Actualités - REPORTAGE
« Comme les garçons » Rei Kawakubo, une avant-garde qui dure(PHOTOS)
Par GEBEYLI Claire, le 28 février 2002 à 00h00
Réussir durant plus de vingt ans à brandir l’étendard de l’avant-garde en méritant l’appellation est un exploit... Un exploit qu’une frêle dame japonaise réussit haut la main. À Paris, de surcroît, ville saturée de talents et de vogues. Rei Kawakubo, la créatrice en question, est la styliste de «Comme les garçons». Vêtements choc, superposés, parfois portés dessous-dessus, en un mot vêtements déconstruits ou reconstruits sans que leur créatrice épuise son intarissable imagination. On peut aimer ou détester le style des vêtements «Comme les garçons», mais on ne peut jamais rester indifférent face à ces tenues étranges de toute référence autre que le génie de leur créateur. Vivant à Tokyo où est localisé le siège de son entreprise, discrète sinon secrète comme le sont les femmes de son pays, Rei Kawakubo ne joue ni à la star ni à la femme d’affaires. Mais douze heures de travail assidu par jour et des collections qui se suivent sur une cadence et une qualité égale depuis vingt ans sans lasser ni le public ni l’imagination créative de leur auteur témoignent de la valeur quasi intemporelle de sa création. D’ailleurs, Rei Kawakubo ne cultive pas un style. Elle explore l’inédit, l’inconnu, voire l’impensable. D’un pull trop grand, troué, elle en fait une pièce métamorphosée en vêtement inédit, savamment rééquilibré dans un ensemble qui étonne et fascine par son étrangeté. «Comme les garçons» propose un habillement-défi, inattendu et fascinant par ses trouvailles et son originalité. Des formes rééquilibrées mais torturées, des trouvailles et des associations de couleurs empruntées aux arts primitifs, des robes à collages, des vêtements à bosse qui révolutionnent l’esthétique et le chic façonnés par la vision occidentale. L’esthétique et l’art africains y sont pour beaucoup mais il y a une remise en question dans cette création qui apporte à la mode une universalité inédite. Déjà en 1997, les costumes des danseurs du célèbre ballet de Marce Cunningham à l’Opéra de Paris étaient l’œuvre de Rei Kawakubo, remettant en question les anciennes conceptions de l’esthétique du corps. Aujourd’hui, où un espace architectural révolutionnaire en béton, entièrement clos, ayant pour dominante la fibre de verre et la couleur rouge, situé au Faubourg Saint-Honoré, à Paris, propose ses vêtements et un aperçu de son œuvre de créatrice de costumes. Rei Kawakubo poursuit la cristallisation de ses visions. À mi-chemin entre Orient et Occident, rêve et réalité, temps et espace, elle compose une fresque qui concrétise une vision de l’art et du vêtement à son image. Envoûtante et secrète, fascinante et bizarre.
Réussir durant plus de vingt ans à brandir l’étendard de l’avant-garde en méritant l’appellation est un exploit... Un exploit qu’une frêle dame japonaise réussit haut la main. À Paris, de surcroît, ville saturée de talents et de vogues. Rei Kawakubo, la créatrice en question, est la styliste de «Comme les garçons». Vêtements choc, superposés, parfois portés dessous-dessus,...
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