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Actualités - CHRONOLOGIE

Abdallah et Beydoun s’acharnent sur leurs anciens directeurs généraux

Ce qui est intéressant dans les deux réponses des ministres de l’Énergie et de l’Eau, Mohammed Abdel Hamid Beydoun, et de l’Agriculture, Ali Abdallah, c’est le zèle qu’ils ont mis pour rejeter chacun sur son directeur général, en l’occurrence Georges Moawad et Adel Choueiri, la responsabilité de la défaillance de leurs départements respectifs. Pour M. Beydoun, l’EDL aurait fonctionné à merveille s’il n’y avait pas à la tête de cet organisme un George Moawad, et s’il faut croire M. Abdallah, les projets agricoles auraient proliféré si M. Choueiri n’était pas directeur du ministère de l’Agriculture. Ce qui est sûr, c’est que les deux ministres ont profité de la tribune parlementaire pour régler leurs comptes avec leurs anciens directeurs généraux et pour se décharger de toute responsabilité, ébranlant du coup leur crédibilité dans les explications qu’ils ont fournies pour justifier les pannes répétées de l’EDL ou l’insuffisance des projets destinés à stimuler le secteur agricole. M. Beydoun passe à l’attaque en premier et résume le problème de l’électricité en ces termes : «Il s’agit de crises provoquées à travers lesquelles “ils” essaient d’exercer des pressions sur le gouvernement pour obtenir de l’argent». Et lorsque les parlementaires demandent à savoir à qui il fait allusion, il répond sans hésitation : «À l’administration, bien entendu». «Lorsque les fonctionnaires, renchérit-il, se sentent protégés, ils se mettent à provoquer des crises. Il n’est pas permis de faire assumer à un ministre la responsabilité de crises qui sont l’œuvre d’une tierce partie. Notre politique était saine et approuvée par le Conseil des ministres». M. Beydoun avait auparavant énuméré les prérogatives du ministre de tutelle de l’EDL – l’approbation du budget, la planification du secteur ainsi que l’approbation des décisions du conseil d’administration – «C’est à ce niveau-là que tout a commencé à basculer. Je ne pouvais pas approuver un budget qui prévoyait 1 200 milliards de LL de dépenses pour 550 milliards de LL de recettes», dit-il. «En 1997, le Parlement avait supprimé les subventions à l’EDL pour que ce secteur se prenne en charge, ajoute-t-il. L’année dernière cependant, le gouvernement a accordé à cet office une avance de 700 milliards de livres sans l’autorisation préalable de la Chambre et cette année, nous avons décidé de cesser ce genre d’aide pour rétablir un équilibre rompu à cause d’une mauvaise gestion. C’est à partir de ce moment, qu’“ils” ont commencé à provoquer chaque mois une crise de carburants». Qui “ils” ? «L’administration, je vous l’ai déjà dit», réplique M. Beydoun, en soulignant que l’EDL a perçu cette année 600 milliards de livres et n’en dépense que 350 milliards pour l’achat du fuel. Le ministre pose un autre problème : celui de l’exécution anarchique et confuse des projets de développement du secteur de l’électricité. Selon ses explications, «les centrales ont toujours une capacité de production de 260 mégawatts au lieu de 900 mégawatts et rien n’est pratiquement achevé au niveau du réseau, et notamment des lignes de transport de l’électricité, à l’exception d’une seule ligne, bien que le Parlement eut approuvé en 1996-1997 une série d’accords de prêts pour plus d’un milliard de dollars, destinés à financer les travaux de réhabilitation électrique». C’est là, bien sûr, un point qui aurait été plus intéressant à développer que les prérogatives du ministre et du directeur général. Selon les explications de M. Beydoun, le problème des carburants a été réglé et les coupures de courant ne semblent plus être qu’un mauvais souvenir, surtout pour Beyrouth, et l’électricité continue d’être fournie entre 18 et 20 heures dans le reste du pays. «Il nous faut encore un an pour en finir une fois pour toutes avec le rationnement du courant», ajoute le ministre, qui s’arrête aussi sur d’autres problèmes «hérités du passé, comme la construction de centrales fonctionnant nomalement au gaz et qui marchent actuellement au mazout, ce qui a entraîné des pertes de 500 millions de dollars». Les députés scandalisés Les commentaires fusent. Scandalisés, des députés réclament une réunion parlementaire qui sera consacrée au dossier de l’électricité. D’autres proposent une intervention du parquet. D’autres encore veulent donner leur point de vue, mais M. Hariri intervient pour rappeler qu’il est temps de donner au gouvernement la possibilité de parler. Comme le ministre de l’Énergie, M. Abdallah accuse son ancien directeur général de lui avoir rendu sa mission difficile depuis qu’il a pris en charge le portefeuille de l’Agriculture et de s’être abstenu de lui fournir tous les dossiers en sa possession. «Nous avions besoin d’une voyante pour savoir ce qui avait été réalisé et ce qu’il fallait faire», insiste-t-il. Il critique tellement «le manque de coopération» de M. Adel Choueiri qu’il s’attirera plus tard les foudres de Mme Nayla Moawad et de M. Élie Skaf, qui lui repochent sa diatribe contre son ancien directeur général. Le ministre expose longuement sa stratégie et les réalisations de son département avant de répondre au point soulevé par M. Mikhaël Daher, sur l’inégalité des fonds destinés à financer les projets d’irrigation. Une somme dérisoire est consacrée au Liban-Nord dans le plan de développement du CDR. «Les chiffres du CDR comportent peut-être une erreur», dit M. Abdallah à la grande suprise du député du Akkar, qui bondit, furieux, contestant la légèreté de la réponse et s’indignant de ce qu’aucun budget n’ait été prévu pour les projets d’irrigation au Mont-Liban. C’est M. Hariri qui intervient pour expliquer que le plan du CDR n’est qu’une partie de tout un programme officiel pour le développement des régions et que le Liban-Nord bénéficie d’une aide financière prévue dans les lois-programmes de plusieurs départements officiels, sans compter l’assistance que la Banque européenne d’investissement projette également d’apporter au Liban dans ce domaine. Une autre remarque du ministre fait bondir Mme Moawad. M. Abdallah parlait des «critères nationaux et non communautaires ou régionaux, retenus pour le choix de fonctionnaires. Vous savez, la question du nationalisme peut faire l’objet d’un long débat», laisse-t-elle tomber sur un ton goguenard, pendant que M. Nicolas Fattouche s’adresse, solennel, au chef du gouvernement. «Je dois attirer votre attention sur un point : plus vos ministres parlent, plus nous sommes persuadés que nous ne devons pas voter le budget».
Ce qui est intéressant dans les deux réponses des ministres de l’Énergie et de l’Eau, Mohammed Abdel Hamid Beydoun, et de l’Agriculture, Ali Abdallah, c’est le zèle qu’ils ont mis pour rejeter chacun sur son directeur général, en l’occurrence Georges Moawad et Adel Choueiri, la responsabilité de la défaillance de leurs départements respectifs. Pour M. Beydoun,...