épicerie et tout naturellement, Radouane (âgé actuellement de 38 ans) est devenu l’un de leurs principaux agents dans la région. Coup de foudre et appel d’urgence… Entre Radouane et Hanadi, le coup de foudre a été presque immédiat. La jeune fille a brusquement découvert qu’elle avait besoin de se rendre fréquemment à l’épicerie et, très rapidement, une relation plus profonde s’est nouée entre elle et Radouane qui entre-temps avait divorcé de sa femme. Ce dernier réussit à la convaincre de travailler avec lui pour les Israéliens et il lui arrange un voyage en Israël où Hanadi rencontre des officiers qui la prendront en charge. Hanadi intéresse doublement les Israéliens, car en plus de ses relations au Sud, elle réside habituellement à Beyrouth, et travaille dans la banlieue sud. Elle était donc chargée de bien observer autour d’elle et de rendre compte de tout ce qu’elle voyait. Mais sa trop grande curiosité et sa bougeotte extrême ont attiré les regards sur elle et les services de renseignements se sont mis à l’observer. C’est d’ailleurs grâce à elle que les services libanais ont pu remonter jusqu’à Radouane puis jusqu’au reste du réseau. Radouane avait donc loué une maison à Kleya (caza de Marjeyoun) pour abriter ses amours et ses autres activités avec Hanadi. Et les amoureux se croyaient loin de tous les regards. En mai 2000, lorsque les Israéliens se sont retirés du Liban-Sud, Radouane s’est réfugié en Israël, mettant à profit les services rendus et ses nombreux contacts pour vivre décemment. Mais il restait inquiet au sujet de Hanadi. C’est pourquoi lorsqu’elle l’a contacté pour lui demander de venir d’urgence à Beyrouth parce qu’elle avait besoin de lui, il n’a pas hésité trop longtemps, d’autant qu’elle lui avait assuré que son cas avait été réglé. En fait Hanadi avait été arrêtée et elle avait agi ainsi à la demande des services libanais. Radouane est arrivé à Naqoura et a été aussitôt cueilli par les soldats libanais. Hassan Hachem et les voyages à Londres et Genève Grâce à lui, les services ont pu identifier les autres membres du réseau : Mohammed Abou Melhem, parent proche de Radouane, Imad Rezz et Hassan Hachem, ancien responsable du mouvement Amal, qui, après une tentative malheureuse de renverser Nabih Berry, a fait intervenir les grandes instances pour pouvoir rester dans son village du Sud, à la condition de ne plus faire de politique. Hachem en a donc profité pour faire de la collaboration. C’est d’abord Mohammed Abou Melhem qui a parlé de lui aux services de renseignements libanais expliquant qu’il avait profité de son amitié avec Hachem pour l’enrôler. Il l’aurait donc mis en contact avec des officiers israéliens à Londres et à Genève où il se rendait fréquemment. Abou Melhem était le directeur des changes à la banque Nasr-Libano-africaine sous mainmise depuis 1993. Abou Melhem avait été poursuivi devant la justice pour la faillite de la banque. Abou Melhem a révélé aux autorités libanaises que les Israéliens lui avaient demandé de sonder la communauté arabe dans les pays qu’il visitait et d’établir un vaste réseau de connections, les Israéliens s’intéressant à la situation financière du Liban et des pays arabes en général. Abou Melhem se serait même rendu en Iran à deux reprises sous couvert d’y acheter des tapis pour le compte de grands richards, pour y implanter un réseau. Quant au cinquième membre du réseau, Imad Rezz, expert-comptable connu dans le milieu professionnel, il habitait à Haret Hreik tout près de l’institut d’entraînement et de formation militaire de l’armée libanaise et travaillait comme directeur financier à l’hôpital al-Chark al-Awsat à Ramlet el-Beida, dans le fameux «carré sécuritaire» syrien, puisque c’est là que le chef des renseignements syriens à Beyrouth a établi ses quartiers. Autant de lieux stratégiques qui lui permettaient de donner des informations intéressantes aux Israéliens sans trop se mettre en danger. Rezz utilisait pour cela un téléphone portable israélien spécial, qu’il gardait caché chez lui, pour ne pas attirer l’attention. Ce téléphone a d’ailleurs été saisi par les autorités. Visiblement donc, il s’agit de gros poissons et qui travaillaient depuis 1993. Mais les autorités pensent que le réseau peut encore regrouper d’autres membres. D’autant qu’au cours de son interrogatoire par le premier juge d’instruction militaire, Hassan Hachem est passé aux aveux, livrant d’autres noms, dont certains sont déjà réfugiés en Israël. L’originalité de ce réseau est qu’en plus d’employer des personnes ayant des «professions respectables», il semble avoir étendu ses filets dans de nombreuses capitales européennes et s’intéresse particulièrement à la situation financière des pays arabes et aux jeunes. Les Libanais n’attendront pas longtemps pour connaître tous les détails de ce coup de filet et des activités du réseau puisque la justice militaire semble pressée de juger les 5 personnes arrêtées au plus tôt. Mais déjà, les services de renseignements sont salués pour leur efficacité.
La plus grosse prise des services de renseignements libanais depuis des années est en fait un réseau formé de 5 personnes, dont un ancien responsable du mouvement Amal entré dans la dissidence et une femme qui est à l’origine du coup de filet. Les 5 personnes ont été entendues hier par le premier juge d’instruction militaire Riad Talih qui a émis 5 mandats d’arrêt contre...