SANTÉ – Conférence à l’USJ sur le suivi médical des personnes souffrant d’une surcharge pondérale Maigrir, mais à quelles conditions ?

Le surpoids constitue désormais l’une des caractéristiques de notre société libanaise. Rares sont toutefois les personnes qui connaissent les dangers causés par l’obésité, notamment au niveau de la santé, ainsi que les méfaits des régimes diététiques non équilibrés. Dans le but de sensibiliser les Libanais aux complications de l’obésité, le Centre universitaire de santé familiale et communautaire de l’Université Saint-Joseph a organisé une table ronde sur «Le surpoids et l’obésité : les différentes formes de prise en charge». Cette conférence s’inscrit dans le cadre du programme initié par le centre pour la prise en charge des personnes souffrant d’une surcharge pondérale. La réunion, ouverte au public, a commencé par un dialogue à bâtons rompus entre le Dr Fadi Haddad, spécialiste en médecine interne, et l’audience, constituée principalement de personnes âgées. Un dialogue au cours duquel le Dr Haddad a essayé d’apporter des réponses aux principales questions que se pose tout un chacun : qu’est-ce qui entraîne un surpoids ? Un problème glandulaire entraîne-t-il une surcharge pondérale ? Quand faut-il parler d’obésité ? Quelles sont les complications du surpoids ? «Une alimentation excessive et le déséquilibre entre l’apport calorique et les dépenses énergétiques sont les principales causes d’une surcharge pondérale», explique le Dr Haddad qui précise que 6 000 calories non brûlées par l’organisme se traduisent par un kilogramme supplémentaire sur la balance. Il ajoute que les causes héréditaires et génétiques ne doivent pas être ignorées chez une personne souffrant d’une surcharge pondérale. En ce qui concerne les problèmes glandulaires, le Dr Haddad note qu’ils sont décelés uniquement chez 1 % des personnes obèses. «Il s’agit principalement des dérégulations de la thyroïde et de la glande surrénale», souligne-t-il. Et de poursuivre : «Une personne obèse est une personne dont l’index de masse corporelle (IMC) est supérieur à 30, l’IMC étant le poids de la personne en kilogrammes divisé par sa taille (en mètre) au carré. Le poids de la personne est considéré comme normal si l’IMC est compris entre 20 et 26». S’attaquant aux dangers de la surcharge pondérale, le Dr Haddad indique que cette dernière provoque des complications d’ordre cérébral, cardio-vasculaire et respiratoire. Elle entraîne également une élévation du taux des triglycérides, du cholestérol et de la glycémie dans le sang, comme elle peut causer ou aggraver une arthrose. «Toutefois, une réduction de 5 à 10 % du poids corporel peut réduire de 50 % les risques cardio-vasculaires», constate le spécialiste. Le Dr Haddad conclut en insistant que le traitement de l’obésité nécessite une prise en charge globale qui comporte une alimentation saine, une activité physique régulière, une modification du mode de vie et parfois l’administration de médicaments, selon le cas de chaque patient et suite à un avis médical. Attention aux régimes yo-yo ! De son côté, Mme Nathalie Asmar Yaghi, diététicienne, a mis l’accent sur les tendances qu’ont certains patients à ingurgiter inconsidérément des médicaments supposés entraîner une perte du poids, tels que les diurétiques, les extraits thyroïdiens et les fameuses pilules de concentré d’ananas. «Les diurétiques n’éliminent pas la graisse du corps, note Mme Yaghi. Au contraire, ils suppriment l’eau, le potassium et les sels minéraux de l’organisme, causant des problèmes cardio-vasculaires. Il en est de même pour les extraits thyroïdiens, qui réduisent la masse musculaire et provoquent des palpitations du cœur». En ce qui concerne les pilules à base d’ananas, Mme Yaghi explique que la majorité d’entre elles sont des placebos, c’est-à-dire des substances sans principe actif ayant un effet rassurant sur le patient. Mme Yaghi a ensuite fait le tour des régimes dits «miraculeux», exposant les complications qu’ils provoquent. Ainsi, le régime du Dr Atkins, riche en matières grasses, accroît le taux de cholestérol. Celui de Scarsdale, faible en calcium, entraîne une carence en vitamines nécessaires à l’organisme. Le régime de la Mayo Clinic, quant à lui, est riche en matières grasses et faible en calcium. Sans oublier les régimes dissociés et la célèbre soupe au choux qui, à l’instar des autres diètes, nuisent à l’organisme d’une façon ou d’une autre. «Ces diètes font perdre les kilos facilement et à une vitesse hallucinante, souligne Mme Yaghi. Mais dès qu’elle les arrête, la personne reprend ses kilos aussi vite qu’elle les a perdus. Parfois même, elle en reprend davantage. Elle rentre ainsi dans le cycle vicieux des régimes yo-yo». Il est important donc, selon la diététicienne, de comprendre les causes qui ont entraîné la surcharge pondérale et, par la suite, de les traiter. Pour cela, il faut être suivi par un spécialiste, qui aidera le patient à changer ses habitudes alimentaires, à perdre ses kilos superflus selon un rythme «sain» et à conserver le poids qu’il atteindra. Mme Yaghi clôture son intervention en mettant l’audience en garde contre la mode qui pose parfois des règles «malsaines». L’important, c’est d’atteindre le poids juste, selon la morphologie de chacun des patients, et non le poids idéal, toutes les femmes ne pouvant être des top models. Prenant la parole en dernier, Mme Brigitte Bachouati, infirmière du centre, a parlé du programme de la prise en charge des personnes souffrant d’une surcharge pondérale initié par le Centre universitaire de santé familiale et communautaire. C’est un programme qui a été mis au point en raison du nombre sans cesse en augmentation des personnes souffrant d’un surpoids. Il s’étale sur un an et comporte quatre visites médicales, quatre rencontres avec la diététicienne, quatre avec l’infirmière, ainsi que quatre réunions de groupe. La prochaine conférence aura lieu le 9 mai. Nada MERHI