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Actualités - CHRONOLOGIE

Vie politique - La troïka n’a pas perdu tous ses tics Passes d’armes feutrées dans les allées du pouvoir

L’heure et la vedette sont aux chiffres. Ballottée entre les données confuses, contradictoires, que responsables, opposants et médias lui livrent sur la TVA, la dette publique, la vraie-fausse augmentation des salaires, l’opinion en a le tournis. Et ne s’aperçoit pas que derrière l’écran de fumée des remous socio-économique, une lutte sourde de pouvoir se poursuit dans les coulisses. Une opacité qui fait écho, dans le domaine politique, au manque gouvernemental de transparence en matière financière. Une discrétion concertée qui fait les choux gras des détracteurs de M. Rafic Hariri, aussi nombreux dans le camp dit loyaliste qu’au sein des courants multiples de l’opposition. Pour simplifier un tableau par trop complexe, il suffit de relever qu’une question fuse de toutes les lèvres sceptiques : comment ? Comment M. Hariri va-t-il s’y prendre pour alléger la dette publique, alors qu’il va devoir gommer les recettes douanières, puisque TVA il y a. Comment va-t-il comprimer les dépenses publiques et réduire le déficit budgétaire, quand la Sécu est obligée de casquer des allocations d’enseignement démultipliées. Comment rétablir une confiance indispensable au redressement, quand les zizanies politiciennes se démultiplient. Et quand de larges pans du commerce, cette colonne vertébrale du pays économique, sont condamnés à la scoliose. Tant par la persistance du marasme que par la menace de voir les marchés se déglinguer à la faveur de la levée de la protection des agences exclusives. Enfin et surtout, comment et par quoi remplacer ce Paris II qui commence à ressembler furieusement à un mirage, à l’ombre des pressions US. Avant que de répondre à ces pernicieuses interrogations techniques, les haririens prennent soin de déferler dans les médias télévisuels ou autres pour polémiquer à tous crins. Plutôt que d’aborder le fond du problème, ils s’attachent à critiquer les critiques. Pour taxer en gros l’opposition d’irresponsabilité nationale. En lui reprochant de mettre des bâtons dans les roues du gouvernement (de son chef plus exactement), alors qu’il se répand en efforts herculéens pour sortir de l’ornière le char de l’État. Sans hésiter à laisser entendre que des âmes charitables associées au pouvoir ne seraient pas trop mécontentes de voir le président du Conseil en difficulté, pour ne pas dire en déconfiture. La confiance règne donc dans le panier de crabes. À tel point que faisant fi des consignes de cohésion données par les tuteurs, nombre de ministres n’hésitent pas à tirer à boulets rouges sur le président du Conseil. Pour affirmer, notamment, que de toute évidence il n’a élaboré aucun plan stratégique, ni politique ni économique, et qu’il va de l’avant au coup par coup. «La TVA est mal comprise, impopulaire ? Dévions le débat sur les agences exclusives, faisons croire au bon peuple que les prix vont s’effondrer avec la chute de la protection». C’est ce genre de fuite en avant démagogique que les ministres frondeurs, autant que les opposants déclarés, imputent au chef du gouvernement. L’un de ces impénitents contestataires, peu soucieux de respecter le secret des délibérations, révèle qu’au cours d’un récent Conseil des ministres, il s’est permis de faire remarquer à M. Hariri qu’aucun des membres du cabinet ne connaît la teneur du programme politique du gouvernement, si tant est qu’il existe. Pour sa part, le ministre de la Défense, M. Khalil Hraoui, observe en substance que tout naturellement, la situation étant ce qu’elle est, le projet du gouvernement doit être principalement articulé sur le problème financier. Dès avant l’adoption du budget 2002, un débat animé avait marqué l’une des réunions de l’Exécutif. L’ordre du jour portait sur la situation générale du pays, mais très vite l’ensemble des intervenants avait ciblé le dossier des finances publiques. Car, comme nul ne l’ignore, ce sont la dette publique et le déficit budgétaire qui affectent le plus gravement l’économie du pays. Comme on s’en doute, les ministres avaient insisté pour une éradication du gaspillage, une compression effective des dépenses improductives, une amélioration de la perception fiscale ou autre et une accélération du processus des privatisations. Oubliant un peu que les dignitaires du pouvoir de tous horizons n’entendent pas se priver eux-mêmes de certains avantages comme les voyages aux frais de la princesse, l’un de ces ministres soutient que le chef du gouvernement n’est pas vraiment favorable à la compression des dépenses publiques. Pourquoi ? Parce que, selon ce responsable, M. Hariri pense toujours que l’austérité est susceptible d’aggraver la paralysie économique. Et qu’il faut au contraire engager des fonds pour lancer des projets, des travaux, des chantiers, comme pour soutenir le secteur privé. Cette idéologie dite libérale, M. Hariri ne s’en cachait effectivement pas, quand M. Sélim Hoss était au pouvoir. Mais une fois qu’il lui a succédé, il n’a pas tardé à faire savoir, par le truchement de M. Fouad Siniora, qu’il fallait fermer les robinets. On peut donc estimer que les reproches ou les suspicions dont il fait l’objet de la part même de ses ministres ne sont peut-être pas très fondés. D’autant que les caisses sont archi-vides. Tout comme, d’ailleurs, l’escarcelle du Libanais lambda. Philippe ABI-AKL
L’heure et la vedette sont aux chiffres. Ballottée entre les données confuses, contradictoires, que responsables, opposants et médias lui livrent sur la TVA, la dette publique, la vraie-fausse augmentation des salaires, l’opinion en a le tournis. Et ne s’aperçoit pas que derrière l’écran de fumée des remous socio-économique, une lutte sourde de pouvoir se poursuit dans les...