FAUNE Requin-marteau sans père

Les responsables d’un zoo du Nebraska s’interrogent sur l’origine de la naissance d’un squale de la famille des requins-marteaux dont la mère n’a pas été approchée par un mâle de son espèce. Les trois femelles qui vivent dans un aquarium «n’ont jamais été en contact avec un mâle de leur espèce depuis qu’elles sont arrivées ici bébé», explique le directeur du zoo Henry Doorly d’Omaha, Lee Simmons, pour lequel ce cas apparent de parthénogenèse mérite une étude approfondie. La parthénogenèse est la reproduction à partir d’un ovule ou d’une oosphère non fécondés. Fréquente chez les pucerons, elle est occasionnellement observée chez les amphibiens et les oiseaux, et a été obtenue expérimentalement chez la lapine, mais aucun cas n’a encore été signalé chez les requins, même si le sperme d’un squale peut survivre dans l’appareil reproducteur plusieurs mois, voire plusieurs années. Les trois femelles, dont l’une a pu donner naissance au petit squale, ont certes été en contact avec un requin chabot dans leur aquarium, mais la différence de tailles en ces deux espèces est telle – un requin-marteau peut atteindre une taille de trois à cinq mètres alors qu’un requin chabot ne dépasse pas un mètre – que cela reviendrait «à l’insémination d’un saint-bernard par un chihuahua», précise Lee Simmons. Des prélèvements d’ADN ont été effectués cette semaine sur les femelles âgées de trois ans et sur le corps du nouveau-né qui est mort cinq heures après sa naissance, le 14 décembre, après avoir été piqué par une pastenague, une grande raie possédant un aiguillon venimeux sur la queue, qui vit dans le même aquarium. Il faudra plusieurs semaines pour déterminer à partir de ces prélèvements laquelle des trois femelles était la mère du jeune squale et qui a pu la féconder. «Nous voulons savoir s’il y a eu un père ou s’il y a eu une étrange hybridation d’espèces. Ça fera une thèse de recherches sacrément intéressante», s’enthousiasme Lee Simmons.