KIDNAPPING - Ceinturé de dynamite, il paie une rançon de 30 000 dollars Un escroc transforme son otage en bombe humaine

Il s’agit certainement d’une première dans les annales du crime au Liban, et peut-être au monde. Un bandit a commis un impensable crime mercredi, à Dbayé. Il a forcé Hanna Toufic Younane, un ingénieur travaillant à la municipalité de Beyrouth, à l’accompagner, exigeant de lui une rançon de cent mille dollars américains. Et pour faire chanter son otage, il l’a ceinturé de bâtons de dynamite et l’a menacé de faire exploser la charge par télécommande. Notre chroniqueur judiciaire, Bahjat Jaber, qui rapporte l’incident, précise que Younane a été approché mercredi vers 7 heures, dans le garage de son domicile, à Antélias, par un inconnu qui sollicitait son aide pour effectuer une formalité à la municipalité de Beyrouth. D’un ton autoritaire, l’homme a demandé à Younane de le conduire jusqu’à la capitale. Mais une fois en voiture, il l’a obligé, sous la menace d’un revolver, à se diriger vers la Marina de Dbayé. Là, il a contraint sa victime, terrorisée, à poser des bâtons de dynamite autour de sa taille, sous ses habits, menaçant de le dynamiter vivant, par télécommande, s’il ne lui remettait pas une rançon de cent mille dollars. Propriétaire d’une station d’essence et fonctionnaire de la municipalité de Beyrouth, Younane a supplié son ravisseur de réduire le montant de la rançon. Une heure plus tard, le bandit, qui s’exprimait avec un fort accent palestinien, a fini par accepter de se contenter de trente mille dollars. Faisant preuve d’un cynisme parfait, le ravisseur s’est rendu à la Bank of Beirut, à Sin el-Fil, avec sa victime. Il a poussé l’audace jusqu’à l’accompagner à l’intérieur de la banque pour s’assurer qu’il ne possédait pas, dans son compte, plus que cette somme. Après avoir retiré l’argent de la banque, les deux hommes sont retournés à Antélias où le ravisseur est descendu de voiture et s’est enfui, après avoir ordonné à Younane de rester immobile, quinze minutes durant, à l’intérieur de son véhicule, sous peine de faire exploser les bâtons de dynamite. L’enquête menée par les services de sécurité n’a pas encore abouti à l’identification du malfaiteur. Un ouvrier syrien, Bassam Hussein Abdel Kader, travaillant à la station d’essence de Younane, a été interrogé. Il a été gardé en état d’arrestation pour les besoins de l’enquête.