Non, ce n’est pas un paradis fiscal

Les initiateurs du projet s’en défendent, les autorités fiscales s’interrogent, les intéressés protègent leur anonymat... Les multimillionnaires ayant acheté un appartement sur le World, paquebot itinérant pour nantis, se sont-ils, ce faisant, réfugiés dans un nouveau paradis fiscal ? «C’est un leurre. Ça n’a jamais été un paradis fiscal. Ce n’est pas parce que le bateau est immatriculé aux Bahamas que vous tombez sous le régime fiscal de ce pays», affirme catégoriquement Frédy Dellis, directeur général de ResidenSea, la compagnie qui a porté le World sur ses fonts baptismaux. Selon M. Dellis, aucune des 80 personnes ayant acquis jusqu’ici l’un des 110 appartements mis en vente ne l’a fait pour des considérations fiscales, même si l’expatriation offre certains avantages. «En Angleterre, par exemple, si l’on vit à l’étranger pendant la moitié de l’année, on peut déduire de ses taxes le montant des revenus gagnés durant cette période», explique-t-il. «Nous avons toujours bien fait attention à ne pas utiliser cela comme un argument de vente», souligne, pour sa part, Hans Christian Magnus, directeur du marketing de ResidenSea. «Il faut justifier aux autorités de son pays que l’on paie bien ses impôts ailleurs, assure-t-il. Mais ça n’est pas notre problème», ajoute-t-il aussitôt. Les autorités fiscales norvégiennes sont, quant à elles, dans le brouillard le plus complet, aucun texte n’existant apparemment sur la question de la résidence fiscale de personnes passant le plus clair de leur temps dans les eaux internationales. «Je croyais que l’idée de départ, c’était qu’ils ne paieraient de taxe nulle part», s’étonne un conseiller légal au sein de la Direction des impôts norvégienne.