DIPLOMATIE - Forum demain à Istanbul des ministres des AE L’Europe et l’OCI d’accord pour prôner un dialogue des civilisations

De sources diplomatiques beyrouthines, on affirme volontiers que le Forum des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne et de l’Organisation de la conférence islamique (qui s’ouvre demain mardi à Istanbul) revêt une importance particulière. Parce que c’est le premier du genre – dans une nation islamique, en présence d’une réelle armada européenne – depuis les événements du 11 septembre dernier. Et depuis les accusations US, qui ont suivi, contre plusieurs ressortissants arabes, soupçonnés par Washington d’avoir participé aux attentats terroristes de New York et de Washington. Ces sources prévoient également que le communiqué qui sera publié à l’issue des travaux du Forum se chargera de réduire fortement le poids de la crispation qu’Israël se fait fort d’alimenter, dans le but de susciter, puis d’approfondir, un clivage entre les deux mondes – islamique et occidental. En arguant de l’existence d’un vrai choc de civilisations. Et justement, le Forum d’Istanbul mettra l’accent, dit-on, sur l’exact contraire : sur le réel dialogue entre les deux mondes. Et la preuve, si tant est qu’il en faille, est que les deux organisations, OCI comme UE, ont déjà, à plusieurs reprises, catégoriquement refusé le terrorisme du 11 septembre dernier. Pour l’OCI, c’était à Doha, au Qatar, lors d’une réunion des chefs de la diplomatie des pays islamiques, le 10 octobre dernier : «Les attentats du 11 septembre sont en totale contradiction avec le message de l’islam». Et à Bruxelles, les ministres des AE des pays euro-méditerranéens avaient rejeté tout net un quelconque amalgame entre le terrorisme et le monde arabo-musulman. Et au cours de ce Forum, la position du Liban se fera entendre par la bouche du locataire du palais Bustros, Mahmoud Hammoud. Qui rappellera l’importance de l’interactivité entre les civilisations, et mettra l’accent sur le dialogue plutôt que sur le choc – tout en rappelant la longue histoire du Liban dans ce domaine. Il insistera également, comme de bien entendu, sur la position libanaise à l’égard du terrorisme, sur le distinguo entre ce dernier et le droit à la résistance pour libérer un pays occupé. Mahmoud Hammoud rappellera aussi la nécessité de tout faire pour arriver à une paix juste, durable et globale au Proche-Orient, «parce que, sans cette paix, les problèmes vont s’aggravant, de même que l’ensemble des courants fondamentalistes ou extrémistes». Khalil FLEYHANE