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Actualités - OPINION

Privatisations - Les repreneurs ne se pressent pas au portillon Toujours de l’électricité dans l’air

C’est un phénomène mondial, d’ailleurs dû en partie à la mondialisation : la mode des rachats d’entreprises en difficulté, si florissante du temps où Tapie n’était pas encore au tapis, bat fortement de l’aile. Justement, dans le domaine de l’aviation civile, on assiste actuellement à une cascade de déconfitures, une flopée de compagnies aériennes tous azimuts et tout volume que personne ne veut renflouer. Cette tendance au plongeon, vieille de la récession planétaire de 97, s’est trouvée naturellement décuplée par les effets des attentats du 11 septembre. Et ce qui est vrai pour le secteur privé l’est encore plus pour le secteur public. Ici encore plus qu’ailleurs. Car le bilan des organismes virtuellement cessibles ne peut que rebuter les repreneurs potentiels. À tel point que, selon la plupart des professionnels, il n’est même plus possible de brader ces structures, personne n’y trouvant son compte ultérieur, même à un prix de base quasi symbolique. C’est ce constat que les observateurs tirent du portrait-robot catastrophique récemment établi par la LBCI au sujet de l’Électricité du Liban. Ce scanner télévisuel montre, chiffres documentés à l’appui, les vertigineuses disparités au niveau de la perception. Malgré la généreuse, et tout à fait involontaire, contribution gonflée imposée à l’Est, l’EDL n’arrive pas à équilibrer ses comptes. Et son ardoise cumulée, que le Trésor assume, commence à représenter un sérieux quota dans le déficit global du budget étatique. Cela sans compter le souci pesant que suscite l’état cahotique et chaotique du réseau de distribution comme des installations énergétiques. Le reportage cité, qui prend valeur de rapport imagé, confirme nos propres indications antérieures. À savoir le tableau synoptique suivant : – Beyrouth et le Mont-Liban consomment 58 % du courant produit, et paient pour cela 539 milliards de LL. – Pour les 42 % restants, le Nord, le Sud et la Békaa ne déboursent que 86,5 milliards. – En taux comptables, cela signifie que le centre assume 86,5 % de la note et la périphérie 13,5 %. Alors que la facture de cette frange devrait être de 390 milliards, soit un manque à gagner pour l’EDL de quelque 306 milliards, excusez du peu comme on dit. Indépendamment de l’évidente frustration sociopolitique, qui s’ajoute à tant d’autres issues de l’application tronquée de Taëf, les discriminations électriques posent tout bonnement la question même de l’État. Comment peut-il prétendre couvrir de son autorité l’ensemble du pays quand il n’arrive même pas à recouvrer son dû dans de vastes régions ? À plusieurs reprises, l’EDL a tenté de redresser la barre par la divulgation dénonciatrice de listes de personnes, morales ou physiques, frappées d’amnésie côté quittances à régler. Des enquêtes judiciaires ont été même diligentées, il y a plusieurs (dizaines de) mois. On en attend toujours les résultats. Quoi qu’il en soit, le président du nouveau conseil d’administration, M. Kamal Hayeck, s’est attelé d’entrée de jeu à l’élaboration d’un bulletin de santé précis de l’EDL. Il se propose de soumettre ses conclusions au Conseil des ministres dans les meilleurs délais. Quant au rapport précédent établi par le ministre de tutelle, M. Mohammed Abdel Hamid Beydoun, les choses vont si vite et si mal dans ce secteur que ses observations sont déjà caduques. Pour en revenir à M. Hayeck, il lui est vite apparu que la cause du mal est d’ordre financier. Et que le délabrement est principalement dû aux défaillances en matière de recouvrement des factures. Le manque de moyens a évidemment pour effet de bloquer la maintenance technique qui nécessite un remplacement régulier des pièces. D’autant que la plupart des centrales, d’âge canonique, sont au bord de la vétusté et qu’il leur faudrait un sérieux lifting. Résultats des courses : l’EDL coûte par an au Trésor public 500 millions de dollars. Sans compter les deux milliards de dollars engloutis dans des efforts de réfection restés sans effet faute d’un plan global de réhabilitation. Un sommet du gaspillage, en somme. Cependant, le président du Conseil, M. Rafic Hariri, mise un peu sur les Italiens, qu’il a démarchés récemment, pour leur refiler le poupon. Après sa visite à Rome, il a en effet annoncé qu’ils semblent intéressés par son projet de privatisation. Mais à dire vrai, on indique de source informée que les Italiens, aussi désireux qu’ils soient d’aider le Liban, n’ont pas manqué de poser des questions plutôt réticentes sur le bébé qu’on veut leur faire adopter. Avec d’autant plus de scepticisme que la société contractante de la maintenance vient d’adresser une réclamation pressante au gouvernement libanais pour qu’il lui paie les arriérés qu’il lui doit. Ce qui vient rappeler à point nommé que les affaires sont les affaires et qu’il ne faut pas les confondre avec des activités caritatives. Ainsi, l’ambassadeur américain, M. Vincent Battle, a posé récemment des questions bien ciblées sur les secteurs que l’État libanais voudrait privatiser. En indiquant que des groupes d’investisseurs US pourraient être intéressés. Si les cahiers des charges leur semblent prometteurs. Ce qui semble peu probable tant qu’un début de ménage n’est pas fait au niveau de l’administration locale. Philippe ABI AKL
C’est un phénomène mondial, d’ailleurs dû en partie à la mondialisation : la mode des rachats d’entreprises en difficulté, si florissante du temps où Tapie n’était pas encore au tapis, bat fortement de l’aile. Justement, dans le domaine de l’aviation civile, on assiste actuellement à une cascade de déconfitures, une flopée de compagnies aériennes tous azimuts et...