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Actualités - CHRONOLOGIE

Manifestation - Deux brutales altercations ont opposé des militants de gauche aux FSI Les étudiants s’en prennent aux politiciens et aux « services » (PHOTO)

Près de 800 étudiants ont manifesté hier dans le secteur du Parlement, contre «la classe politique et la caste militaro-sécuritaire qui se partagent le pays» et en signe de protestation contre l’imposition de la TVA et «la politique d’appauvrissement du peuple menée par les responsables». Les manifestants n’ont toutefois pas pu accéder à la place de l’Étoile en raison de la présence massive d’agents des Forces de sécurité intérieure, de la brigade d’élite de l’armée, des forces de l’unité d’intervention spéciale et des camions de la Défense civile. Ils sont restés bloqués devant la rue Maarad, qui débouche sur le Parlement. Les étudiants ont répondu à l’appel lancé par l’Organisation populaire nassérienne du député Moustapha Saad, la Jeunesse progressiste du Parti socialiste progressiste (PSP), les étudiants de l’opposition communiste, les groupuscules estudiantins de gauche, le Courant patriotique libre (CPL-aouniste), le Parti national libéral (PNL), la base Kataëb de l’ancien président Amine Gemayel et les Forces libanaises (FL). Cependant, dissensions politiques et idéologiques obligent et travail de sape des services de renseignements aidant, une partie des forces politiques de gauche – le Mouvement du peuple de l’ancien député Najah Wakim, l’Organisation populaire nassérienne du député Moustapha Saad et l’aile loyaliste du Parti communiste libanais – ont organisé une manifestation parallèle quasiment à la même heure, à la même place… et pour les mêmes revendications. La seule spécificité de cette manifestation étant, selon certains étudiants, «la volonté de MM. Wakim et Saad de se démarquer des autres courants politiques, notamment du PSP, de la base Kataëb et des FL». Selon d’autres, le courant de protestation du Mouvement du peuple et de l’Organisation populaire nassérienne «vise particulièrement la politique du gouvernement, et surtout la personne du Premier ministre, Rafic Hariri, l’ennemi politique n° 1 de MM. Wakim et Saad». À midi, la première manifestation, celle de la gauche nassérienne, commence à prendre de l’ampleur, celle des autres forces politiques n’étant prévue qu’à 12h30. Les forces de l’ordre ont, de leur côté, quadrillé toutes les ruelles menant au Parlement. Première altercation Réunis devant la place Riad el-Solh, les nassériens, soutenus par des étudiants de l’Université libanaise venus pour réclamer «l’indépendance» de l’établissement public, commencent à scander des slogans hostiles à l’imposition de la TVA, à la politique du gouvernement, au Premier ministre Rafic Hariri, au ministre des Finances Fouad Siniora et aux services de renseignements et autres services de sécurité. Ils vont aussitôt prendre position devant les forces de l’ordre, au moment où les étudiants du PSP, du courant aouniste, de la base Kataëb, des FL, du PNL, de l’opposition communiste, des groupes de gauche, ainsi que plusieurs indépendants affluent place Riad el-Solh. Tous les courants politiques se trouvent alors face à une alternative : ou bien se joindre à la manifestation des nassériens, ou bien organiser une manifestation parallèle. La décision s’impose d’elle-même à la suite d’une altercation entre des étudiants de la première manifestation et les forces de l’ordre. Les nassériens et les communistes tentent de forcer le cordon de sécurité pour accéder au Parlement et provoquent une bagarre générale avec les FSI. Ils sont repoussés puis dispersés à l’aide de puissants jets d’eau de la Défense civile. L’ancien président de la Ligue des professeurs de l’UL, Issam Khalifé, s’interpose et hurle aux FSI de cesser de réprimer les étudiants. Deux étudiants sont arrêtés pendant quelques instants. Slogans et casseroles Choqués par la scène qui se déroule devant leurs yeux, le PSP, les groupes de gauche et la droite refusent toutefois d’intervenir pour ne pas compromettre la manifestation. À la suite d’une réunion improvisée, les représentants du PSP, des FL, du PNL, du CPL, des groupes de gauche et des étudiants communistes décident finalement d’aller manifester pacifiquement à l’entrée de la rue Maarad, également surveillée par les forces de l’ordre et la Défense civile. Tapant sur des casseroles, comme les manifestants argentins des récentes émeutes, les étudiants se déchaînent à coup de slogans, tantôt contre «le pouvoir despotique des services de sécurité», tantôt contre «l’occupation syrienne du Liban». Ils s’en prennent nommément au ministre des Finances et au directeur général de la Sûreté générale, symboles, pour eux, «des deux forces qui se partagent le Liban, la classe politique et la caste militaro-sécuritaire». La gauche hurle contre «le vol caractérisé dont le Liban est victime» tandis que la droite réclame le retrait syrien et «le retour de la souveraineté et de la libre décision». Les jeunes sont aussitôt rejoints par les membres du Mouvement du peuple, l’Organisation populaire nassérienne et les étudiants du Parti communiste. La manifestation devient enfin une. Mais une nouvelle altercation, moins importante, se produit entre les étudiants et les FSI, au cours de laquelle des journalistes et des étudiants sont battus. Waël Bou Faour, président de la Jeunesse progressiste, rappelle alors, à l’aide d’un haut-parleur, qu’il s’agit bel et bien «d’une manifestation à caractère social pour dénoncer la politique d’appauvrissement du peuple libanais et la situation catastrophique du pays aux plans social et économique». Mais les différents mouvements politiques, unis dans le cadre de ce rassemblement autour des revendications sociales qui les concernent tous, tiennent également à afficher leurs particularismes politiques. En conséquence, la manifestation finit en un véritable « Hyde Park » chaotique dirigé contre tous les responsables de l’absence de la vie politique, des interventions syriennes dans la politique libanaise, de la «militarisation du régime» et du marasme économique qui prévalent dans le pays. Quatre points sur lesquels les partis de l’opposition, de droite comme de gauche, ne peuvent plus que se rencontrer, et cela malgré les divergences concernant la priorité à donner à chacun de ces dossiers. Michel HAJJI GEORGIOU
Près de 800 étudiants ont manifesté hier dans le secteur du Parlement, contre «la classe politique et la caste militaro-sécuritaire qui se partagent le pays» et en signe de protestation contre l’imposition de la TVA et «la politique d’appauvrissement du peuple menée par les responsables». Les manifestants n’ont toutefois pas pu accéder à la place de l’Étoile en...