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Actualités - CHRONOLOGIE

COLLABORATION - Le communiqué de l’armée est resté avare de détails Trois hommes bien introduits dans la société arrêtés pour espionnage (photos)

Depuis l’arrestation d’Ahmed Hallak (agent israélien de haut niveau, exécuté depuis), à la suite d’un scénario digne d’un film d’espionnage, les renseignements libanais n’avaient plus eu une si grosse prise. Trois personnes occupant des postes importants et bien introduites dans les milieux des affaires, formant un réseau d’espionnage pour le compte d’Israël opérant depuis 1993, l’affaire vaut la peine qu’on s’y arrête. Même si, pour l’instant, les sources autorisées restent discrètes, le temps d’arrêter d’autres membres éventuels du réseau. En tout cas, le coup de filet tombe à pic après la campagne menée contre les services par certaines parties politiques. Cette fois, l’affaire semble sérieuse et le mutisme des autorités est particulièrement révélateur. D’ailleurs, le communiqué de la direction des renseignements militaires en dit juste assez pour allécher les citoyens, sans fournir de détails sur les dates des arrestations et le stade atteint par l’enquête préliminaire. Ce qu’on a donc le droit de savoir, à l’heure actuelle, c’est que trois personnes, de nationalité libanaise – le directeur de l’hôpital al-Chark al-Awsat, à Ramlet el-Beïda, Imad Hussein el-Rezz (43 ans), l’ex-directeur adjoint de la Lebanese African Bank basée à Hamra (Beyrouth), Mohammed Abdel-Aziz Abou Melhem (45 ans), et un homme d’affaires et commerçant de 38 ans, Radwane Khalil el-Hajj –, travaillaient depuis 1993 pour le compte d’Israël. Selon le communiqué, ces trois personnes arrêtées après une longue filature seraient passées aux aveux, au cours de leur interrogatoire par les enquêteurs militaires. Mais ceux-ci étaient déjà sur le coup depuis quelque temps déjà, se doutant grâce à de nombreux indices de l’existence d’un tel réseau. Aux journalistes anxieux d’en savoir plus, la direction de l’information au sein de l’armée a promis que tout sera dévoilé en temps voulu et, de toute façon, les trois personnes, actuellement placées au secret et dans l’isolement total, seront bientôt déférées devant le juge d’instruction militaire, comme dans toute affaire tournant autour de la collaboration avec l’ennemi. Enrôler de nouvelles recrues En tout cas, les détails divulgués jusqu’à présent précisent que les trois hommes étaient chargés par des officiers israéliens de collecter des informations sur l’armée syrienne au Liban et en Syrie et sur le Hezbollah. Au Liban, tout le monde connaissant les secrets de tout le monde, la mission des trois hommes était assez facile. Le plus difficile était pour eux de communiquer les informations rassemblées aux Israéliens eux-mêmes. Apparemment, l’opération se faisait dans les ambassades israéliennes des capitales européennes, dans lesquelles les trois hommes se rendaient régulièrement et séparément, sous couvert de missions diverses, commerce pour l’un, mise à jour médicale pour l’autre et visite des banques pour le troisième. Selon certaines informations, il s’agirait notamment de Rome, où Mohammed Abdel-Aziz Abou Melhem se rendait fréquemment. Ce dernier avait d’ailleurs déjà eu maille avec la justice en 1995 et avait été interrogé par le juge Abdallah Hajj pour escroquerie financière. Ce serait d’ailleurs grâce à lui que les renseignements militaires auraient réussi leur coup de filet. Les trois hommes, qui agissaient chacun de son côté, dans la plus pure tradition des services de renseignements où tout est cloisonné, étaient aussi chargés d’enrôler d’autres personnes pour agrandir le réseau actif et éventuellement se tenir prêts pour des actions sur le terrain, le moment venu. Un peu dans le genre de la voiture piégée, placée devant la boutique du frère de Imad Moghnié à Bir el-Abed en décembre 1995, par Ahmed Hallak, qui s’était réfugié dans la bande frontalière alors occupée, une fois son forfait accompli. Les services de renseignements de l’armée avaient réussi à l’enlever avant de l’interroger puis de le déférer devant le tribunal militaire. Dans le cas révélé hier, la direction des renseignements au sein de l’armée ne veut pas agir avec précipitation, d’autant que tous les membres du réseau n’ont pas encore été identifiés. Alertés maintenant, ils risquent de s’évaporer dans la nature, et c’est pourquoi les sources de l’armée préfèrent rester discrètes. Ce qu’elles révèlent encore c’est que des sommes assez importantes ont été versées aux trois agents et aux autres membres du réseau, qui, grâce aux trois premiers, ont pu rencontrer des officiers israéliens hauts placés dans la plus grande discrétion dans les ambassades israéliennes de certaines capitales européennes. S’agit-il d’un grand complot visant la stabilité du Liban ou d’un réseau plus ou moins dormant dont la mission essentielle est de récolter des informations ? Les prochains jours apporteront certainement de nouveaux éléments sur les détails des entrevues avec les Israéliens et les demandes formulées par ces derniers. L’affaire en tout cas permet aux Libanais de se souvenir qu’ils n’en ont pas fini avec Israël et que la vigilance doit rester de mise…
Depuis l’arrestation d’Ahmed Hallak (agent israélien de haut niveau, exécuté depuis), à la suite d’un scénario digne d’un film d’espionnage, les renseignements libanais n’avaient plus eu une si grosse prise. Trois personnes occupant des postes importants et bien introduites dans les milieux des affaires, formant un réseau d’espionnage pour le compte d’Israël...