Tribune Oui, l’Argentine existe !

Par José Pedro PICO Ambassadeur d’Argentine au Liban Dans un commentaire sur la réalité libanaise (L’Orient-Le Jour du 6 février 2002), M. Fadi Noun cite le titre d’un article récent de l’écrivain argentin Alberto Manguel : «L’Argentine n’existe plus». Que M. Noun se rassure, l’Argentine existe. Elle existe dans la vitalité de ses institutions, qui a permis de faire face à une crise multiple dans un cadre démocratique et non autoritaire et de programmer, d’ores et déjà, des élections présidentielles pour le mois de septembre 2003. Elle existe dans ces assemblées populaires qui, spontanément, réinventent dans toutes les grandes villes des formes nouvelles de solidarité sociale. Elle existe dans ces manifestations, qui ont précipité la fin d’un modèle économique spéculatif, massivement répudié par les Argentins. Elle existe dans les revendications d’une population qui n’a pas hésité à descendre dans la rue pour exiger des réformes politiques, fiscales et judiciaires auxquelles le gouvernement du président Duhalde s’est engagé et qu’il est en train d’entreprendre. Elle existe, enfin, dans cette vibrante vie culturelle dont la richesse et la diversité ne cessent de s’affirmer malgré les problèmes que traverse mon pays et qui a permis à tant d’intellectuels talentueux, comme M. Manguel, de s’épanouir. Qui pourrait néanmoins nier la dimension dramatique d’une crise à la fois politique, économique et sociale ? Mais soyez en sûr, M. Noun : le bruit des casseroles est aussi, et surtout, le bruit de la vie.