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Actualités - OPINION

Plaidoyer pour une nouvelle initiative américaine

Un diplomate européen en poste à Beyrouth a confié à certains politiciens et députés libanais que la logique de «la sécurité avant la paix» prônée par les gouvernements israéliens successifs a fait long feu. La conséquence directe de cette obstination à vouloir imposer la règle du jeu a abouti à la chute des gouvernements Netanyahu puis Barak, qui se sont avérés incapables d’instaurer la sécurité, comme ils l’avaient promis à leurs compatriotes. Le même sort, selon le diplomate européen, semble guetter M. Ariel Sharon aux prochaines élections israéliennes. Pourtant, M. Sharon était persuadé, au départ, qu’il parviendrait à imposer la sécurité dans un délai n’excédant pas cent jours. 360 jours plus tard, la violence est toujours présente entre Israéliens et Palestiniens et le gouvernement Sharon demeure incapable d’y mettre un terme ou de porter un coup fatal à l’intifada, lui qui avait pris en main la direction des opérations de représailles et d’attentats à l’encontre des activistes palestiniens. Le gouvernement Sharon, ajoute le diplomate, a tenté de camoufler son impuissance à atteindre ses objectifs en rejetant la responsabilité de la poursuite des actes de violence sur le chef de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat. Le gouvernement israélien semble oublier qu’il a placé Arafat en résidence forcée à Ramallah, paralysant ainsi l’ensemble de l’Autorité palestinienne. En fait, la violence n’a jamais été un moyen favorable à l’instauration de l’ordre et de la paix, non seulement entre Israéliens et Palestiniens, mais également entre Israéliens et Libanais. Israël a, à plus d’une reprise, envahi le Liban, atteignant même la capitale au cours de l’une de ces invasions, pensant imposer, par la force, son propre concept de la sécurité et de la paix. Le résultat a été concluant : Israël s’est trouvé acculé à se retirer, une première fois, de Beyrouth et de la montagne sous les coups de la résistance et, une seconde fois du Liban-Sud et de la Békaa-Ouest toujours sous les coups de la résistance, notamment du Hezbollah. Depuis son repli du Liban-Sud en mai 2000, Israël n’a réussi ni à sécuriser sa frontière nord ni à établir la paix avec le Liban, car il est impossible d’assurer une réelle stabilité dans la région en l’absence d’une paix juste et globale. Le diplomate européen estime en conséquence qu’il devient nécessaire pour le gouvernement Sharon de changer sa politique basée sur la logique de «la sécurité avant la paix», de revenir à la table des négociations sur base des accords de Madrid et d’appliquer les résolutions internationales, car la violence appelle la violence et rien ne pourrait empêcher la poursuite des attentats suicidaires en plein cœur d’Israël. De son côté, l’Administration américaine, qui a cru que M. Sharon était capable d’écraser l’intifada en moins de cent jours et donc d’imposer la sécurité et même la paix avec les Palestiniens, devrait reconsidérer sa position à cet égard et œuvrer envers la réalisation de la paix qui constitue l’unique moyen susceptible d’aboutir à la sécurité permanente de tous les États de la région. L’Administration américaine, qui est devenue l’unique superpuissance mondiale, devrait imposer une paix juste et globale à toutes les parties en conflit sans perdre du temps à rechercher de nouvelles bases à cette paix, les États-Unis étant l’un des parrains des accords de Madrid et par conséquent capables d’exiger d’Israël l’application des résolutions de la légitimité internationale. L’instauration de cette paix juste et globale présuppose une sécurité permanente, l’arrêt de toute forme de violence ainsi que l’abolition de toutes les causes pouvant justifier le recours au terrorisme. À ce moment, il reviendrait à l’État concerné de combattre les groupuscules qui persisteraient à pratiquer la violence et le terrorisme. Si, pour une raison quelconque, l’État concerné se trouvait incapable de frapper ces groupuscules, les États-Unis et la communauté internationale seraient en plein droit d’assumer cette tâche. Le même diplomate se demande ce qui empêche les États-Unis d’exiger, de toutes les parties en conflit, l’application de l’ensemble des résolutions du Conseil de sécurité concernant le Moyen-Orient et l’adoption des accords de Madrid comme base de l’instauration d’une paix juste et globale dans cette région du monde, sous peine de sanctions sévères à l’égard de toute partie qui refuserait de s’y conformer. Si, au départ, les États-Unis avaient cru que l’instauration de la sécurité pouvait aboutir à la paix comme le gouvernement Sharon avait réussi à les en persuader, l’échec de ce gouvernement devrait inciter l’Administration américaine à reconsidérer sa politique et à convaincre M. Sharon que sa logique de «la sécurité avant la paix» a fait long feu. En leur qualité d’unique superpuissance mondiale, les États-Unis doivent assumer la responsabilité, d’imposer la paix à toutes les parties en conflit au Moyen-Orient sous peine d’une extension des actes de violence et de terrorisme à toute la région, surtout en cas de transfert d’armes de destruction totale à des groupuscules incontrôlés. Émile KHOURY
Un diplomate européen en poste à Beyrouth a confié à certains politiciens et députés libanais que la logique de «la sécurité avant la paix» prônée par les gouvernements israéliens successifs a fait long feu. La conséquence directe de cette obstination à vouloir imposer la règle du jeu a abouti à la chute des gouvernements Netanyahu puis Barak, qui se sont avérés...