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Actualités - CHRONOLOGIE

Liban-Italie - Berlusconi a promis de visiter Beyrouth prochainement Hariri obtient un plein appui politique et économique de Rome (photo)

La brutale éruption de violence dans les Territoires, la semaine dernière, a pratiquement pris le dessus sur les entretiens officiels du chef du gouvernement Rafic Hariri, jeudi à Rome, mais sans occulter les sujets d’ordre économique, principal élément à l’ordre du jour de ses discussions avec les dirigeants italiens. Mais lorsqu’on interroge le président du Conseil, après son entretien avec son homologue italien Silvio Berlusconi, sur le point de savoir s’il était porteur d’une proposition quelconque de règlement du dossier régional, au moment où l’on parle de plus en plus d’une initiative européenne visant à mettre fin à la violence dans les Territoires et à ramener les parties au conflit (dont le Liban) à la table des négociations, il répond par un sourire énigmatique et marque une pause de quelques instants avant de lâcher, sur un ton encore plus mystérieux : «Rien n’est exclu». Il n’en dira pas plus, mais il fera montre d’une plus grande loquacité en exposant les résultats de ses entretiens économiques avec son homologue italien Silvio Berlusconi, les présidents du Sénat Marcello Pera et de la Chambre des députés Pierferdinando Cassini. Placée sous le signe de la coopération économique, la visite de quarante-huit heures, que M. Hariri a effectuée mercredi et jeudi dernier à Rome, a débouché sur un engagement commun libano-italien à développer les relations bilatérales dans les domaines économique, touristique et politique. Rome a marqué un intérêt soutenu dans les projets de privatisation envisagés par Beyrouth et a promis de prendre part à toute réunion internationale dont l’objectif serait de soutenir économiquement le Liban, en allusion à Paris II. Zoom sur le volet politique de la visite à Rome de M. Hariri qui préconise comme on le sait une conférence internationale sur le Proche-Orient. Le Liban et la Syrie, dont le président Bachar el-Assad se trouvait également dans la Ville éternelle, jeudi dernier, sont favorables à un rôle européen accru dans la région. MM. Hariri et Assad, qui ont eu l’occasion de passer en revue – au Grand Hôtel, où le président syrien séjournait – les résultats de leurs entretiens avec les dirigeants italiens, avaient tous deux plaidé auprès de leurs interlocuteurs en faveur d’un rôle européen plus soutenu pour contrebalancer celui que les États-Unis jouent et qu’ils voient mal déboucher sur un arrêt de la violence dans les Territoires. Cette démarche libano-syrienne revêt d’autant plus d’importance qu’elle intervient quelques semaines avant la tenue du sommet européen de Barcelone à l’ordre du jour duquel le dossier régional est inscrit. La politique du Premier ministre israélien Ariel Sharon ferait l’objet de nombreuses réserves en Europe, indique-t-on de sources proches du chef du gouvernement. En Italie, ajoute-t-on, M. Hariri a perçu auprès de ses interlocuteurs un vif mécontentement vis-à-vis de la politique du gouvernement israélien. De mêmes sources, on souligne que les dirigeants italiens sont conscients de la nécessité d’entreprendre une action de nature à initier un «nouvel élan ou une nouvelle impulsion politique». L’intérêt porté en Italie au dossier régional s’est reflété tout autant dans la rencontre de M. Hariri avec un groupe d’hommes affaires et de journalistes italiens dont les questions adressées au chef du gouvernement portaient davantage sur le conflit israélo-arabe que sur les perspectives d’investissement dans le pays. Face à certaines questions qui laissaient transparaître une certaine indulgence vis-à-vis de la politique israélienne, M. Hariri s’est lancé, sur un ton passionné, dans un véritable exposé historique dont l’objectif était de montrer, par les faits, à une assistance qui hochait la tête de temps en temps en signe d’acquiescement, que l’État d’Israël a été créé artificiellement et n’a pas de légitimité puisqu’il a été fondé sur une terre spoliée par la force à un autre peuple. «Vous savez tous pourquoi l’État d’Israël a été créé en 1948. Les Arabes n’ont commis aucune erreur. Les Israéliens ont pris par la guerre 78 % du territoire palestinien et chassé son peuple. En 1967, ils ont pris les 22 % qui restaient. Toutes les hostilités qui se déroulent aujourd’hui portent sur ces 22 %. Non contents d’avoir occupés 78 % du territoire palestinien, les Israéliens veulent partager avec les Palestiniens les 22 % qui restent. De nombreux dirigeants de la région parlent de paix juste et durable. Personnellement, je n’utilise pas cette expression. Je parle de paix conformément aux résolutions des Nations unies, fondée donc sur la légalité internationale et non sur la justice. Parce qu’elle est où, la justice, dans l’expulsion d’un peuple de sa terre pour la prendre, en prétextant une situation internationale; parce qu’il y a eu la Deuxième Guerre mondiale et que les juifs avaient un problème ? Et ce n’était pas avec nous qu’ils l’avaient. Nous avons toujours vécu avec les juifs, sans jamais avoir de problèmes avec eux. Même à l’avenir nous n’aurons pas de problèmes religieux avec eux. Notre seul problème avec les juifs est d’ordre politique. Voilà pourquoi nous disons que la paix est possible. Elle doit être cependant fondée sur quelques chose de précis». Il a été longuement applaudi. M. Hariri a insisté sur le fait que les Israéliens «n’ont jusqu’à présent pas décidé de vivre en paix avec les Arabes», en mettant en relief leur obstination à garder «quelques mètres de chaque territoire arabe qu’ils occupent» et à «imposer leurs conditions de dialogue aux Palestiniens alors qu’ils occupent leur pays». Son entretien avec Silvio Berlusconi, a-t-il ajouté, a mis en évidence une concordance de vues sur la nécessité de mettre fin à la violence au Moyen-Orient et d’appliquer les résolutions internationales. «Nous n’avons pas discuté de la convocation d’une conférence internationale sur le Moyen-Orient (proposée par Rome), mais nous avons débattu de l’utilité d’une initiative européenne visant à régler le conflit régional. Nous soutenons toute initiative européenne prise dans ce sens parce que nous croyons ferme que l’Union européenne est capable de proposer une solution à ce conflit», a-t-il renchéri. Le volet économique de la visite Auparavant, M. Hariri avait longuement exposé aux hommes d’affaires italiens le programme appliqué par son gouvernement pour faciliter les investissements dans le pays ainsi que les grandes lignes de la réforme dans laquelle son équipe est engagée pour assainir la situation financière et économique locale. Il a abordé ces questions plus en détail avec son homologue italien, en insistant sur l’obstacle que pose notre énorme dette publique à un redressement économique. Aussi, a-t-il exprimé le souhait que l’Italie, qui est le premier partenaire commercial du Liban, «joue un rôle pionnier au sein de la communauté internationale pour assurer le succès des réformes menées par Beyrouth et pour alléger le poids de sa dette», selon un communiqué de la présidence italienne du Conseil. Accompagné des ministres Mahmoud Hammoud, Georges Frem et Bassel Flayhane, M. Hariri a été reçu par son homologue italien, au terme d’une visite au maire de Rome, Walter Veltroni, suivie de deux entretiens avec les présidents du Sénat et de la Chambre. Selon des sources proches du chef du gouvernement, les deux hommes ont tout de suite sympathisé. Ils se sont trouvé plusieurs points communs : «Les deux sont surtout pratiques et aiment passer directement à l’action. Dès qu’une idée était avancée par le chef du gouvernement, M. Berlusconi donnait immédiatement ses instructions à ses collaborateurs pour en assurer le suivi afin qu’elle soit concrétisée rapidement». Les deux dirigeants se sont ainsi entendus sur l’accroissement du volume de la coopération économique libano-italienne et sur la promotion du tourisme au Liban, par le biais de rencontres avec les agences italiennes de voyages et de campagnes publicitaires sur le tourisme au Liban. De sources de la délégation libanaise, on a mis l’accent sur l’intérêt manifesté par le président du Conseil italien aux projets de privatisation de certains secteurs publics, notamment l’électricité. Devant ses interlocuteurs, M. Hariri – qui a par ailleurs eu un bref entretien avec des représentants d’Ansaldo, la compagnie qui a réhabilité les centrales de Beddaoui et de Zahrani – a assuré que la gestion de l’EDL sera confiée d’ici à la fin de l’année au secteur privé. Ce sont les secteurs de la production et de la distribution qui seront cédés à des entreprises privées, mais l’État gardera la gestion des lignes de transport qu’il pourra cependant louer, selon des sources de la délégation libanaise. L’Italie est disposée à fournir une assistance plus soutenue au développement des PME libanaises et des secteurs industriels capables d’enregistrer une croissance rapide, comme l’agroalimentaire ou l’artisanat. De mêmes sources, on indique que l’Italie est à même d’aider ces entreprises à évoluer à cause de son expérience réussie dans ce domaine avec ses propres PME et PMI. Parallèlement, M. Berlusconi a proposé d’aider le Liban à l’établissement d’un «gouvernement électronique» (e.government) et à la commercialisation de produits d’artisanat libanais dans les grands magasins italiens. Une délégation italienne est attendue prochainement à Beyrouth pour préparer ce projet. Une autre du ministre de l’Économie doit aussi se rendre à Rome pour assurer le suivi des dossiers sur lesquels MM. Hariri et Berlusconi se sont entendus. Mais c’est surtout la visite que ce dernier doit effectuer au Liban, et dont la date sera prochainement fixée, qui doit matérialiser la consolidation des relations libano-italiennes dont le coup d’envoi a été donné par M. Hariri. «Nos relations avec la France, l’Allemagne et l’Espagne sont devenues excellentes. Il était nécessaire de consolider nos rapports avec notre premier partenaire commercial, l’Italie. C’est le point le plus important de la visite du chef du gouvernement à Rome, et c’était une réussite. Le courant est immédiatement passé entre Berlusconi et Hariri», selon un des ministres qui accompagnaient le chef du gouvernement. Un déjeuner aux couleurs libanaises Le chef du gouvernement italien avait réservé une charmante surprise à son hôte libanais. Le déjeuner auquel il l’avait convié était aux couleurs libanaises : rien que du rouge, du blanc et du vert, des arrangements floraux au dessert, en passant bien sûr par les entrées et les plats de résistance. M. Hariri était étonné de constater que les plats étaient disposés sur la table par groupe de trois, pour mettre en évidence la couleur des sauces, rouge, vert et blanc. Et pour le dessert, de la glace, préparée par Mme Berlusconi : trois boules de sorbets à la fraise, à la pistache et à la vanille. Tilda ABOU RIZK
La brutale éruption de violence dans les Territoires, la semaine dernière, a pratiquement pris le dessus sur les entretiens officiels du chef du gouvernement Rafic Hariri, jeudi à Rome, mais sans occulter les sujets d’ordre économique, principal élément à l’ordre du jour de ses discussions avec les dirigeants italiens. Mais lorsqu’on interroge le président du Conseil,...